Électrification et transition énergétique : Enedis et RTE embauchent à tour de bras

Par latribune.fr  |   |  798  mots
Enedis prévoit de recruter cette année 1.600 personnes en CDI et 1.300 alternants, du bac professionnel à l'ingénieur en passant par le BTS. De son côté, RTE ambitionne de recruter environ 700 nouveaux salariés contre 400 habituellement. (Crédits : Reuters)
Le distributeur d'électricité Enedis, filiale du groupe EDF, se prépare à embaucher 2.900 personnes en 2023. Soit 10% de plus qu'en 2022. Ce, pour assurer l'accélération du déploiement des énergies renouvelables. Le gestionnaire du réseau, RTE, compte lui aussi presque doubler son rythme de recrutement cette année afin de préparer le pays à l'électrification massive des usages.

L'électricité doit à terme remplacer d'autres sources d'énergie fossile qui participent au réchauffement de la planète. Notamment via le développement des énergies renouvelables - le Parlement a justement adopté la semaine dernière un projet de loi visant à accélérer leur déploiement.

La France face à l'envolée de « l'électrification des usages »

Or, qu'elle soit solaire ou éolienne, le développement de cette énergie renouvelable « se fait à 90% sur le réseau de distribution », explique à l'AFP Nicolas Marchand, directeur des ressources humaines du distributeur Enedis parce que, « quand vous installez des panneaux photovoltaïques, il faut les raccorder au réseau. C'est le travail d'Enedis, gérer les injections d'électricité, les électrons envoyés sur le réseau, pour ensuite pouvoir les redistribuer. »

De fait, une grosse partie du développement d'activité chez Enedis porte aussi sur « l'électrification des usages » dont un bon exemple est l'immense chantier du raccordement des bornes de recharge pour les véhicules électriques.

Face à cette intensification des usages électrifiés et donc des besoins en électricité, le groupe prévoit de recruter cette année 1.600 personnes en CDI et 1.300 alternants, du bac professionnel à l'ingénieur en passant par le BTS (mention « métiers de l'énergie »), a indiqué le DRH. « Nous sommes en croissance de l'activité et nous allons recruter plus fort que ce qu'on a fait les années précédentes », a-t-il ajouté. Un vrai changement de politique en matière d'emploi puisque la courbe de l'emploi chez Enedis était orientée à la baisse depuis 2016. Elle a commencé à s'inverser en 2022.

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Opération séduction dès le collège

Enedis emploie actuellement 38.000 salariés, les « hommes en bleu » qui entretiennent 1,4 million de kilomètres lignes électriques qui raccordent au réseau quelque 37 millions de clients en France. Avec les recrutements à venir, le nombre total de salariés devrait augmenter d'un millier environ fin 2023, pour atteindre « pas loin de 39.000 », compte tenu des départs naturels au sein du groupe, calcule Nicolas Marchand.

Alors qu'élèves et parents sont dans les affres de l'orientation scolaire en février et mars, Enedis a lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour expliquer ses besoins dans ses 12 bassins régionaux. Le groupe souffre comme une grande partie de l'industrie d'un déficit d'image auprès de la jeunesse bien que ses salariés soient applaudis chaque fois qu'ils rétablissent le réseau après une tempête.

Enedis prévoit aussi de travailler avec l'Éducation nationale pour promouvoir dès la classe de cinquième ses métiers.

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De forts besoins chez RTE aussi pour moderniser le réseau

Il n'y a pas que chez le distributeur que la politique de recrutement a changé. RTE, l'opérateur qui gère les lignes à haute tension, compte lui aussi presque doubler son rythme de recrutement afin de moderniser et agrandir le réseau électrique français et préparer le pays à l'électrification massive des usages. L'entreprise, qui employait au 31 décembre 2022 quelque 9.500 personnes, ambitionne de recruter environ 700 nouveaux salariés en 2023, contre 400 habituellement.

Si des inconnues demeurent, notamment en ce qui concerne les tarifs du transport de l'électricité après 2024, « on pressent qu'on va rester sur cette tendance de croissance d'effectifs de l'ordre de 150 à 300 personnes en plus chaque année au moins pour les dix années à venir », indiquait début février la DRH du groupe Sophie Moreau-Follenfant lors d'une conférence de presse.

« Nous devons gérer à la fois les enjeux de renouvellement de notre réseau, puisque, par définition, notre réseau vieillit, et en même temps, de transformation totale du réseau, qui va devoir augmenter » et « accueillir de nouvelles énergies qui répondent à des lois physiques (...) différentes » de celles propres au nucléaire, a-t-elle précisé. Elle a notamment évoqué le raccordement au réseau des infrastructures d'éolien offshore, une des solutions que la France doit développer pour rattraper un retard criant en matière d'énergies renouvelables par rapport à ses voisins européens.

Pour l'année 2023, l'entreprise souhaite pourvoir notamment environ 120 postes d'ingénieurs (chargés d'études, responsables de projets) et une centaine de postes dans l'informatique et les télécommunications (développeurs, chefs de projets, analystes en cybersécurité). Des métiers pour lesquels « le marché de l'emploi est extrêmement tendu », souligne la DRH.

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(avec AFP)