A Paris, Hidalgo et Bloomberg lancent la coalition mondiale des maires pour le climat

Par Giulietta Gamberini  |   |  708  mots
"Les zones urbaines abritent la majorité de la population mondiale et contribuent à 70% des émissions de gaz carbonique de la planète", reconnaissent la maire de Paris et l'ancien maire de New York.
Ce sera le "Off" de la COP21. En marge de la Conférence mondiale pour le climat, qui se tiendra à Paris en décembre, la maire de Paris et l'ex-maire de New York ouvrent un deuxième front en annonçant, mardi, la tenue d'un Sommet des élus locaux pour le climat, au même moment et au même endroit. Pour que les responsables des capitales et grandes villes du monde entier, au plus près du terrain, puissent peser sur le débat.

Un sommet dans le sommet, afin de "porter la voix et les propositions des autorités locales dans la lutte contre le dérèglement climatique". Aux dizaines de milliers de participants attendus à Paris à l'occasion de la 21e Conférence mondiale sur le Climat (COP 21), qui se tiendra du 30 novembre au 15 décembre au Bourget, s'ajouteront plus de 1.000 maires, gouverneurs ou présidents de collectivités locales.

Ils se réuniront le 4 décembre à l'Hôtel de Ville, dans le cadre du Sommet des dirigeants locaux pour le Climat, dont la tenue a été annoncée mardi 30 juin par la maire de Paris, Anne Hidalgo, et par Michael R. Bloomberg, qui est non seulement l'ancien maire de New York mais aussi, depuis le 31 janvier 2014, l'envoyé spécial des Nations Unies pour les villes et la lutte contre le changement climatique.

Michael Bloomberg justifie l'initiative en expliquant que, dans le domaine de la lutte contre le dérèglement climatique,

"les communautés urbaines se situent juste au niveau où des solutions peuvent être trouvées".

Anne Hidalgo souligne pour sa part que:

"parmi les hommes et les femmes politiques, les maires sont sans doute celles et ceux qui bénéficient le plus de la confiance des citoyens. Cette relation leur confère le pouvoir de porter leur parole et d'agir dans leurs intérêts".

Les villes responsables de 70% des émissions de gaz carbonique

D'une part, les villes sont particulièrement responsables des risques qu'encourt aujourd'hui l'écosystème: "Les zones urbaines abritent la majorité de la population mondiale et contribuent à 70% des émissions de gaz carbonique de la planète", reconnaissent en effet les deux maires dans une tribune publiée mardi dans Le Figaro.

De l'autre, "les villes et les collectivités locales sont les premières à répondre aux crises causées par les dérèglements climatiques", et l'impact de leurs choix en termes de qualité de vie de la population et de santé de l'industrie est sans commune mesure, observent Bloomberg et Hidalgo.

Toutefois, l'"éventail d'outils efficaces" à la disposition des exécutifs locaux est large, et dès lors qu'ils bénéficient d'une autonomie accrue, notamment en matière fiscale, ceux-ci démontrent leur capacité à concevoir des "instruments nouveaux", analysent les deux maires. Et de citer, parmi les bons exemples, la ville de Lima (Pérou), qui a modernisé ses transports publics, celle de New York, qui a réduit ses émissions de carbones de 19% en six ans, ou encore Paris, qui s'est fixé l'objectif d'abaisser ces dernières de 40% avant 2030.

"Dans toutes les villes du monde, on a compris la portée de l'enjeu"

Le Sommet des dirigeants locaux doit permettre justement, en plus de porter la voix de villes, aussi "de renforcer leur engagement, de partager leurs expériences, d'apprendre les uns des autres et de bâtir les meilleurs instruments possibles en vue de réduire leur empreinte carbone", espèrent ses co-présidents.

"Les villes et les élus locaux n'étaient pas absents des conférences précédentes", reconnaît la maire de Paris. "Mais il s'agit à présent de jouer un nouveau rôle", afin d'atteindre l'objectif d'un nouvel accord permettant de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C, souligne-t-elle.

Une approche soutenue par la population, selon Michael Bloomberg. "Les citoyens de toutes les villes du monde ont compris la portée de l'enjeu", estime en effet celui qui a été pendant 11 ans à la tête de New York:

"Ils demandent à respirer de l'air et à boire de l'eau propres, et de pouvoir bénéficier d'une meilleure qualité et d'une plus longue durée de vie. En matière de recrutement, les plus jeunes affichent d'ailleurs leur préférence pour les entreprises écologiquement responsables."

Besoin de leaders, pas de dirigeants passifs

L'initiative du Sommet des dirigeants locaux a ainsi été publiquement soutenue par le président François Hollande et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, se réjouissent les deux maires.

"Dans ce domaine d'action, nous avons besoins de leaders, plus seulement de dirigeants qui attendent les autres pour agir", estime Michael Bloomberg, qui considère:

"Ceci est ce qu'Hollande est en train de faire, se conduire en leader".