Plastique : le gouvernement lance un "pacte" autour des emballages

Par AFP  |   |  571  mots
Parmi les signataires: Auchan, Carrefour, Casino, Coca Cola Europe, Danone, Système U, Franprix, Monoprix, Unilever, L'Oréal, Nestlé France, représentant au moins la moitié du volume d'emballages plastique utilisés en France. (Crédits : Baz Ratner)
Plusieurs groupes de l'agroalimentaire et de la grande distribution se sont engagés jeudi à mieux recycler leurs emballages en plastique et à travailler à leur éco-conception voire à leur élimination. Mais cette approche purement volontaire est contestée par des ONG.

Selon la secrétaire d'Etat Brune Poirson, qui doit présenter d'ici l'été un projet de loi sur l'économie circulaire, voici "une étape majeure dans la lutte contre la pollution plastique": jeudi 21 février plusieurs groupes, notamment de l'agroalimentaire et de la grande distribution, ont signé avec le gouvernement et des ONG un "pacte" visant à réduire les emballages en plastique.

"Cette convergence sur le constat, le discours et les actions est inédite en France et unique en Europe", assure la secrétaire d'État.

Parmi les signataires: Auchan, Carrefour, Casino, Coca Cola Europe, Danone, Système U, Franprix, Monoprix, Unilever, L'Oréal, Nestlé France, représentant au moins la moitié du volume d'emballages en plastique utilisés en France -pour le conditionnement, le transport ou la protection des produits.

Des engagements évalués régulièrement

Ces entreprises s'engagent à "atteindre collectivement 60% d'emballages plastiques effectivement recyclés d'ici 2022" (contre 26% aujourd'hui), explique le communiqué de presse du gouvernement. Elles promettent également d'"éco-concevoir les emballages pour les rendre réutilisables, recyclables ou compostables à 100% d'ici 2025", ainsi que d'"établir une liste des emballages devant être désignés comme problématiques ou inutiles et pour lesquels des mesures pour leur élimination devront être prises".  Parmi les exemples concrets d'actions potentielles citées par le ministère, le remplacement des pailles en plastique et des barquettes en polystyrène (pour lesquelles il n'existe aujourd'hui pas de solution de recyclage viable économiquement), l'offre de certains produits en vrac et l'augmentation des taux de matière recyclée incorporée dans certains produits.

L'Etat, le WWF et la Fondation Tara, agissant comme garants, seront chargés de suivre la mise en oeuvre des engagements prévus par le texte. Un point des avancées sera réalisé tous les six mois dès 2021, et un bilan rendu public chaque année. "Ainsi, les entreprises signataires devront par exemple indiquer le taux de matières plastiques recyclées incorporées dans les emballages", souligne le ministère.

Pas d'objectif chiffré de réduction des emballages

L'idée d'un "pacte" s'est imposée devant la difficulté à légiférer sur cette question, pour des raisons pratiques (diversité des matériaux) ou même sanitaires, explique-t-on au ministère de la Transition écologique et solidaire. "Tous les acteurs comprennent qu'il est plus que jamais temps pour eux d'investir réellement la question sans quoi nous passerons de l'incitation à la sanction", souligne Brune Poirson, en réitérant ainsi une menace qui avait déjà plané en juillet 2018, lors de premiers engagements de l'industrie sur le plastique.

Mais les ONG Zero Waste et Surfrider, pour qui des mesures réglementaires contraignantes sont indispensables, rejettent cet argument. "Le pacte volontaire signé jeudi apparaît insuffisant pour inverser une tendance de croissance exponentielle", soulignent les ONG, relevant que, selon les prévisions du secteur, la production de plastique mondiale devrait croître de 40% ces 10 prochaines années, les emballages jetables représentant un tiers de cette augmentation.

Or, "si le pacte reprend des engagements positifs sur la progression du recyclage, il ne contient aucun objectif chiffré de réduction nette des quantités d'emballages utilisés, ce qui ne permet pas d'évaluer l'ambition réelle des entreprises signataires", arguent les associations.

Les emballages représentent aujourd'hui un tiers du plastique utilisé, mais près de 60% de celui que l'on retrouve dans la nature et notamment les océans.