Fessenheim : une transition très symbolique se prépare

Par Dominique Pialot  |   |  595  mots
La plus vieille centrale nucléaire française doit fermer à la fin de l'année. "Fermer Fessenheim sans en faire un démonstrateur de la transition énergétique n'aurait pas de sens", a souligné Sébastien Lecornu. (Crédits : Vincent Kessler)
Le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu est revenu dans le Haut-Rhin dans le cadre des préparatifs à la fermeture de la doyenne des centrales françaises, prévu à la fin de l’année. Il a notamment annoncé un appel d’offres solaire circonscrit au département.

Comme il l'avait promis lors de sa première visite il y a deux mois, Sébastien Lecornu est retourné à Fessenheim en fin de semaine dernière. Il avait quelques nouvelles à annoncer, notamment la nomination de David Coste au poste de délégué interministériel, ou encore, l'accompagnement des 330 salariés de sous-traitants travaillant à temps plein sur le site, qui ont été reçus individuellement et pour lesquels une cartographie des compétences est en cours d'élaboration.

300 MW de solaire

Surtout, il a annoncé le lancement d'ici à novembre prochain d'un appel d'offres solaire circonscrit au département du Haut-Rhin, une première en France. Réparti en 100 MW de solaire sur toitures (fermes, bâtiments publics, base militaire) et 200 MW de panneaux au sol, cet appel d'offres lancé en partenariat avec la Caisse des dépôts, et probablement assorti de tarifs généreux, incite les riverains au financement participatif. Il représente une puissance qui ne dépasse pas le tiers de chaque réacteur, de 900 MW. Mais le patron du gestionnaire de réseau, François Brotte, a d'ores et déjà rassuré élus locaux et membres du comité de pilotage sur la capacité d'assurer la sécurité d'approvisionnement de l'Alsace après la fermeture de la centrale nucléaire.

Et cette initiative a surtout un poids symbolique.

"Fermer Fessenheim sans en faire un démonstrateur de la transition énergétique n'aurait pas de sens", a d'ailleurs souligné Sébastien Lecornu.

Dimension franco-allemande

La transition du territoire, notamment l'aménagement du foncier économique, sera gérée par une société d'économie mixte regroupant les collectivités locales, les chambres consulaires et la Caisse des dépôts. Le stockage énergétique et la géothermie profonde font également partie des axes de travail étudiés dans le cadre du projet de territoire.

Le projet se construit dans une dimension franco-allemande, avec le lancement d'une étude multimodale sur la reconstruction d'une liaison ferroviaire entre Colmar et Fribourg et le renforcement de la coopération économique transfrontalière. Sébastien Lecornu est d'ailleurs allé passer une journée outre-Rhin lors de son déplacement.

Une expertise en démantèlement nucléaire

De son côté, la région Grand Est souhaite implanter "un centre mondial de référence dans le domaine des énergies", dont un volet dédié au démantèlement nucléaire. Ce pôle de compétitivité rassemblerait de 100 à 150 chercheurs de haut niveau spécialisés dans le développement d'industries décarbonées et les technologies de démantèlement des centrales nucléaires : déconstruction, stockage et recyclage.

Cette piste pourrait également se déployer dans un contexte franco-allemand, puisque nos voisins auront quelques centrales à démanteler dans les prochaines années.

La fermeture de Fessenheim est en principe liée à la mise en service de l'EPR de Flamanville, du moins aux yeux d'EDF, qui entend maintenir le niveau de sa production nucléaire.

Mais les déboires se succèdent sur le chantier normand. Bien que la date de début 2019 soit officiellement maintenue par l'opérateur, depuis la découverte de défauts affectant certaines soudures et la nécessité de vérifier toutes celles qui ont été fabriquées par les mêmes sous-traitants, rien ne garantit qu'elle soit toujours envisageable. Aussi le secrétaire d'Etat a-t-il pris soin de préciser que la fermeture de Fessenheim était désormais actée, quel que soit le sort de Flamanville. Le prochain comité de pilotage est prévu en septembre prochain.