Électricité : les coupures ont pu être évitées cet hiver grâce au parc hydraulique selon EDF

Le parc hydroélectrique a été un élément clé pour « passer l'hiver » sans coupures d'électricité, d'après le PDG d'EDF. Pour Luc Rémont, l'énergie hydraulique représente un « potentiel » pour la France « dans un contexte de moindre prévisibilité des précipitations ». La sécheresse, qui a réduit la production hydraulique nette d'EDF en 2022, pourrait d'ailleurs impacter celle de l'année 2023, bien qu'elle ne l'affecte pas pour le moment.
La production hydraulique nette d'EDF a atteint 25 TWh en 2022 en raison de la sécheresse, contre 35,9 TWh en 2021.
La production hydraulique nette d'EDF a atteint 25 TWh en 2022 en raison de la sécheresse, contre 35,9 TWh en 2021. (Crédits : Reuters)

L'hiver de coupures d'électricité tant redouté par les autorités n'a finalement pas eu lieu. Et ce, notamment grâce au parc hydroélectrique d'EDF.

« Toutes les nuits de cet hiver, nous avons remonté de l'eau à très haut rendement pour pouvoir continuer de disposer de la capacité hydraulique dans la journée, et c'est un des éléments qui nous ont permis de passer l'hiver », a souligné son PDG, Luc Rémont, devant une commission d'enquête de l'Assemblée ce mardi 28 février.

Cette commission, qui vise « à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France » et poursuit ses travaux depuis l'automne, entendra par ailleurs la Première ministre Elisabeth Borne ce jeudi.

Lire aussiLettre ouverte à l'État: bâtissons notre souveraineté industrielle et notre indépendance énergétique grâce au solaire !

Pour Luc Rémont, « il y a un potentiel hydraulique dans notre pays et il est utile que nous le réexaminions. Nous devons intégrer tout cela dans une vision de l'hydroélectricité et de la constitution de réserves en eau qui bénéficiera sur le long terme à notre pays dans un contexte de moindre prévisibilité des précipitations ».

La France est également encore insuffisamment dotée en centrales Step (stations de transfert d'énergie par pompage) très utiles pour absorber les pics de consommation électrique. Ce potentiel Step encore inexploité « est estimé à 2 GW de puissance disponible pour les projets dont EDF a connaissance » et « ne nécessite pas forcément de grands ouvrages », a-t-il relevé.

Lire aussiLe gouvernement presse EDF d'optimiser ses capacités hydroélectriques et éoliennes

La sécheresse menace la production pour 2023

La production hydraulique nette d'EDF a atteint 25 TWh en 2022 en raison de la sécheresse, contre 35,9 TWh en 2021. Et l'avenir ne semble pour le moment pas meilleur puisque l'année 2023 démarre avec un déficit d'eau. « Cela n'affecte pas la quantité d'hydroélectricité produite pour l'instant. Mais si la sécheresse d'hiver dure, cela finira par affecter le potentiel », a précisé le PDG d'EDF.

Pas d'affolement pour le moment, mais l'inquiétude est de mise. « La sécheresse en cours depuis début 2023 appelle à une gestion prudente du stock hydraulique au cours des prochaines semaines afin de conserver un potentiel de flexibilité suffisant pour les prochains mois », soulignait il y a quelques semaines RTE, le gestionnaire du réseau électrique. Il indiquait également que les stocks hydrauliques ont « retrouvé des niveaux proches de la moyenne ».

Le risque de sécheresse est bien présent en France, qui pourrait connaître de nombreuses restrictions d'eau dès ce mois de mars. Ce serait un scénario inédit si tôt dans l'année. Cela s'explique par un hiver très sec qui a mis en péril le rechargement des nappes phréatiques, déjà épuisées par la sécheresse historique de 2022.

Lire aussiSécheresse : Macron esquisse un « plan de sobriété sur l'eau »

L'ouverture à la concurrence dans les cartons

Devant la commission, Luc Rémont a également été interrogé sur l'ouverture à la concurrence des concessions hydroélectriques françaises. Depuis le milieu des années 2000, Bruxelles presse la France à ce sujet, suscitant l'inquiétude des syndicats. Les plus grandes concessions sont actuellement gérées par EDF mais aussi Engie, via ses filiales CNR et SHEM.

