Fin des voitures thermiques neuves dans l'UE en 2035 : l'Italie veut un report

Par latribune.fr  |   |  777  mots
Les eurodéputés italiens de la coalition gouvernementale de droite et d'extrême droite dirigée par Giorgia Meloni ont voté contre le texte, contrairement à ceux du centre et de la gauche. (Crédits : EVGENIA NOVOZHENINA)
Le ministre italien des Transports a dénoncé avec véhémence l'adoption par les eurodéputés de la fin des ventes de voitures neuves à moteur thermique en 2035. Matteo Salvini dénonce une « folie » et un choix de « mauvaise foi » auquel l’Italie tentera de s'opposer puisque le texte doit encore être approuvé par le Conseil européen pour être définitivement validé.

À peine voté, déjà contesté. Hier, le Parlement européen a approuvé le projet de réglementation mettant fin à la vente de véhicules neufs à moteur thermique en 2035 - par 340 voix pour, 279 voix contre et 21 abstentions. Ce texte prévoit de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures et camionnettes neuves en Europe à partir de 2035. Cela revient à l'arrêt de facto des ventes de voitures et véhicules utilitaires légers neufs à essence et diesel dans l'UE à cette date, ainsi que des hybrides (essence-électrique), au profit de véhicules 100% électriques.

Un vote qui ne convient pas au gouvernement italien. Pour le ministre italien des Transports Matteo Salvini, également patron du parti d'extrême droite la Ligue, c'est « une folie, une bêtise absolue, un choix idéologique ou de mauvaise foi », a-t-il asséné mardi soir sur la chaîne de télévision Rete 4. « En tant que Ligue, et j'espère en tant que gouvernement tout entier, nous essaierons de nous y opposer ou au moins de reporter » l'entrée en vigueur de cette réglementation européenne, a-t-il déclaré.

Les eurodéputés italiens de la coalition gouvernementale de droite et d'extrême droite dirigée par Giorgia Meloni ont voté contre le texte, contrairement à ceux du centre et de la gauche. « Comment des députés européens italiens ont-ils pu voter pour une mesure qui détruit » les emplois des « travailleurs italiens et ne profite qu'à la Chine ? », a alors lancé Matte Salvini.

Lire aussiLa vente des véhicules neufs à moteur thermique sera bien interdite en Europe dès 2035

Premier accord sur le paquet climat

Proposé par la Commission européenne en juillet 2021, le texte avait été approuvé en juin 2022 par les 27 États membres de l'UE, dont l'Italie. Mais c'était avant la prise de fonction du gouvernement Meloni en octobre 2022.

Après le vote des eurodéputés ce mardi, il faut encore que le Conseil européen donne formellement son feu vert pour que le texte entre en vigueur.

Il s'agit en tout cas du premier accord sur un texte du paquet climat européen (« Fit for 55 ») destiné à réduire d'au moins 55% d'ici 2030 par rapport à 1990 les émissions de gaz à effet de serre de l'UE. Il entérine l'objectif de réduction des émissions de CO2 pour 2030 de -55% pour les nouvelles voitures et -50% pour les nouvelles camionnettes, par rapport à 2021.

« Notre industrie est prête à relever le défi de fournir des véhicules zéro émission », a déclaré dans un communiqué Sigrid de Vries, directrice générale de l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA). « Tous les efforts et investissements de l'industrie automobile sont orientés vers une mobilité zéro émission. Il est essentiel que toutes les politiques et réglementations de l'UE s'alignent sur cet objectif et le soutiennent », a-t-elle ajouté.

Lire aussiBruxelles veut des bus « zéro émission » et des camions bien plus propres d'ici 2030

L'Italie opposée car à la traîne

Un avis que ne partage pas le gouvernement italien, qui continue d'afficher son opposition à la mesure ce mercredi 15 février. « Les délais qui nous sont imposés par l'Europe ne coïncident pas avec la réalité européenne et surtout italienne » et « représentent un risque pour l'emploi » dans la filière automobile, a protesté le ministre des Entreprises Adolfo Urso sur Rai Radio 1. « Nous sommes extrêmement en retard, en Italie il y a à peine 36.000 stations de recharge électrique par rapport aux 90.000 de la petite Hollande », a-t-il déploré. Et d'ajouter : « Nous ne pouvons pas faire face à la réalité avec cette vision idéologique et sectaire qui semble émerger des institutions européennes ».

Une opinion partagée par Giorgia Meloni qui a fait valoir que la transition énergétique « doit être progressive et ne doit pas désavantager les entreprises italiennes et européennes », dans un « marché mondial où il n'existe pas de règles aussi strictes ». « Il y a une convergence en Italie sur ce sujet et je le porterai avec force dans le forum européen », a-t-elle promis début février dans un entretien au journal économique Il Sole 24 Ore.

Les ventes de voitures électriques ont enregistré un nouveau record de parts de marché dans l'Union européenne en 2022. Elles représentaient 12,1% des ventes de voitures neuves sur l'année, contre 9,1% en 2021, ou 1,9% en 2019, indiquait début février l'Association des constructeurs (ACEA) dans un communiqué. Parmi tous les pays européen, l'Italie est le seul marché à avoir donné un coup de frein sur cette motorisation (-26,9%).

Lire aussiLes ventes de voitures électriques ont encore augmenté en Europe en 2022

(Avec AFP)