Une large majorité de Français se disent prêts à moins consommer d'énergie, ou estiment déjà le faire, d'après le baromètre annuel du Médiateur de l'énergie, publié mardi. Au total, 31% des personnes interrogées se déclarent prêtes à modifier leurs comportements et 59% disent déjà faire attention et ne pas être en mesure de faire davantage.
« Les consommateurs d'énergie sont d'accord pour participer à l'effort national de sobriété énergétique », souligne le médiateur de l'énergie Olivier Challan Belval en commentant cette enquête. Seuls 10% des Français disent qu'ils ne changeront pas leurs habitudes ou n'ont pas encore décidé. La motivation première : faire baisser leurs factures.
Parmi les gestes les plus cités, éteindre les lumières inutiles (75%), baisser le chauffage en cas d'absence (61%), ne pas laisser les appareils électriques en veille (60%), diminuer la température de chauffage (58%). Quelque 69% des foyers déclarent ainsi avoir réduit le chauffage chez eux pour limiter le montant des factures. Ils sont de plus en plus nombreux, puisqu'ils étaient 53% en 2020.
L'impact n'est pas négligeable. Un degré de chauffage en moins correspond à 7% d'économie d'énergie, selon l'Ademe, l'Agence de la transition écologique, et le chauffage représente plus de la moitié des consommations énergétiques d'un logement (jusqu'à 66% pour le chauffage électrique, un peu moins pour fioul et gaz).
Alors que limiter la température d'une pièce à 19°C est recommandé et approuvé, cette année, 22% des foyers interrogés déclarent avoir souffert du froid pendant au moins 24 heures (contre 20% en 2021 et 14% en 2020). En outre, quelque 27% déclarent avoir eu du mal à payer certaines factures d'énergie (18% en 2020). Cette année encore, les 18-34 ans sont les plus touchés : 51% déclarent avoir des difficultés.
La rénovation énergétique est l'une des ambitions du gouvernement, avec un financement qui a légèrement augmenté dans le projet de budget 2023. Pour soutenir les ménages et favoriser l'isolation des logements, les aides MaPrimeRenov atteindront 2,6 milliards d'euros en 2023, contre 2 milliards cette année. En fonction des revenus, pour aider à l'achat d'une chaudière n'utilisant pas d'énergie fossile dans un logement principal, l'aide pourra aller jusqu'à 9.000 euros pour une pompe à chaleur et jusqu'à 15.500 euros pour une chaudière biomasse performante. S'ajoutent une enveloppe de 150 millions d'euros pour rénover des bâtiments publics à partir d'octobre 2022, et une autre de 200 millions d'euros pour rénover des logements sociaux.
Heures creuses
A l'échelle individuelle, le médiateur de l'énergie estime qu'il reste néanmoins des gestes à mieux faire connaître, comme le décalage de certaines consommations électriques dans la journée, en dehors des périodes de forte consommation que sont les tranches 8h00-13h00 et 17h30-20h30. « Décaler une partie de sa consommation d'électricité à un autre moment que lors des pics de consommation est l'un des gestes moins souvent évoqués, probablement car il n'est pas encore bien compris », relève-t-il.
Les raisons écologiques étant la seconde motivation des consommateurs, après les factures, « il faut expliquer que décaler les consommations c'est bon pour la planète, puisqu'on évite ainsi de faire fonctionner des centrales de production plus polluantes », ajoute le médiateur de l'énergie.
* Enquête réalisée par l'institut d'études Becoming du 1er au 16 septembre auprès d'un échantillon représentatif de 2.006 foyers interrogés par voie électronique pour la quatrième année de suite.
(Avec AFP)