Nucléaire : Macron prêt à annoncer le lancement de six EPR d'ici à la fin de l'année

Par latribune.fr  |   |  665  mots
Jusqu'ici, la France affiche du retard dans la course à ces petits réacteurs. (Crédits : Reuters)
Emmanuel Macron ne compte pas abandonner le nucléaire. Selon Le Figaro, il souhaiterait annoncer d’ici Noël la construction de six nouveaux EPR. Déjà, la semaine dernière, il s'est engagé à investir un milliard d'euros dans cette énergie d'ici 2030 pour développer des "technologies de rupture", notamment des petits réacteurs, dits SMR ("small modular reactors").

Alors que, à six mois de l'élection présidentielle, le débat sur le renouvellement du parc énergétique français repart, le chef de l'Etat affiche ses positions. Selon le Figaro, Emmanuel Macron veut annoncer avant Noël la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR en France. Au printemps dernier, EDF a proposé au gouvernement un projet de construction de six EPR, dont le coût était estimé jusque-là à à 46 milliards d'euros. Fin 2020, le conseil d'administration de l'entreprise avait identifié formellement les sites capables d'accueillir les futurs EPR, à la centrale de Penly (Seine-Maritime), de Gravelines (Nord) et dans la région Rhône-Alpes. Objectif d'EDF : les lancer le plus tôt possible pour les mettre en service à partir de 2035, "car les procédures et la construction prennent du temps", avait déclaré en septembre Jean-Bernard Lévy, le PDG d'EDF.

Cette information intervient une semaine après les annonces du président de la République sur la relance du nucléaire en France. Emmanuel Macron s'est en effet engagé à investir un milliard d'euros dans l'énergie nucléaire d'ici 2030 pour développer des "technologies de rupture", notamment ces petits réacteurs, dits SMR ("small modular reactors"). Mais le chef de l'Etat, qui a souvent souligné les avantages du nucléaire dans la lutte contre le changement climatique, avait évité d'évoquer le sujet sensible des EPR lors de la présentation de son plan d'investissement France 2030. A cette occasion, il a en effet plutôt mis en avant ces petits réacteurs nucléaires modulaires, d'une puissance allant de 25 à 500 mégawatts, contre 1.600 MW pour l'EPR développé par EDF.

La France en retard dans les SMR

Or, jusqu'ici, la France affiche du retard dans la course à ces petits réacteurs alors que la Russie a déjà mis en service deux SMR flottants pour alimenter en électricité des zones reculées et que des démonstrateurs devraient voir bientôt le jour aux États-Unis et au Canada. Mais le gouvernement français ne compte pas perdre cette nouvelle bataille technologique. Et entend y mettre les moyens : le chef de l'Etat avait déjà alloué 50 millions d'euros au développement des SMR dans le cadre de son plan de relance et place désormais le développement de ces petits réacteurs au cœur du plan d'investissement France 2030.

L'avantage en effet est la facilité d'installation de ces SMR, qui contraste avec les difficultés de certains grands projets comme celui du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR de Flamanville (Manche). Les SMR sont conçus pour être fabriqués en série en usine puis transportés sur le lieu de leur exploitation. Un moyen de diminuer sensiblement les délais de construction par rapport aux réacteurs nucléaires classiques, contraints par des obligations de réalisation sur site. Le chantier de Flamanville (Manche) par exemple a connu d'important retards et surcoûts. Mais Xavier Ursat, directeur exécutif en charge de la direction Ingénierie et Projets nouveau nucléaire d'EDF, a confirmé lundi le calendrier officiel de cet EPR : "à la fin de l'année 2022 on chargera le combustible à Flamanville", "toute l'équipe est mobilisée sur ce planning".

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Au-delà de la construction de cet EPR, EDF vise également le lancement d'un premier chantier de petit réacteur nucléaire (SMR) en France autour de 2030, a indiqué lundi M. Ursat, qui destine ensuite ces réacteurs plutôt à l'export. En effet, à l'heure actuelle, seul un avant-projet de petit réacteur nucléaire baptisé "Nuward" est en cours de développement en France. Il doit permettre la création d'un prototype de SMR sur le sol français à l'horizon 2030, qui devrait ensuite servir de démonstrateur à l'étranger.

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