Déchets électriques et électroniques : moins d'un tiers est recyclé en France

Par Giulietta Gamberini  |   |  496  mots
Seulement "67 % des ménages ayant acquis en magasin du gros électroménager se sont vus proposer une reprise gratuite de leur ancien équipement", et ce taux tombe à 27% pour le petit électroménager, observe l'UFC. (Crédits : Reuters)
La collecte reste trop peu performante, dénonce l'association UFC-Que Choisir dans un rapport publié mercredi, pointant notamment du doigt les responsabilités des distributeurs.

Un "échec" "économique", mais aussi "environnemental", voire "un danger sanitaire et écologique potentiel". C'est en ces termes que l'UFC-Que Choisir qualifie le taux réel de recyclage des déchets d'équipements électriques et  électroniques (DEEE) qui, selon un rapport publié par l'association de défense des consommateurs mercredi 27 janvier, était en 2014 de 30%, soit 6 kilos par habitant de l'Hexagone.

Ce chiffre résulte du croisement de deux données: 80%, à savoir le taux de recyclage affiché par la filière des DEEE, calculé toutefois sur la base des seuls déchets collectés; et 38%, correspondant au pourcentage des déchets jetés par les ménages effectivement collectés en 2014.

Des obligations légales non respectées

Le principal responsable de ce fiasco est, selon l'association, le secteur de la distribution, deuxième acteur de la collecte à côté de la déchetterie. La loi prévoit en effet deux obligations à la charge des distributeurs: de reprendre les gros équipements usagés lors de l'achat d'un nouveau produit (reprise dite "1 pour 1"), mais aussi, sous condition de surface de vente et pour les petits appareils, sans achat (reprise "1 pour 0"). Or, sur les deux points, les performances sont largement insuffisantes, selon le rapport.

En effet, seulement "67 % des ménages ayant acquis en magasin du gros électroménager se sont vus proposer une reprise gratuite de leur ancien équipement", et ce taux tombe à 27% pour le petit électroménager. Si l'achat se fait sur internet, la situation est encore plus grave: une proposition de reprise n'est adressée, respectivement, qu'à 53% et 4 % des clients, et les consommateurs ne reçoivent aucune information sur les points de collecte des petits DEEE.

Quant à la "reprise 1 pour 0",  quand ils en font la demande, les consommateurs sont confrontés à un refus dans près d'un cas sur deux (43%), révèle une enquête client-mystère de l'UFC portant sur 170 magasins non équipés de meubles de collecte. La plupart du temps (57%) aucune alternative n'est par ailleurs indiquée au consommateur.

Une information défaillante

La situation est aggravée par le fait que, dans 66 % des cas testés par l'UFC, les informations sur les modalités de collecte fournies par les différents éco-organismes en charge de la filière se sont révélées être contradictoires. Un constat paradoxal en résulte: bien que les points de collecte en magasin aient augmenté de 24% entre 2010 et 2014, le volume récupéré a quant à lui baissé de 3,6 % sur la même période, souligne l'UFC.

Or, "chaque année les ménages français financent la gestion de ces déchets (...) à hauteur de 180 millions d'euros", rappelle l'UFC. Afin d'éviter ce gaspillage de ressources, l'association suggère ainsi d'une part de simplifier les règles de collecte tout en améliorant l'information des consommateurs. D'autre part, elle appelle à renforcer les contrôles et les sanctions afin de faire respecter les obligations déjà existantes, en imposant aussi aux distributeurs une publication de leurs résultats.