Eolien : Siemens Energy accumule des pertes trimestrielles record

Par latribune.fr  |   |  716  mots
Siemens Energy a fait état en juin d'un « taux de défaillance significativement accru » pour les éoliennes produites par sa filiale Siemens Gamesa (Photo d'illustration). (Crédits : Juliette Raynal pour La Tribune)
L'énergéticien allemand a réévalué l'impact lié aux défaillances dans des composants d'éoliennes produites par sa filiale Gamesa. Le coût des charges dévoilées en juin est désormais réévalué ce lundi à 1,6 milliard d'euros, se traduisant par une perte record de 3 milliards d'euros au troisième trimestre.

[Article publié le lundi 07 août 2023 à 08h29 et mis à jour à 11h57] La facture se révèle très salée. Siemens Energy a réévalué ce lundi 7 août à 1,6 milliard d'euros le coût des charges dévoilées en juin, lié aux défaillances dans des composants d'éoliennes produits par sa filiale Gamesa. Le groupe tablait auparavant sur un coût de « plus d'un milliard d'euros ».

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 « Les coûts attendus pour remédier aux problèmes de qualité (des éoliennes, ndlr) ont été pris en compte au 3e trimestre, les charges pour dépenses futures s'élevant à 1,6 milliard d'euros », a indiqué le groupe dans un communiqué.

« La majeure partie des coûts de réparation prévus est attendue au cours des exercices 2024 et 2025 », a précisé le groupe lundi. Siemens Energy a fait état en juin d'un « taux de défaillance significativement accru » pour les éoliennes produites par sa filiale Siemens Gamesa, nécessitant une remise en l'état massive dans les prochaines années. Cette information avait fait chuter le cours de bourse de l'entreprise de plus de 30%. Au cœur des problèmes rencontrés, des composants défectueux, principalement liés aux roulements et aux pales de rotor des turbines sur des installations terrestres. Le conseil de surveillance de Siemens Energy a par ailleurs « mis en place un comité spécial pour réaliser une enquête détaillée » sur ces défaillances, a déclaré le groupe lundi.

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En plus des 1,6 milliard d'euros provisionnés pour réparer les équipements, Gamesa a enregistré au troisième trimestre de son exercice décalé une charge de 600 millions euros liée à des coûts de produits plus élevés dans le secteur offshore. La charge totale pour cette branche atteint ainsi 2,2 milliards d'euros entre avril et juin, plombant les résultats de Siemens Energy.

Une perte nette record

Résultat, Siemens Energy a connu une perte nette record de « 2,9 milliards » pour le troisième trimestre, aussi plombé par les « coûts de production plus élevés » dans l'éolien. Pour l'ensemble de l'année, le groupe de Munich table désormais sur une perte massive de 4,5 milliards d'euros, contre « plus de 712 millions » précédemment. Ses bons résultats dans ses activités traditionnelles que sont le gaz et les réseaux atténuent quelque peu la débâcle de l'éolien.

Dans la foulée de ces informations, le titre du groupe s'est montré très instable plongeant de près de 5% sur le Dax de la Bourse de Francfort, avant de repartir à la hausse et de prendre la première place de l'indice, avec une hausse de 2,65% à 08h08 GMT, puis de repasser dans le rouge en fin de matinée.

A côté des difficultés, les investisseurs ont aussi retenu la forte des hausses des commandes dont a bénéficié Siemens Energy au troisième trimestre, avec un « doublement » sur un an. « Nous croyons comme jamais au potentiel de l'éolien », a d'ailleurs déclaré le PDG du groupe Christian Bruch, lors d'une conférence de presse lundi.

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Les difficultés de Siemens Gamesa, en concurrence avec le danois Vestas, pèsent sur le groupe allemand depuis longtemps, ce qui a incité Siemens Energy à prendre le contrôle total de l'entreprise l'an dernier après en avoir été actionnaire pendant plusieurs années. Le groupe munichois voulait ainsi simplifier sa communication financière et tirer de meilleures synergies entre les divisions du groupe, qui réunit la construction de turbines électriques et la transmission d'énergie.

Mais ces attentes ont vite été déçues en raison des difficultés globales pour la filière éolienne en Europe qui touche aussi le numéro un du secteur, le danois Vesta. L'ensemble du secteur est actuellement bousculé, malgré une demande en plein boom, entre envolée des prix des matériaux, blocages persistants sur les chaînes d'approvisionnement et concurrence chinoise.

(Avec AFP)