L'envolée du prix du pétrole inquiète les investisseurs

Les prix du Brent et du WTI évoluaient mardi à leur plus haut niveau depuis plus de sept ans, dopés par des perturbations de l'offre, de vives tensions géopolitiques et une remontée de la demande, malgré le variant Omicron.
Pour réduire le risque de flambée des cours, seule l'Opep+ (qui inclue la Russie et d'autres pays producteurs) peut agir. L'accord obtenu lors de la réunion du cartel en début d'année prévoit une augmentation de 400.000 b/j à partir de février
Pour réduire le risque de flambée des cours, seule l'Opep+ (qui inclue la Russie et d'autres pays producteurs) peut agir. L'accord obtenu lors de la réunion du cartel en début d'année prévoit une augmentation de 400.000 b/j à partir de février (Crédits : Reuters)

Le cours du baril de pétrole a atteint ce mardi en séance son plus haut niveau depuis octobre 2014, avant que le flot de brut américain issu de l'exploitation des schistes fasse s'écrouler les prix.

En séance, le baril de Brent de la mer du Nord, la référence européenne, a atteint les 88,13 dollars puis évoluait sous la barre des 88 dollars. Celui du WTI la référence américaine a touché les 85,74 dollars pour refluer vers la barre des 85 dollars.

Les perturbations de l'offre ont soutenu la tendance haussière avec des interruptions de production "en Libye, au Nigeria, en Angola, en Equateur et, plus récemment, au Canada en raison du froid extrême", selon Hussein Sayed, analyste chez Exinity, cité par l'AFP.

Prime de risque géopolitique

A cette amputation de la production, s'ajoute une prime de risque géopolitique. Lundi, des rebelles yéménites Houthis ont attaqué des installations civiles aux Emirats arabes unis, faisant trois morts. Une coalition militaire sous commandement saoudien a riposté par des raids aériens sur Sanaa, la capitale du Yémen aux mains des Houthis. Washington a aussi promis de "faire rendre des comptes" aux rebelles yéménites, soutenus par l'Iran.

Les regards sont aussi braqués sur la menace persistante d'une invasion de l'Ukraine par la Russie. Avec de nouvelles perturbations de l'approvisionnement en gaz russe de l'Europe, les prix de l'énergie, et donc du brut, pourraient encore augmenter, en raison de l'étroite corrélation des prix de ces différents carburants. En effet, nombre de producteurs d'électricité arbitrent en ce moment en faveur du diesel et du fioul à cause des prix stratosphériques du gaz naturel.

La demande pétrolière est également soutenue par les conséquences moins graves pour l'activité économique du variant Omicron du Covid-19.

A l'Opep, le respect de l'accord est essentiel

Pour réduire le risque de flambée des cours, seule l'Opep+ (qui inclue la Russie et d'autres pays producteurs) peut agir. L'accord obtenu lors de la réunion du cartel en début d'année prévoit une augmentation de 400.000 b/j à partir de février. Les pays membres devraient s'en tenir à cette stricte application pour le moment, d'autant que certains d'entre eux n'arrivent déjà pas produire au niveau de leurs quotas respectifs. Quant aux autres, ils profitent à la fois de volumes et de prix élevés.

L'Arabie saoudite avait affirmé au début de l'année que le respect de l'accord et des plafonds était essentiel. En d'autres termes, les membres disposant d'une capacité de réserve ne peuvent pas et ne doivent pas intervenir pour compenser le manque de production des membres qui ne sont pas en mesure de respecter leurs plafonds.

Dans son rapport mensuel publié ce mardi, l'Opep prévoit que le monde consommera 100,8 millions de barils de pétrole par jour en 2022, soit une hausse de 4,2 millions de barils par jour par rapport à 2021.

Vers un retour massif du pétrole de schiste américain

Dans ces conditions, la situation devrait faire revenir sur le marché la production de pétrole de schiste américain. Pendant la pandémie, le plongeon des cours du brut avait fait basculer dans l'insolvabilité des entreprises de forage de pétrole de schiste, dont le coût de production est bien plus élevé que le pétrole léger foré par exemple en Arabie saoudite.

De nombreux analystes s'attendent désormais à voir les prix du brut dépasser les 90 dollars le baril, voire la barre des 100 dollars, ce qui semblait encore impossible à envisager il y a quelques mois. Les analystes de Goldman Sachs voient par exemple le Brent atteindre 96 dollars cette année, puis 105 dollars en 2023, selon une note publiée lundi.

(avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 19/01/2022 à 9:04
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Combien représente cette manne pour le gouvernement face au chèque énergie? Cela ne devrait-il pas être soit reversé intégralement au monde producteur soit être mis de côté, en tout cas pas encourager le gouvernement à dépenser plus.

à écrit le 19/01/2022 à 8:47
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Un plus haut de sept ans ça veut dire qu'il faut vraiment avoir la mémoire courte. Y a un énorme problème de taxes idéologiques, ils sont en train de détruire l'économie par les prix de l'énergie, mais chut, c'est limite complotiste de le dire

à écrit le 18/01/2022 à 20:18
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Tant mieux, ça fait plaisir de voir le prix du pétrole remonter. L'énergie doit être chère, si on veut l'économiser

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