Le patron de TotalEnergies pris à parti par des militants en pleine COP 27

Par latribune.fr  |   |  830  mots
Venu à Charm el-Cheikh en Egypte, le patron du géant pétrolier et gazier français s'apprêtait à rejoindre une conférence quant il a été interpellé par quelques militants.
Le patron du géant pétrolier et gazier français a été brièvement interpellé vendredi par quelques militants, qui reprochent à TotalEnergies de mener des projets en Russie et en Afrique de l'Est, ou encore sa participation à la COP2, une conférence sur le changement climatique, dont la cause première est l'usage des combustibles fossiles.

« Notre monde vit d'énergies fossiles, croire qu'on va changer le système en une nuit, ça ne marche pas », a déclaré le PDG de TotalEnergie, Patrick Pouyanné, à France Info après avoir été brièvement pris à parti par des militants de la cause environnementale et des droits humains qui condamnent la présence, en force, de représentants des énergies fossiles à la COP27.

Venu à Charm el-Cheikh, à l'invitation des Egyptiens, hôtes de la conférence de l'Onu sur le Climat, pour défendre l'action de l'industrie pétrolière, le patron du géant pétrolier et gazier français s'apprêtait à rejoindre une conférence quand il a été interpellé par quelques militants, le contraignant à brièvement s'abriter dans le pavillon de la Guinée.

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Ces derniers reprochent à TotalEnergies de mener des projets en Russie et en Afrique de l'Est, ou encore sa participation à une conférence sur le changement climatique - dont la cause première est l'usage des combustibles fossiles. « Aujourd'hui M. Pouyanné a été interpellé pour l'impact destructif de son entreprise, de l'Europe de l'est à l'Afrique », a commenté Global Witness sur Twitter. « Il est juste l'un des plus de 600 lobbyistes des industries fossiles qui ont envahi les négociations de l'ONU sur le climat », a ajouté l'ONG, qui estime que le nombre de ces lobbyistes est en hausse de plus de 25% par rapport à la COP26 qui a eu lieu l'année dernière à Glasgow. Selon ses calculs, « 636 lobbyistes des énergies fossiles, affiliés à certains des plus gros géants pollueurs du pétrole et du gaz, se sont inscrits pour les discussions climatiques à la COP27 ».

Campaigners from Ukraine and Uganda confronted @TotalEnergies CEO Patrick Pouyanné at #COP27 over Russian oil profits & climate breakdown.

He is just one of more than 600 fossil fuel lobbyists at COP this year.

 @EdwinnerMumbere @SvitlanaRomanko pic.twitter.com/8S5Qyzketd

— Global Witness (@Global_Witness) November 11, 2022

#COP27
I just asked @PPouyanne, CEO of @TotalEnergies
if he'll be
"using Russia's blood money to rebuild Ukraine?"
His answer:
"I'll probably."
The fossil fuel industry profits on a cycle of violence & greed & nothing else. We need to cut them down once & for all. pic.twitter.com/9wMvt3TxPc

— Svitlana Romanko (@SvitlanaRomanko) November 11, 2022

 « J'ai le droit d'être ici »

« J'ai le droit d'être ici », a répondu Patrick Pouyanné à l'un des militants. « Je vous respecte donc respectez moi, c'est tout ce que je vous demande », a-t-il ajouté. « Nous livrons du gaz à l'Europe parce que l'Europe en a besoin », a ajouté Patrick Pouyanné, dont l'entreprise a maintenu sa présence sur son site de gaz naturel liquéfié (GNL) sibérien, Yamal.

Deux jour plus tôt, Patrick Pouyanné se défendait déjà devant les députés français à l'Assemblée nationale sur le maintien de ce contrat de gaz naturel liquéfié (GNL) conclu par son groupe avec la Russie, affirmant qu'il servait avant tout au « bien-être » des Européens. Ce contrat est « uniquement justifié par la responsabilité d'amener du GNL en Europe », a souligné le PDG de TotalEnergies devant les députés de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. « Si nous continuons à rester en Russie, c'est parce que nous avons un contrat de gaz naturel liquéfié, et c'est pour le bien-être des populations européennes, pour assurer la sécurité d'approvisionnement de l'Europe.» Pour contrer le tarissement du gaz russe acheminé par gazoduc, l'Europe qui en était très dépendante a dû en effet diversifier ses approvisionnements en recourant au gaz naturel liquéfié (GNL), en provenance des Etats-Unis mais aussi de Russie notamment.

Le PDG a toutefois minimisé le poids de la Russie, « pas importante » pour l'entreprise, qui pourrait d'ailleurs en partir « demain matin » selon lui, assurant que TotalEnergie se désengageait « depuis le début de l'année (...) progressivement de tous les projets qui avaient uniquement une vocation domestique, nous en sommes sortis ». Il ne reste selon lui « qu'une participation dans l'usine de Yamal LNG, et ce fameux contrat de GNL » qui est « européen ».

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Des cris de coyotes s'invitent au discours de Biden

Le patron de TotalEnergie n'est pas le seul à avoir été chahuté vendredi à la COP27. Des manifestants imitant le cri du coyote ont tenté de perturber le discours du président américain Joe Biden, avant d'être escortés hors de la salle, ont constaté des journalistes de l'AFP. Quatre personnes se sont levées pendant ce discours très attendu sur le climat et ont tenté de déployer une banderole contre « les énergies fossiles ». Le président n'a toutefois pas cillé malgré les cris de canidés qui ont accompagné cette brève action, aussitôt interrompue par les agents de sécurité de l'ONU.

 (Avec AFP)