Emballages : le lourd poids du vide sur les coûts logistiques et la planète

Par Giulietta Gamberini  |   |  493  mots
"Les émissions annuelles de dioxyde de carbone liées au transports du vide dans les conteneurs acheminés des sites de fabrication jusqu'aux ports représentent environ 122 millions de tonnes": l'équivalent des émissions de CO2 d'un pays comme la Belgique, souligne notamment l'étude.
Au moins 25% des emballages seraient vides. Or, réduire ces espaces vacants permettrait d'économiser plusieurs dizaines de milliards d'euros, ainsi que d'éviter l'émission de centaines de millions de tonnes de gaz à effet de serre, calcule une étude de l'entreprise DS Smith. Mais des freins culturels s'y opposent encore.

Le vide pèse lourd. C'est la conclusion d'un rapport présenté mardi 11 septembre par l'entreprise d'emballage DS Smith, consacré à un gaspillage encore très peu mesuré: celui engendré par des conditionnements surdimensionnés. L'espace vide représenterait un quart des conteneurs expédiés par bateau, à savoir l'équivalent de 61 millions de conteneurs par an. Dans l'e-commerce, il dépasserait même 60% du volume des emballages pour certains produits comme ceux en verre, estime l'étude, fondée sur l'analyse des données disponibles ainsi que d'échantillons considérés comme représentatifs.

122 millions d'émissions annuelles de CO2

Or, ces volumes vacants, dus à l'utilisation d'emballages standardisés comme à des contraintes logistiques, et souvent comblés par des coussins d'air, du papier ou du polystyrène, ont un coût économique ainsi qu'environnemental. 46 milliards de dollars pourraient notamment être économisés chaque année dans le monde en éliminant ces espaces vides, calcule DS Smith, et ce en ne tenant compte que des frais liés à la logistique. Quant à leur impact écologique, "les émissions annuelles de dioxyde de carbone liées au transport du vide dans les conteneurs acheminés des sites de fabrication jusqu'aux ports représentent environ 122 millions de tonnes": l'équivalent des émissions de CO2 d'un pays comme la Belgique, souligne le rapport. Sans d'ailleurs compter le transport terrestre, le gaspillage de matière et les déchets produits...

Alors, pourquoi ces espaces vides persistent-ils? Pourtant, 73% des cadres dirigeants interrogés par Forbes Insight pour DS Smith sont bien convaincus que sa réduction permettrait d'optimiser les coûts -de plus d'un quart selon deux tiers d'entre eux. 72% se montrent également conscients de l'impact positif que cela aurait sur l'environnement, dont 80% se disent soucieux. La quasi-totalité affirme encore que leur entreprise agit pour réduire l'impact environnemental de ses emballages.

Encore peu d'audits

Deux facteurs seraient à l'origine de cette inertie, selon l'étude. "Les résistances s'expliquent avant tout par le coût qu'engendrerait le choix d'un matériau et d'une conception plus efficients, considéré comme prohibitif par 59% des décideurs interrogés", observe DS Smith. Un argument toutefois "paradoxal", puisqu'il ne tient pas compte des économies parallèlement engendrées, souligne le rapport.

Le vrai frein semble donc surtout culturel. Seul un peu plus d'un tiers des cadres dirigeants sondés affirment en effet avoir mené des audits sur le vide dans leurs emballages, et associent l'expérience client avec la quantité de vide transporté. Seuls 15% voient dans les économies générées au niveau de la supply chain des sources potentielles de financement de nouveaux projets en matière d'emballage. Et moins de quatre sur dix considèrent que les dirigeants de leur entreprise connaissent ce sujet du vide. "À présent, le défi consiste à sensibiliser davantage les décideurs", conclut donc DS Smith, qui entend fermement se positionner sur ce créneau, en proposant des solutions visant à mieux dimensionner les emballages à leur contenu.