Électricité : la consommation française chute encore (-8,3%)

Par latribune.fr  |   |  893  mots
Selon RTE, les économies d'énergie concernent « désormais tous les secteurs ». (Crédits : Pixabay / CC)
Les économies d'énergie se sont, de nouveau, intensifiées en France la semaine passée avec un recul de 8,3% par rapport à la semaine précédente, selon le gestionnaire du réseau de transports d'électricité, RTE. Un phénomène qui ne concerne plus seulement les industriels mais aussi les ménages, alors que le scénario de coupures d'électricité cet hiver devient de plus en plus probable. Ce niveau de baisse se rapproche de l'objectif de -10% fixé par par le gouvernement pour passer l'hiver sans encombre.

Alors que les basses températures s'installent en France - elles sont, cette dernière semaine, descendues en dessous des normales de saison - les Français font tout de même des économies d'énergie. C'est ce qui ressort des données publiées mardi soir par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français. Elles montrent en effet un recul de 8,3% la semaine dernière par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019), un recul qui se rapproche de l'objectif de 10% de baisse fixé par le gouvernement pour passer l'hiver sans encombre.

« L'effet baissier s'amplifie » par rapport à la mise à jour précédente qui avait relevé une consommation d'électricité en recul de 6,7% sur une semaine, précise le gestionnaire, qui a mis en place ce suivi hebdomadaire de la consommation d'électricité en France métropolitaine. Ce chiffre était déjà en hausse par rapport à la semaine précédente (-5,8%). « Sur les 4 dernières semaines, la consommation d'électricité en France à température normale affiche une diminution structurelle (6,6%) par rapport au minimum des années précédentes (2014-2019) sur la même période », indique-t-il dans son actualisation arrêtée à dimanche.

 Les données publiées ont été « alignées sur les températures normales pour la période » et sont indépendantes des valeurs exceptionnellement douces relevées dans l'Hexagone au mois de novembre.

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Les particuliers font désormais aussi des efforts

Autre enseignement : ce phénomène concerne « désormais tous les secteurs ». Jusqu'alors, c'était principalement au secteur industriel que l'on devait les économies d'énergie cet automne du fait de la flambée des prix de l'énergie qui ont tiré l'activité à la baisse. Mais, cette fois, « la baisse de la consommation apparaît désormais concerner tous les secteurs », et ce, alors que sur la semaine passée, les températures sont descendues « significativement en dessous des normales de saison », augmentant les besoins en chauffage. « Les chiffres les plus récents - collectés durant la période de froid des derniers jours - montrent que la baisse de consommation concerne également le secteur résidentiel (majoritaire en volume) et tertiaire », soit un recul de 7% par rapport à 2021, selon RTE. Avant cette actualisation, RTE estimait en fin de semaine dernière que la baisse de consommation n'était pas encore visible dans les « bâtiments tertiaires » comme les bureaux et sièges sociaux d'entreprises et les commerces de distribution.

Pour le gestionnaire, ces chiffres confirment « l'effet réel des actions de sobriété engagées par les particuliers et les entreprises ». De quoi coller aux objectifs affichés par le plan de sobriété du gouvernement, présenté le 6 octobre. Ce dernier prévoit une réduction de la consommation d'énergie de 10% sur les deux prochaines années en France par rapport à 2019, et de 40% d'ici à 2050.

Un risque de coupures cet hiver

Il y a, en effet, urgence à réduire la consommation énergétique du pays si les Français veulent éviter des coupures de courant cet hiver. Ce scénario semble de plus en plus probable, notamment en raison d'un niveau de production d'électricité nucléaire au plus bas. La moitié du parc de réacteurs est indisponible du fait de maintenances programmées mais parfois prolongées, ou de problèmes de corrosion.

Mi-novembre, RTE a d'ailleurs estimé que le risque de recours au dispositif Ecowatt, et en particulier au signal d'alerte rouge, apparaissait « élevé sur le mois de janvier », même s'il « dépendra largement des conditions climatiques et de la possible survenue d'une vague de froid même modérée ». « Le mois de janvier concentre à présent davantage de risques » que dans son analyse antérieure, a, ainsi, écrit RTE se disant, comme la Commission de régulation de l'énergie (CRE), confiant sur la tenue du réseau électrique pour la fin de l'année, grâce aux économies déjà réalisées par les Français.

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En outre, le 30 novembre, une source gouvernementale indiquait qu'une circulaire allait être envoyée aux préfets pour « finaliser la préparation du pays », précisant que ces délestages seraient de maximum deux heures et interviendraient aux moments des pics de consommation, entre 8h et 13h le matin, et entre 18h et 20h le soir. Selon une autre source proche du dossier, il est demandé aux préfets de présenter des schémas de délestage permettant de réduire à 38% la consommation dans les zones concernées. La cellule interministérielle de crise travaille sur l'hypothèse que six à dix délestages seront nécessaires sur la période, et des délestages de deux heures touchant six millions de personnes en même temps. Un scénario de blackout, c'est-à-dire une perte totale de contrôle du système électrique, est aussi évalué même s'il semble, pour l'instant, exclu. « Le système qui saute, ça ne se produira pas », a assuré, le mois dernier, Emmanuel Wargon, la présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE).

(Avec AFP)