Quand le crowdfunding s’allie à l’énergie solaire et à la blockchain

Par Dominique Pialot  |   |  660  mots
Lumo, pour sa part, veut tester la multiplication des SolarCoins et leur valorisation grâce au crowdfunding.
En rejoignant une initiative internationale autour du solaire et de la blockchain, Lumo, plateforme française de financement participatif dédiée aux énergies renouvelables, veut donner une vraie valeur à une crypto-monnaie solaire.

Depuis deux ans, les particuliers producteurs d'énergie solaire de 21 pays peuvent recevoir des SolarCoins, une crypto-monnaie distribuée par la fondation américaine éponyme, indépendamment des éventuels soutiens publics apportés au secteur dans les pays concernés. Leur valeur d'échange, qui, sur la base de l'offre et la demande, plafonne aujourd'hui autour des 5 centimes, pourrait bientôt décoller grâce sous l'impulsion de la plateforme française de crowdfunding Lumo. Spécialisée dans les énergies renouvelables, celle-ci vient en effet d'intégrer l'initiative ElectricChain impulsée il y a quelques semaines lors d'un événement au MIT sur l'énergie et la blockchain.

ElectricChain a pour vocation d'accélérer le développement de l'énergie solaire, des objets connectés, et des projets utilisant la technologie blockchain. Elle fonctionne comme un incubateur où sont regroupés plusieurs projets concourant à un titre ou un autre à faire progresser ces sujets. Cela va de la recherche météorologique à l'espace en passant par des projets d'énergies renouvelables hors réseaux et de microfinance en Afrique. L'objectif est de construire un réseau d'au moins 7 millions d'installations solaires et d'y collecter des données à des fins scientifiques, météorologiques ou financières.

Valorisation des SolarCoins

Lumo, pour sa part, veut tester la multiplication des SolarCoins et leur valorisation grâce au crowdfunding. "Tous ceux qui auront participé au financement d'une centrale solaire recevront des SolarCoins", précise Alex Raguet, co-fondateur de Lumo. Ce qui va contribuer à les populariser et à multiplier le nombre de détenteurs ; d'autant plus qu'à l'issue d'une phase de test avec Lumo d'ici à janvier 2017, le système a vocation à être étendu à d'autres plateformes de crowdfunding en France et en Europe, ce qui contribuera à accroître la valeur des SolarCoins.

Dans un deuxième temps, fort de cette force de frappe réunie sous sa casquette de président de l'European Crowdfunding Network (ECN), Alex Raguet entend convaincre des partenaires acteurs de « l'impact investing » de valoriser ces SolarCoins pour acheter des biens ou services. Dans sa ligne de mire : des B Corp telles que Patagonia ou Natures et Découvertes, qui, à l'instar de Lumo, première startup française labellisée, ont pour point commun de combiner recherche de performance économique et poursuite d'objectifs environnementaux et sociaux. Mais aussi des entreprises visant les 100% d'énergies renouvelables membres de RE100 telles que Ikea, Nestlé, etc. On pourrait ainsi imaginer qu'au lieu de payer 100€, pour acquérir une veste Patagonia, un détenteur de SolarCoins puisse verser 90€ + 10 SolarCoins. Côté entreprises, cela pourrait s'inscrire dans le « 1% pour la planète », qui les engage à consacrer 1% de leur chiffre d'affaires à des associations ou projets éco-responsables.

Convertibilité étendue ?

Une centrale solaire installée à la Rochelle va être utilisée pour la phase de test. La valeur d'échange des SolarCoins est de 1 pièce pour 1 MWh. Selon la puissance des projets concernés, la somme correspondante sera répartie entre les personnes qui auront contribué à les financer. Ce test doit notamment permettre de valider l'appétence des Lumonautes - les utilisateurs de la plateforme Lumo - pour ces SolarCoins, ou encore de vérifier les aspects juridiques des contrats.

A terme, la blockchain garantissant la traçabilité des financements auxquels elles ont contribué, on peut imaginer que des collectivités acceptent de collecter une partie de l'impôt sous forme de SolarCoins.

D'autres monnaies digitales se développent (venant récompenser des projets éco-responsables) avec lesquelles la convertibilité est envisageable à plus ou moins brève échéance. On n'en est pas encore là, mais les Nations Unies elles-mêmes réfléchissent à des « crédits développement durable ». Octroyés sur décision d'un conseil semblable à celui qui agrée les mécanismes de développement propre (MDP) prévus par les marchés du carbone,  ils pourraient, à terme, avoir de multiples utilisations, jusqu'au remboursement de prêts accordés dans le cadre de l'aide au développement...