Le PDG d'EDF s'est montré « confiant » de parvenir à une solution. « Nous devons encore travailler à ce stade à la pérennisation du modèle juridique, je ne suis pas encore au stade où je peux vous dire la solution que nous avons trouvée mais j'y travaille tous les jours », a-t-il dit.

Lire aussiL'hydroélectricité, une alternative suite au risque réel de coupure

Plus de craintes pour le reste de l'hiver

Si la France a évité le scénario noir de coupures électriques au cœur de l'hiver, c'est aussi grâce à des importations d'électricité. Car jamais le pays n'a produit aussi peu d'électricité qu'en 2022 sur les 30 dernières années, en raison en grande partie de l'arrêt de nombreux réacteurs nucléaires d'EDF affectés par des problèmes de fissures, d'après le bilan annuel de RTE. La « remontada » du parc nucléaire en fin d'année, couplée à une baisse de la consommation nationale d'électricité par les ménages et les entreprises, a également permis de ne pas connaître de coupures.

Le reste de l'hiver devrait d'ailleurs se passer sans encombre. Le risque de tensions sur le réseau électrique est en effet passé de « moyen » à « faible », selon l'actualisation de mi-février de RTE. « Le risque zéro n'existe pas, mais je dirais qu'on est quasiment sortis d'affaire », a d'ailleurs déclaré son président, Xavier Piechaczyk, le mois dernier.

Le recours au dispositif d'alerte Ecowatt ne peut toutefois pas être exclu « en cas d'événement climatique de grande envergure (vague de froid tardive et intense) » mais cela « apparaît peu probable vu d'aujourd'hui », complète RTE.

Lire aussiRisque de coupures d'électricité : la France est tirée d'affaire

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 02/03/2023 à 13:32
Signaler
Espérons que ces gens ont profité de la baisse de la consommation pour effectuer les travaux de réparation des centrales afin d'éviter qu'elles soient en état de fonctionnement afin de garantir la production et devoir restreindre les entreprises en...

à écrit le 02/03/2023 à 13:27
Signaler
Les barrages Hydroélectriques Français font partie de la souveraineté de la France en matière énergétique sans oublier que ces infrastructures ont été payées par les Français (comme les autoroutes entre autres...). Livrer ces infrastructures au pr...

le 02/03/2023 à 16:18
Signaler
Pour le manque d’entretien, les réseaux cités sont gérés en partie par les collectivités pour l’eau, par l’Etat pour la SNCF et pour le gaz. Les autoroutes gérées par le privé sont, elles, plutôt chères mais en bon état.

à écrit le 02/03/2023 à 11:13
Signaler
De Voynet à Hulot les écologistes portent une très grande responsabilité dans la crise énergétique actuelle. N'est-ce pas N. Hulot qui déclarait que le nucléaire "n’est plus une énergie d’avenir" et que "les énergies renouvelables associées à l’effic...

le 02/03/2023 à 13:35
Signaler
@cloclo87 Sur le fond, les écologistes ont raison. Le nucléaire est une bombe à retardement. Les énergies renouvelables ne sont possibles QUE dans un changement radical de notre mode de vie, de consommation. Vu que nous ne sommes pas prêts rapidem...

le 02/03/2023 à 17:02
Signaler
@Valbel89 Auditionné à l'Assemblée nationale en tant qu'ancien ministre de l’Économie et du Redressement productif de 2012 à 2014, Arnaud Montebourg a regretté une perte d'indépendance et de souveraineté énergétique "par nos propres soins". Fustig...

à écrit le 02/03/2023 à 10:31
Signaler
2019 : Bruxelles veut imposer à la France l'ouverture à la concurrence de 150 barrages hydroélectriques dont la concession arrive à échéance dans quatre ans (donc cette année ). Il répond ainsi à la volonté de la Commission qui s'était juré de fai...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.