Le recul de l'aide au développement française fait mauvais ménage avec la COP21

Le recul de l'aide publique au développement en France est difficilement compatible avec l'engagement du pays pour la COP21, tant les deux sujets sont imbriqués. Le président de la Commission européenne juge le recul de l'APD inacceptable.
"J'ai prévenu les pays riches. Je leur ai dit: s'il n'y a rien en termes de financement pour les pays qui sont les plus fragiles et les plus pauvres, ils ne vous suivront pas", avait pourtant affirmé François Hollande le 9 mai à Fort-de-France, en Martinique.

La pression monte sur le niveau de l'aide au développement en France. Lors de l'ouverture des Journées européennes du développement, mercredi 3 juin à Bruxelles, Jean-Claude Juncker a jugé "inacceptable que certains Etats membres réduisent leur aide aux pays en développement". Une pique directement dirigée vers la France: en 2014, le budget d'aide au développement a reculé, et il reculera encore en 2015.

>>Lire : L'aide au développement française tombe sous la moyenne européenne

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a également rappelé de son côté l'objectif de consacrer 0,7 % du Revenu national brut (RNB) à l'aide au développement pris par les pays avancés. Un vœu désormais inscrit dans la loi en France, qui reste toutefois lointain. L'APD en France représente moins de 0,4 % du RNB français, soit 0,36 %, contre 0,47 % du RNB en 2005.

Or à l'approche de la COP21, l'imbrication des deux enjeux climat et développement ne cesse d'être soulignée, par tous les acteurs. Y compris par le président François Hollande, qui a appelé lors du dialogue de Peterseberg les pays de l'OCDE à plus investir dans l'APD.

>>Lire : Les pays frappés par l'austérité rechignent à verser l'aide au développement

Un appel qu'il avait une première fois formulé le 9 mai, à Fort-de-France en Martinique.

"J'ai prévenu les pays riches. Je leur ai dit: s'il n'y a rien en termes de financement pour les pays qui sont les plus fragiles et les plus pauvres, ils ne vous suivront pas", avait alors expliqué le président de la République.

Ce double discours régulièrement souligné par les ONG pose un problème d'image pour la COP21 selon certains.

"C'est un vrai sujet qui doit interroger le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius comme la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal. La France devrait assumer ses responsabilités en matière d'aide au développement, ce serait un message fort" assure Laurence Tubiana, négociatrice principale pour la COP21

Le rongement du budget de l'aide au développement en France peut poser question par rapport à d'autres arbitrages budgétaires, qu'il s'agisse de la hausse du budget de la Culture ou de celui de la Défense.

La diplomatie climatique comme aide au développement?

Pour sa défense, le gouvernement rappelle ce qu'il fait pour le climat, et notamment l'intense effort diplomatique actuellement déployé. "La France s'est engagé à verser 1 milliards d'euro au Fond vert, c'est un exemple à suivre" assure-t-on dans l'entourage du président, où les contraintes budgétaires sont avancées pour expliquer le recul de l'APD.

La contribution de la France au Fonds vert consiste toutefois à reverser une partie de son APD au sein de cette nouvelle structure -ce qui ne l'augmente absolument pas. Et la partie la plus importante de la contribution consistera à verser le fruit de la taxe sur les billets d'avion et d'une hypothétique taxe sur les transactions financières améliorées au Fonds, d'ici 2017. Pour l'heure, Paris n'a accordé qu'un prêt de 285 millions d'euros au Fonds Vert.

Financements innovants

Si la France compte sur les financements innovants et a eu tendance à montrer le chemin en la matière, les résultats restent pour l'heure modestes. Les négociations européennes à 11 Etats membres patinent depuis quatre ans pour mettre en place une TTF ambitieuse, et la taxe sur les billets d'avion, si elle est innovante, est plafonnée.

La présidence de la République a commandé un rapport à l'ancien ministre du développement, Pascal Canfin, ainsi qu'à l'économiste Alain Grandjean, qui devrait être remis très prochainement.

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