Energies renouvelables et services, nouveaux moteurs de croissance pour EDF et Engie

Par Dominique Pialot  |   |  839  mots
Les énergies renouvelables pèsent de plus en plus lourd dans l'activité des énergéticiens conventionnels.
En présentant leurs résultats semestriels, les deux énergéticiens français ont affirmé qu’ils étaient en ligne avec leurs plans de transformation, et souligné le rôle croissant des énergies renouvelables et des services énergétiques dans leurs activités. Leurs dirigeants entretiennent à distance la polémique sur la fin des tarifs réglementés d'électricité.

Les baisses de respectivement 3,9% de la production nucléaire et de 16% pour l'hydroélectricité ont plombé les résultats d'EDF sur le premier semestre de l'année. Le chiffre d'affaires s'établit à 35,7 milliards d'euros (-2,6%), pour un bénéfice net en baisse de 3,7% à 2 milliards d'euros et un Ebitda qui chute de 21,8% à 7 milliards d'euros.

Les « conditions de marché » ont également pesé sur ces résultats, notamment le dispositif de l'Arenh (accès régulé à l'énergie nucléaire historique) qui contraint l'opérateur national à vendre une partie de sa production à ses concurrents alternatifs à un prix régulé (aujourd'hui fixé à 42 euros le mégawattheure) alors qu'il a dû dans le même temps s'approvisionner à des tarifs de marché au plus haut afin de faire face à la demande de ses clients. En outre, la pression concurrentielle a rogné sur les marges de l'opérateur.

L'électricité, un besoin essentiel et non substituable

Interrogé sur sa réaction à la décision du Conseil d'État de mettre un terme aux tarifs régulés du gaz jugés contraires au droit communautaire, le PDG de l'entreprise publique a tenu à souligner lors d'un point presse téléphonique les différences avec l'électricité.

«Clairement le Conseil d'État signale qu'il perçoit différemment la situation du gaz et de l'électricité, a-t-il indiqué lors d'une conférence avec des analystes financiers, rappelant que l'électricité est à la fois un besoin essentiel pour les gens - alors que le gaz ne l'est pas  - et n'est pas substituable.»

Pourtant, le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot avait indiqué devant le Sénat mi-juillet que la France allait devoir obéir aux injonctions de Bruxelles concernant la suppression des tarifs réglementés pour les deux types d'énergie. «Il en va du gaz comme de l'électricité, à un moment ou à un autre, il faudra s'y plier», avait-il déclaré devant des sénateurs.

Renouvelables et services énergétiques, moteurs de la croissance pour EDF

Par ailleurs, Jean-Bernard Lévy s'est dit confiant dans le rattrapage dans l'année de la production nucléaire (diminuée au premier semestre par un nombre record de réacteurs à l'arrêt à la demande de l'ASN), qui devrait atteindre entre 390 et 400 térawattheures, contre 384 au premier semestre.

Le PDG a également souligné que l'entreprise était en ligne tant avec son plan de cession d'actifs sur la période 2015/2020, réalisé à hauteur de 8 milliards d'euros sur les 10 milliards prévus, qu'avec son plan d'économies sur 2015/2018, réalisé à 70%.

Il a également tenu à lister les réalisations opérées ces six derniers mois dans le secteur des énergies renouvelables par EDF Energies Nouvelles (EDF EN) et dans les services énergétique, deux activités qu'il a qualifiées de « moteurs clés de la croissance ».

Engie en avance sur son plan de transformation

Engie a pour sa part présenté un chiffre d'affaires en très légère hausse (+1,6%) à  33,1 milliards d'euros, un bénéfice net amélioré de 3,5% à 1,28 milliard d'euros, un Ebitda globalement stable (- 0,1%) en évolution brute à 5 milliards, mais qui affiche une croissance organique de 4,0% et un résultat net part du groupe en nette progression (15,5%) à 1,5 milliard.

Ces chiffres montrent qu'«Engie évolue plus rapidement que prévu dans un environnement difficile», selon sa directrice générale Isabelle Kocher, qui l'avait déjà laissé entendre lors d'une rencontre avec des journalistes début juillet.

Le groupe est en avance tant sur son programme de cession de 15 milliards d'euros entre 2016 et 2018 (réalisé à 73%) que sur ses investissements sur les nouveaux marchés porteurs (12 milliards engagés essentiellement dans les énergies renouvelables et services énergétiques sur les 14 milliards prévus entre 2016 et 2018) que sur son plan d'économies baptisé Lean 2018 (1,2 milliards d'économies sur la même période), réalisé à 90%.

D'ici la fin de l'année, "la croissance organique devrait demeurer soutenue sur nos trois moteurs de croissance", que sont les énergies renouvelables, les actifs régulés et les services, a estimé Isabelle Kocher.

La fin des tarifs réglementés d'électricité ouvrirait une avenue pour Engie

À propos des tarifs réglementés, elle a rappelé à nouveau que leur suppression, entérinée pour le gaz par le Conseil d'État, "doit être faite en parallèle pour les tarifs réglementés de l'électricité".

«Nous sommes déjà très dynamiques dans nos développements dans l'électricité, en particulier en France, et bien sûr, la fin des tarifs réglementés ouvrirait une avenue pour nous pour développer nos offres», a-t-elle ajouté.

Objectifs confirmés pour 2017

Les deux entreprises ont réaffirmé leurs objectifs pour 2017. Engie a confirmé son objectif principal d'un résultat net récurrent compris entre 2,4 et 2,6 milliards d'euros cette année en précisant qu'il devrait se situer en "milieu de fourchette".

EDF a de nouveau anticipé un Ebitda en recul entre 13,7 et 14,3 milliards d'euros cette année (après 16,4 milliards en 2016), qui devrait remonter à 15,2 milliards au moins l'an prochain.