Nucléaire : nouvelle alerte pour l'EPR de Flamanville

Des "écarts de qualité" ont été constatés par EDF sur des soudures de la tuyauterie de l'EPR de Flamanville. Alors que le chantier du réacteur de troisième génération est dans sa phase finale, après sept années de retard et une facture qui a triplé entretemps, cette nouvelle incertitude tombe mal... A la mi-journée, les entreprises concernées - Framatome, Norton (groupe Fives) et Ponticelli - se refusaient à tout commentaire.
Ces écarts de qualité constatés sur les tuyauteries du circuit secondaire principal ne sont pas les premiers déboires de l'EPR de Flamanville. Les plus notoires sont les anomalies découvertes sur la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve. Résultat: le chantier a déjà sept ans de retard, et a vu sa facture triplée... Pour mémoire, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) exige que le couvercle de la cuve soit remplacé avant la fin 2024.
Ces "écarts de qualité" constatés sur les tuyauteries du circuit secondaire principal ne sont pas les premiers déboires de l'EPR de Flamanville. Les plus notoires sont les anomalies découvertes sur la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve. Résultat: le chantier a déjà sept ans de retard, et a vu sa facture triplée... Pour mémoire, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) exige que le couvercle de la cuve soit remplacé avant la fin 2024. (Crédits : Reuters)

A la suite des anomalies constatées lors de contrôles par ultrasons, EDF va examiner la totalité de 150 soudures de ce circuit, une tuyauterie de 350 mètres, composée de tubes de 50 à 75 cm de diamètre, dont les parois font entre trois et quatre centimètres d'épaisseur.

Ces soudures de "haute technologie" nécessitent "une centaine de tours sucessifs", chaque soudure représentant "six à huit semaines de travail", a expliqué Laurent Thieffry, directeur du projet de l'EPR de Flamanville.

Les soudures avaient passé un premier contrôle

"Conformément aux procédures industrielles", les soudures avaient d'abord été contrôlées "par le groupement des entreprises en charge de la fabrication du circuit", qui les avait déclarées "conformes", "au fur et à mesure de leur réalisation", affirme EDF dans un communiqué.

Ces écarts de qualité ont été constatés à l'occasion de la "visite complète initiale", une étape réglementaire préalable à la mise en service, qui consiste à réaliser un "état des lieux" qui servira de référence pour les 60 ans d'exploitation des installations, a précisé M. Ursat.

Ils concernent les tuyauteries du circuit secondaire principal, qui relient le générateur de vapeur et la turbine qui produit l'électricité.

Celle nouvelle anomalie a été mise au jour fin mars, alors que le chantier est dans sa "phase finale" et que sont réalisés les "tout derniers montages", a déclaré Xavier Ursat, directeur exécutif d'EDF en charge de l'ingénierie et des projets nouveau nucléaire, lors d'une conférence de presse téléphonique.

Déjà sept ans de retard et un coût triplé

Les conséquences en terme de calendrier et de coût seront connues que fin mai, a annoncé mardi EDF.

Pour l'heure, le démarrage est prévu à la fin de l'année, pour une mise en service commerciale en 2019, soit déjà sept ans de retard, pour un projet qui a vu son coût tripler, pour atteindre 10,5 milliards d'euros.

Chez les entreprises concernées, Framatome, l'ex-branche réacteurs d'Areva passée dans le giron d'EDF jointe par l'AFP, s'est refusée à tout commentaire, tandis que Norton (groupe Fives) et Ponticelli, également sollicitées, n'avaient pas donné suite en milieu de journée.

Une expertise pour déterminer le dérapage de coût et de calendrier

Une expertise a été lancée pour analyser les causes et la nature de ces écarts, selon EDF. Elle permettra de définir les actions pour y remédier à proposer à l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), a précisé le groupe dans un communiqué.

"A l'issue de l'expertise en cours et de la démarche d'instruction qui sera retenue par l'ASN, EDF sera en mesure de préciser si le projet nécessite un ajustement de son planning et de son coût", précise EDF.

"Les équipes d'EDF et leurs partenaires industriels sont pleinement mobilisés et poursuivent l'ensemble des autres activités de montage et d'essais de l'EPR de Flamanville, notamment les essais d'ensemble", assure EDF, qui ajoute que la conception et l'étanchéité du bâtiment réacteur ont été récemment validés.

Ce n'est pas la première fois que les soudures donnent du fil à retordre à EDF: en février, l'ASN avait souligné une "anomalie notable" à cet égard sur le circuit secondaire. Mais il s'agissait alors d'écart par rapport à un référentiel fixé par EDF "au-delà de la réglementation", a assuré mardi M. Thieffry.

En cours depuis 2007, le chantier de l'EPR a connu de nombreux déboires, en raison notamment d'anomalies découvertes sur la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve.

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) exige que le couvercle de la cuve soit remplacé avant la fin 2024.

(Avec AFP)

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Commentaires 8
à écrit le 11/04/2018 à 10:31
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C'est tragique quand on a le leader mondial du tube sans soudure... ==>

à écrit le 11/04/2018 à 10:11
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"cette nouvelle incertitude tombe mal..." Non, tombe régulièrement. Allez encore 40 ans et peut être que le réacteur en fusion perdu de fukushima sera étaient et que l'EPR de flamanville sera ouvert ! Allez savoir ! ^^ Au secours.

le 11/04/2018 à 13:27
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En même temps, ça reste à relativiser : On parle ici de soudures dont les caractéristiques respectent celles exigées par la réglementation, mais pas les règles internes à EDF, plus contraignantes. On parle ici d'un fortuit dont la presse nati...

à écrit le 11/04/2018 à 10:02
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L'EPR, ça ne marche pas, apparemment. Peut-être tout simplement parce qu'on ne sait pas faire : les réacteurs civils du parc EDF sont sous licence Westinghouse, et c'est le russe Rosatom qui vend sa technologie dans le monde entier. Alors : pourquoi...

le 11/04/2018 à 10:33
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"L'EPR, ça ne marche pas, apparemment." En même temps le chantier n'est pas fini. Si on suivait cette logique, on aurait arrêté le tunnel sous la manche, le Charles-de-Gaule, l'A380 ou le Rafale à 99% d'avancement du projet.

le 11/04/2018 à 10:36
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Quant au coût, il n'existe actuellement pas de vraie alternative capable d'assurer 80% de notre approvisionnement électrique sans émettre trop de CO2.

à écrit le 10/04/2018 à 20:05
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Cette liaison chaudière/turbo alternateur , n' est pas en lien avec la radio activité puisque au final cette eau est rejetée dans l' atmosphère sous forme de vapeur . Soit certains tirent le parapluie pour avoir les rognons couverts ou bien pour exti...

à écrit le 10/04/2018 à 17:37
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Pour en savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=lUKgkADJdWM

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