Hydroélectricité : la France a les capacités d'augmenter sa production de 20% selon les exploitants

Par latribune.fr  |   |  752  mots
À horizon 2028, la France a planifié un développement de 5% de l'hydroélectricité, soit 3 à 4 Twh de plus. (Crédits : Reuters)
Bien qu'ancien, le parc hydroélectrique français a encore un potentiel de développement. Il permettrait de produire « 20% de plus, essentiellement avec de nouveaux ouvrages », d'après France Hydro Electricité. Le syndicat du secteur estime que son développement « permettrait d'éviter le recours aux énergies fossiles, charbon et gaz, auxquels la France a encore recours lors des pics de consommation ». Pour EDF, c'est en partie grâce à ces infrastructures que le pays a échappé aux coupures d'électricité cet hiver.

Pilier de la production électrique française avant le développement du nucléaire civil à partir des années 1970, le parc hydroélectrique assure aujourd'hui 12% de la production d'électricité du pays. Ces ouvrages peuvent être à des centrales qui turbinent au fil de l'eau (un torrent, un fleuve...), mais aussi des barrages qui stockent l'eau agrémentés de centrales qui turbinent à la demande pour produire l'électricité.

En moyenne, ces installations produisent 60 térawattheures (TWh) par an, soit la consommation électrique de 27 millions de Français, a rappelé le syndicat professionnel qui fédère les exploitants de 720 ouvrages. Ce pourrait être encore bien davantage.

« Le potentiel de développement est de 12 TWh, cela représente 20% de plus, essentiellement avec le développement de nouveaux ouvrages », a ainsi précisé lors d'une conférence de presse le président de France Hydro Electricité Xavier Casiot ce jeudi 23 mars.

L'hydroélectricité est aujourd'hui de loin la première des énergies renouvelables dans le monde. En volume total, elle assure 1.250 gigawatts (GW) et 37% du total, d'après le rapport « Renewable Capacity Statistics 2023 » publié cette semaine par l'Agence internationale des énergies renouvelables (Irena). Suit ensuite le solaire, qui représente 31% du total, et le vent (27%).

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Sept nouveaux ouvrages bientôt en fonction

Xavier Casiot n'a toutefois pas communiqué le montant des investissements nécessaires. Un coût forcément variable d'un projet à l'autre et qui dépend du cours d'eau, de la puissance et des contraintes environnementales.

Concrètement, la trajectoire proposée par le secteur serait de passer de 25,7 GW de puissance hydraulique installée actuellement, à 27,1 GW en 2033, principalement avec de nouveaux ouvrages sur des sites vierges ou existants.

Gaz Electricité de Grenoble (GEG) compte ainsi sept installations nouvelles sur des torrents de montagne, dont la mise en service approche. « La plus petite de 2 GW, équivalent de la consommation de 1.000 habitants et la plus grosse de 12 GW à Peisey-Nancroix dans la vallée de la Tarentaise » et qui commencera à produire « au mieux pour 2025 », selon Nicolas Fléchon, directeur production énergies renouvelables chez GEG.

Vers 3 à 4 Twh de plus à court terme

À horizon 2028, la France a d'ores et déjà planifié un développement de 5% de l'hydroélectricité, soit 3 à 4 Twh de plus. Une nouvelle loi de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) est d'ailleurs en préparation.

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Le parc hydroélectrique est « un outil extrêmement précieux pour assurer l'équilibre du réseau », a rappelé Xavier Casiot. Son développement « permettrait d'éviter le recours aux énergies fossiles, charbon et gaz, auxquels la France a encore recours lors des pics de consommation », assure France Hydro Electricité. D'autant qu'il a permis à la France de ne pas subir de coupures d'électricité cet hiver, comme l'expliquait le PDG d'EDF en mars dernier. « Il y a un potentiel hydraulique dans notre pays et il est utile que nous le réexaminions. Nous devons intégrer tout cela dans une vision de l'hydroélectricité et de la constitution de réserves en eau qui bénéficiera sur le long terme à notre pays dans un contexte de moindre prévisibilité des précipitations », déclarait Luc Rémont.

Les « Step », un potentiel inexploité de 2 GW

La France manque cependant de centrales Step ou « stations de transfert d'énergie par pompage », selon Xavier Casiot. Un avis partagé par Luc Rémont selon qui elles se révèlent très utiles pour absorber les pics de consommation électrique. Ce potentiel Step « est estimé à 2 GW de puissance disponible pour les projets » dont l'énergéticien a connaissance et « ne nécessite pas forcément de grands ouvrages », relevait ainsi le PDG d'EDF au début du mois.

Ces centrales, au nombre de six seulement actuellement, sont capables de pomper l'eau d'un bassin inférieur vers un bassin supérieur. Si elles utilisent de l'énergie solaire ou éolienne excédentaire pour pomper cette eau, cela revient à « stocker » cette énergie excédentaire. Cela constitue donc une solution vue pour accompagner l'essor du solaire et de l'éolien tout en palliant le phénomène d'intermittence de ces énergies renouvelables.

« On a des possibilités qui vont au-delà des besoins » en matière de Steps, a souligné Xavier Casiot, alors qu'une concertation est engagée avec les pouvoirs publics afin que la construction de Steps bénéficie d'aides.

(Avec AFP)