Prix de l'énergie : "Dans une période exceptionnelle, c'est normal qu'on demande une aide exceptionnelle à EDF (Pompili)

Par latribune.fr  |   |  567  mots
EDF va vendre à un prix réduit jusqu'à 40% de sa production électrique en 2022, au lieu de vendre aux prix forts du marché. (Crédits : Reuters)
A quelques mois de l'élection présidentielle, le gouvernement d'Emmanuel Macron soutient à l'unisson sa politique de l'offre. Reste pourtant à chiffrer d'éventuelles nouvelles mesures qui visent à préserver le pouvoir d'achat des Français en pleine flambée des prix de l'énergie.

Pas moins de deux ministres sont venus défendre le choix du gouvernement de contraindre EDF à vendre davantage d'électricité nucléaire à bas prix à ses concurrents. Pour défendre cette décision, face à laquelle le PDG du groupe lui-même Jean-Bernard Lévy s'est fortement opposé, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili est montée au créneau. Elle juge qu'il est "normal de demander" à EDF d'aider à contenir la facture d'électricité des Français, soulignant que l'énergéticien ne vendrait "pas à perte" mais "gagnerait moins que prévu", mercredi au micro de Sud Radio.

"Je trouve que c'est normal qu'on demande cela à EDF, parce que c'est de l'argent de centrales nucléaires qui sont amorties" et "qui a payé pour la construction de ces centrales nucléaires? Ce sont les contribuables français, donc c'est normal que dans une période de crise, dans une période exceptionnelle, qu'on demande une aide exceptionnelle à EDF", a mis en avant la ministre.

Alors que quatre principaux syndicats du secteur énergétique ont lancé un appel à la grève à EDF le 26 janvier, afin de protester contre ces mesures, Bruno Le Maire s'est même dit, lui, prêt à aller plus loin. Après l'indemnité inflation de 100 euros versée à 38 millions de personnes et le versement exceptionnel de 100 euros en décembre pour les six millions de ménages bénéficiaires du chèque énergie, le blocage des prix du gaz... le ministre de l'Economie dit mercredi ne fermer "aucune porte"  sur BFMTV/RMC.

"L'indemnité inflation, le chèque énergie, ce que nous avons fait sur EDF, ce que nous faisons pour plafonner les prix du gaz: la facture de l'ensemble de ces mesures, c'est 15 milliards d'euros déjà engagés par l'Etat pour protéger les Français", a affirmé le ministre.

Pour rappel, à quelques mois de l'élection présidentielle, le gouvernement d'Emmanuel Macron fait face à une flambée des cours de l'énergie, dans un contexte de haute inflation.

Le prix du baril de Brent a atteint un record depuis plus de sept ans.

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Quelles nouvelles mesures d'endiguement, à quel prix ?

Interrogé sur l'opportunité de faire baisser à 5,5% le taux de TVA sur l'essence, contre 20% actuellement, Bruno Le Maire s'est montré prudent.

"Dix centimes d'euros de moins le litre, sur un plein de 50 litres, c'est cinq euros en moins" pour le consommateur mais "5 milliards" de pertes de recettes fiscales pour l'Etat, a-t-il assuré.

"Il faut bien mesurer les coûts que ça représente, le manque à gagner pour l'Etat, pour les services publics", a-ajouté le ministre, qui s'était déjà montré hostile à plusieurs reprises à une telle mesure.

De son coté, EDF va vendre à un prix réduit jusqu'à 40% de sa production électrique en 2022, au lieu de vendre aux prix forts du marché, et perdre environ 8 milliards sur son excédent brut d'exploitation 2022, selon le groupe.

La semaine dernière, Mme Pompili avait affirmé que "nous serons aux côtés d'EDF pour les aider à passer cette difficulté", relançant des spéculations sur une possible recapitalisation. L'Etat est en effet actionnaire de l'énergéticien à plus de 85%, avec une faible part de flottant (environ 15%), questionnant ainsi la place du groupe au CAC 40.

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(Avec AFP)