Les difficultés de recrutement : le grand défi des Hauts-de-France pour créer leur « vallée de la batterie » électrique

Avec l'installation dans les Hauts-de-France de trois « gigafactories », spécialisées à la fois dans la production, le raffinage et le recyclage, 7.500 emplois directs et 15.000 indirects vont être créés dans la Région. Un pari ambitieux pour les Hauts-de-France qui aspirent à devenir une région pilote dans la batterie électrique en France, mais aussi en Europe. Cette problématique a notamment été abordée mercredi 30 novembre par le président de la région Xavier Bertrand, lors du forum Transformons la France, organisé par La Tribune.
La troisième gigafactory à s'installer dans les hauts-de-France, lancée par la start-up grenobloise Verkor, devrait produire ses premières batteries bas carbone en 2024.
La troisième gigafactory à s'installer dans les hauts-de-France, lancée par la start-up grenobloise Verkor, devrait produire ses premières batteries bas carbone en 2024. (Crédits : Reuters)

 Qui sont parmi vous les chefs d'entreprise à avoir des difficultés à recruter ? ». Dans la salle, toutes les mains se lèvent. À l'hôtel des Régions situé à Lille et où se tenait l'un des débats du Forum Transformons la France, organisé par La Tribune ce mercredi 30 novembre, les dirigeants sont unanimes : trouver du personnel n'est pas chose aisée.

Comme le reste de la France, les Hauts-de-France sont confrontés à un manque de main d'œuvre. Or, les besoins de la région ne vont cesser de s'accroître pour répondre à l'enjeu de réindustrialisation qu'elle s'est fixé. Trois gigafactories, ces gigantesques usines, se sont implantées sur le territoire, toutes spécialisées dans le secteur de la batterie pour véhicules électriques. Terre traditionnelle de la voiture thermique avec 700.000 véhicules construits chaque année, soit 30 % des véhicules produits par an en France, les Hauts-de-France ont, en effet, pris le virage de la transition écologique et entendent rattraper le leader chinois en la matière.

La première de ces trois gigafactories, dont le démarrage de l'activité est prévu au second semestre 2023, a été lancée par la coentreprise ACC (Saft et Stellantis) et TotalEnergies. Annoncée en juin 2021, celle du géant Japonais, Envision, implantée sur le site de Renault Douai, dans le Nord, devrait, elle, démarrer son activité d'ici à 2024. Enfin, la toute dernière, dont l'installation près de Dunkerque a été annoncée en novembre 2022, sera menée par la startup grenobloise Verkor. Les premières batteries bas carbone produites par le site devraient voir le jour dès 2024. Au total, les Hauts-de-France ont pour objectif de produire deux millions de batteries par an d'ici à la fin de la décennie, se félicite Xavier Bertrand, au micro de la Tribune.

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7.500 emplois directs et 15.000 indirects

Une fierté pour la région, son président rappelant que la première gigafactory devait, initialement, se tenir dans la région Grand Est. D'autant que, « nous sommes encore en pourparlers avec d'autres acteurs du secteur qui pourraient s'installer dans cette zone, pour couvrir tant la produit, le raffinage que le recyclage des batteries », a-t-il ajouté.

Dans un premier temps, cette « vallée de la batterie » devrait créer près de 7.500 emplois directs et 15.000 indirects, pour lesquels elle doit donc trouver de la main d'œuvre. « Si on ne relève pas le défi du recrutement, aucune entreprise ne voudra s'installer dans cette zone », réduisant l'ambition de la « vallée de la batterie » à néant, alerte Xavier Betrand.

Pour cela, les Hauts-de-France comptent mobiliser, pour 2023, 80 millions d'euros de plus que l'année précédente afin de renforcer le programme régional dès la fin de cette année. La région a ainsi lancé des journées portes-ouvertes et a investi dans deux plateaux techniques dont un mobile « qui permettront de montrer et d'expliquer tous les postes disponibles au sein des trois gigafactories. L'objectif est d'aller vers les gens pour leur faire connaître ces métiers et leur faire voir l'avenir qu'ils peuvent leur offrir », explique à La Tribune Laurent Rigaud, en charge de l'emploi, de la formation au sein de la région Hauts-de-France.

Accompagner les entreprises sur le terrain qui risquent de voir partir des salariés

Cette dernière se montre toutefois vigilante à l'égard des entreprises déjà présentes sur le territoire et qui pourraient voir certains de leurs salariés démissionner au profit des gigafactories. « Il va falloir accompagner tout le tissu de l'emploi qui risque d'être un peu perturbé par cette aspiration de travailleurs » au risque de fragiliser certaines entreprises, admet Laurent Rigaud, qui assure que les missions de formation mises en place actuellement par la région permettront de former des demandeurs d'emploi pour ces postes à remplacer. « Nous n'accompagnons pas seulement les trois gigafactories, mais bien l'ensemble des chefs d'entreprise du territoire », martèle l'élu.

Le programme régional a également pour but de trouver la main d'œuvre nécessaire pour pourvoir tous les emplois qui vont être créés du fait de cette nouvelle activité dans la région. « Nous sommes en train de travailler à ce que les formations puissent répondre à tous les postes notamment dans le secteur du service à la personne ainsi que pour les sous-traitants », indique Laurent Rigaud, insistant sur la nécessité pour la région d'accompagner tous les acteurs afin de « structurer le développement territorial et économique, et qu'il profite à tous les habitants ».

Rayonnement de la région à l'échelle nationale et européenne

En effet, au-delà des trois zones où seront implantées les gigafactories, ce sont bien tous les Hauts-de-France qui pourraient profiter de ce développement industriel. « On sent une réelle dynamique. Cela va créer un élan avec l'arrivée d'autres entreprises ailleurs dans la région pour que l'impact positif des gigafactories rejaillisse sur l'ensemble du territoire et que les Hauts-de-France deviennent, avec "la vallée de la batterie", une région pilote non seulement en France, mais aussi à l'échelle européenne », espère Laurent Rigaud.

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Commentaire 1
à écrit le 01/12/2022 à 17:23
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"les difficultés de recrutement " la balle est dans le camp des recruteurs en son temps Toyota a recruté 3.000 salariés à Valencienne en 2001 qui sont aujourd'hui 5.000 preuve qu'il existe des solutions !!

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