Hinkley Point : la sûreté inquiète le gendarme britannique du nucléaire

Par Dominique Pialot  |   |  431  mots
Le gendarme anglais du nucléaire pointe des dysfonctionnements dans la chaîne d'approvisionnement. (Crédits : Stefan Wermuth)
La presse britannique rapporte les doutes de l'ONR (Office for nuclear regulation) concernant la sûreté de l'EPR que EDF construit en Angleterre. En cause, les dysfonctionnements relevés dans le management de la chaîne d'approvisionnement du chantier.

Après d'autres, The Guardian rapporte dans un article publié le 25 mars que des dysfonctionnements observés dans le management de la chaîne d'approvisionnement de NNB GenCo, l'entreprise créée par EDF pour gérer le projet Hinkley Point C, inquiètent l'ONR (Office for nuclear regulation), qui craint qu'ils n'affectent la sûreté s'ils ne sont pas rapidement résolus.

Selon Mark Foy, inspecteur en chef de l'ONR, si, prises isolément, elles ne suffisent pas à créer un problème de nature réglementaire, collectivement, les insuffisances constatées pourraient refléter une déficience plus générale dans la façon dont l'entreprise est gérée. Cette conclusion, le gendarme britannique la tire à l'issue des visites menées avec dix autres inspecteurs en octobre et novembre derniers sur le chantier de l'EPR britannique, dans les locaux d'EDF à Paris et à Bristol, ainsi que chez des sous-traitants dont l'usine du Creusot, aujourd'hui propriété de Framatome (ex Areva), un fournisseur clé du chantier d'Hinkley Point, qui doit notamment dessiner les réacteurs.

Des visites décidées suite aux dysfonctionnements de l'usine du Creusot

L'ONR a décidé ces visites à la suite des révélations concernant la falsification de rapports élaborés précisément dans cette usine. Le gendarme du nucléaire au Royaume-Uni s'étonne que les dysfonctionnement qui y ont été observés n'aient pas été soulevés par EDF directement mais par l'autorité de sûreté. Par ailleurs, l'ONR déplore qu'aucun audit interne des process de contrôle qualité n'ait pu être mené en 2017.

En dépit des progrès constatés, l'ONR juge encore inadéquat le projet d'amélioration du processus d'auto-évaluation. Il regrette également qu'un flou persiste sur la responsabilité du contrôle qualité au sein de l'entreprise, et déplore que EDF n'ait pas suffisamment informé ses sous-traitants des problèmes rencontrés dans l'usine du Creusot.

Prochain point d'étape en août 2018

Néanmoins, l'ONR se dit confiant dans le fait que des progrès soient effectivement réalisés d'ici au prochain, point d'étape réglementaire programmé en août 2018.

EDF a d'ores et déjà annoncé plusieurs mesures qui doivent être mises en oeuvre d'ici à la montée en charge du chantier, qui accueillera 6.000 personnes en vitesse de croisière dans 18 mois, contre 3.500 aujourd'hui.

Les deux réacteurs de Hinkley Point C, un projet de 20 milliards de livres (24 milliards d'euros) qui a déjà connu des dérapages concernant à la fois sa facture et son calendrier, doivent entrer en service en 2025.