Energies renouvelables : l'AIE mise sur une croissance rapide, mais ...

Par Giulietta Gamberini et Sarah Belhadi (à Istanbul)  |   |  878  mots
Dans de nombreux pays, tels que Afrique du sud, le Brésil et l'Inde, mais aussi au Moyen Orient ou dans certains Etats des Etats-Unis, les énergies renouvelables deviennent compétitives par rapport à d'autres types d'énergies.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) mise sur un développement des énergies renouvelables rapide d'ici cinq ans, passant de 22% en 2013 à 26% en 2020. Une expansion largement portée par la baisse des coûts de production, mais qui devra toutefois faire face à "des barrières réglementaires".

Article publié le 2 octobre à 09:28, actualisé à 17:54.

Le secteur énergétique est-il en train d'opérer sa révolution copernicienne pour de bon ? Alors que les ministres de l'énergie du G20 se réunissent ce vendredi 2 octobre à Istanbul, l'Agence internationale de l'Energie (AIE ou IEA en anglais) a, dans le même temps, détaillé son rapport annuel à la presse internationale. L'étude prévoit un accroissement rapide des énergies renouvelables dans les cinq prochaines années.

"Les énergies renouvelables sont sur le point de s'emparer de la majorité de l'approvisionnement énergétique mais le travail est loin d'être achevé", a toutefois nuancé Fatih Birol, le directeur lors de la présentation de l'étude.

Certes, l'étude assure que l'éolien, le solaire, ou encore l'hydroélectricité représenteront pas moins de 26% de la production d'électricité dans le monde en 2020, contre 22% en 2013. Toutefois, le développement de ces énergies ne se fera qu'à la faveur d'une action politique commune -et plus cohérente- a assuré le directeur de l'agence ce vendredi après-midi :

"Pour que ce scénario aboutisse, et donne lieu à un développement de haut niveau du solaire et de l'éolien, l'intégration des énergies renouvelables dans le réseau sera crucial."

Une baisse des coûts dans les pays émergents

Dans le détail, l'AIE souligne que 700 gigawatts de nouvelles capacités vertes seront installés, ce qui représente les deux-tiers de l'ensemble des capacités de production d'électricité installées sur cette période. L'agence mise avant tout sur un développement notable dans les pays émergents. La Chine à elle seule devrait représenter 38% des nouvelles capacités installées, l'Europe 13%.

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Dans de nombreux pays, tels que l'Afrique du sud, le Brésil et l'Inde, mais aussi au Moyen Orient ou dans certains Etats des Etats-Unis, les énergies renouvelables, notamment l'éolien terrestre et le solaire photovoltaïque, ont en effet vu leurs coûts de production fortement baisser. Elles deviennent dès lors bien plus compétitives par rapport à d'autres types d'énergies, argue ainsi l'AIE.

Les renouvelables désormais attractives

A l'avenir, l'agence prévoit que 230 milliards de dollars (205 milliards d'euros) d'investissements seront mobilisés chaque année d'ici 2020. L'an dernier, ces investissements se chiffraient à 270 milliards de dollars (240 milliards d'euros).

Cette estimation découle "de la baisse du rythme d'installations de nouvelles capacités mais aussi de la réduction des coûts d'investissement pour les technologies les plus dynamiques", notamment le solaire et l'éolien terrestre, explique l'AIE.

Les coûts de l'éolien devraient encore baisser de 10%

La baisse des coûts de ces énergies, déjà observée ces dernières années, devrait d'ailleurs se poursuivre. Pour l'éolien terrestre, les coûts des nouveaux parcs devraient se réduire d'environ 10%, alors qu'ils ont déjà diminué de 30% entre 2010 et aujourd'hui.

Pour le solaire, les coûts vont encore se contracter d'un quart par rapport à leur niveau actuel, après une baisse de deux tiers depuis 2010.

Les biocarburants se frayent plus lentement un chemin

L'AIE s'avère plus prudente sur les biocarburants, avec une croissance qui se poursuivra malgré la baisse du prix du pétrole mais à un rythme stabilisé. Les biocarburants représenteront 4% de la demande de carburant du transport routier en 2020.

Pour que de nouveaux projets d'usine de production de biocarburants à l'échelle industrielle voient le jour, il faudrait que le prix du baril s'établisse aux environs de 100 dollars.

Les barrières réglementaires pointées du doigt

Plaidant aussi pour des politiques plus volontaires, l'AIE a par ailleurs rappelé la nécessité de "réduire les incertitudes en matière de réglementation, qui freinent un déploiement plus important", afin de garantir le succès du développement des énergies renouvelables et donc de la lutte contre le changement climatique.

Ce vendredi 2 octobre, Fatih Birol a d'ailleurs assuré que "les énergies renouvelables sont la clé des engagements sans précédent mis en avant pour la COP 21".

Si l'éolien terrestre et le solaire photovoltaïque "n'ont plus besoin d'un haut niveau de soutien (public)", leur attractivité "dépendra fortement du cadre réglementaire et du fonctionnement du marché", souligne néanmoins l'AIE. Dans les pays émergents, les risques sont aujourd'hui représentés par "les barrières réglementaires, les contraintes de réseaux et les conditions microéconomiques", tandis que dans les pays développés "le développement rapide des renouvelables oblige à fermer des centrales électriques thermiques, mettant la pression sur les énergéticiens", détaille l'agence.

Des prévisions trop prudentes?

La transition écologique pourrait néanmoins se révéler plus rapide que prévu par l'AIE. L'ONG allemande EnergyWatch Group et l'Université de technologie de Laappeenranta (Suède) soulignent en effet avoir relevé dans une étude récente que la capacité de génération en solaire photo-voltaïque prévue en 2010 par l'agence pour 2024 a été atteinte neuf ans plus tôt, en janvier 2015. En matière d'éolien, la capacité réelle en 2010 a dépassé de 260 % les prévisions formulées en 2002, tandis que le niveau prévu en 2002 pour 2030 a été atteint atteint dès 2010.

(Avec AFP)