Le gaz naturel européen tombe ce jeudi à un nouveau plus bas depuis près de deux ans, en raison d'un marché bien approvisionné, des niveaux de stockage en Europe confortables et la hausse des températures qui plombe la demande.
A 16H00, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, évoluait à 29,90 euros le mégawattheure (MWh), juste après avoir touché les 29,85 euros le MWh, un prix plus jamais vu depuis juin 2021.
Depuis début 2023, le prix gaz naturel européen a fondu de plus de 60%, loin de son record historique atteint en mars 2022 à 345 euros le MWh. Il demeure toutefois à des niveaux inédits comparé aux années précédentes. En 2020, le gaz évoluait autour des 15 euros le MWh.
Baisse de la consommation
« Le niveau global de consommation de gaz naturel a continué à baisser » du fait des températures élevées en Europe, justifie dans une note Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb, alors que la demande de chauffage est la première source de consommation de gaz pour les particuliers. « Le réchauffement climatique réduit la demande de gaz pour le chauffage », précise-t-il, dans la mesure où les températures attendues dans les prochaines semaines restent plus élevées que la moyenne des dernières années.
« Les stocks sont proches des niveaux records pour cette période de l'année », ajoute Bjarne Schieldrop. L'Europe semble partie pour reconstituer ses stocks avant l'hiver prochain. « La crise énergétique européenne a effectivement été interrompue grâce à une adaptation exceptionnelle de l'UE à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie », affirme-t-il en référence à la diversification urgente des Européens en matière d'approvisionnement en gaz, capable en quelques mois de s'affranchir du gaz russe.
La Russie représente moins de 10% des importations de l'UE, contre 40% avant guerre
Avant guerre, la Russie représentait environ 40% des importations de gaz européennes, contre moins de 10% actuellement. Pour cela, les pays européens ont augmenté les livraisons par gazoduc de leurs partenaires historiques, Norvège et Algérie en tête. Puis, ils ont importé massivement du gaz naturel liquéfié, notamment du Qatar et des Etats-Unis pour compenser la fermeture progressive des gazoducs en provenance de Russie.
L'Union européenne a lancé la semaine dernière son premier appel d'offres commun pour des achats groupés de gaz. Ce dispositif doit permettre d'obtenir de meilleurs prix pour reconstituer les stocks avant l'hiver 2023-2024. Vingt-cinq fournisseurs participent à cet appel.
Les achats groupés européens doivent permettre d'éviter la situation de l'été 2022, où Etats et entreprises s'étaient précipités en même temps sur le marché du gaz pour constituer leurs stocks, alimentant la flambée des cours.