Deux... et finalement trois centrales : Scholz confirme la prolongation du nucléaire en Allemagne

Par latribune.fr  |   |  480  mots
Le chancelier allemand Olaf Scholz. (Crédits : Reuters)
Le chancelier inscrit bel et bien une rupture spectaculaire avec la décision en 2011 d'Angela Merkel de sortir l'Allemagne du nucléaire. Et tandis que son ministre de l'Economie avait mis sur la table la prolongation de deux centrales nucléaires début septembre, ce seront finalement trois sites qui vont être maintenus en activité face à la précarité énergétique qui pèse déjà lourdement sur la première économie européenne.

La guerre en Ukraine menée par la Russie, l'ex fournisseur numéro 1 en gaz de l'Europe, n'en finit pas de faire dévier l'Allemagne de la trajectoire politique qu'elle s'était fixée. Après s'être engagée à fermer ses centrales à charbon et, surtout, à abandonner l'énergie nucléaire depuis la décision d'Angela Merkel en 2011, la première économie européenne est contrainte sous la pression de changer de braquet. Et ce ne sera pas deux mais finalement trois centrales nucléaires qui vont être prolongées outre-Rhin, comme l'a annoncé le chancelier Olaf Scholz ce lundi.

« Les bases légales seront créées pour permettre le fonctionnement des centrales nucléaires Isar 2, Neckarwestheim 2 et Emsland au-delà du 31 décembre 2022 et jusqu'au 15 avril 2023 », précise une lettre du chancelier au gouvernement que l'AFP a pu consulter. Il s'agit donc de ses trois dernières centrales.

Fin septembre, face au risque croissant de pénurie et à la flambée des prix pour les fleurons industriels allemands, le ministre de l'Economie avait annoncé que deux centrales nucléaires allemandes (Isar près de Munich et Neckarwestheim dans le sud-ouest) resteraient opérationnelles durant l'hiver 2023. Celle d'Emsland, située au nord-ouest du pays, à la frontière avec les Pays-Bas, vient donc s'ajouter.

D'ailleurs, le sort de la centrale d'Emsland, dans le nord de l'Allemagne, avait suscité des frictions au sein du gouvernement de coalition de M. Scholz, entre Verts anti-nucléaires et FDP libéral notamment.

Avant la guerre en Ukraine, l'Allemagne importait jusqu'alors près de 55% de son gaz de Russie.

Dès lors, l'exécutif allemand s'y était pris tôt afin de préparer les esprits à ce revirement, en raison du poids du parti écologiste au Parlement et dans la coalition au pouvoir. Il y a quelques jours, la militante écologiste Greta Thurnberg est aussi apparue dans une interview télévisée en Allemagne, soutenant ouvertement le maintien des centrales nucléaires. Une prise de position qui a fait grand bruit.

Après la catastrophe nucléaire de Fukushima, Angela Merkel avait décidé de sortir son pays de cette source d'énergie très peu carbonée. Depuis dix ans, le pays a, ainsi, bâti sa stratégie sur une sortie du nucléaire.

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De même pour le charbon : Berlin compte finalement augmenter le recours à cette énergie fossile très polluante qui devait pourtant disparaître du pays en 2030.

En cause, une nouvelle précarité énergétique qui s'abat sur le pays. A la clé, la récession est le scénario le plus probable pour le gouvernement Scholz qui s'attend à une contraction de 0,4% de l'économie sur l'ensemble de l'année.

(Avec AFP)

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