Suez sur le pied de guerre : le conseil sort les crocs face à Veolia, les salariés aussi

Par AFP  |   |  446  mots
Lundi 8 septembre, à La Défense, des employés de Suez se rassemblent devant le siège de l'entreprise pour protester contre les projets de rachat par Veolia qui font peser, selon la direction, la menace de "multiples cessions d'actifs locaux" voire d'un "démantèlement" de l'entreprise. Dimanche dernier, le patron de Suez Bertrand Camus dénonçait dans cette offre "une tentative de déstabilisation majeure d'une entreprise phare de notre pays". (Crédits : Reuters)
"Le Conseil d’Administration de Suez considère l’approche hostile de Veolia incompatible avec l’intérêt de la société et de ses parties prenantes", le message est clair et net. Dans son communiqué de ce matin, Suez dénonce et explique pourquoi ce nouveau "champion de l'environnement" que fait miroiter Veolia, est en fait un "mirage industriel". Il l'accuse d'omettre les "di-synergies" et coûts additionnels majeurs qui mèneraient à de "multiples cessions d'actifs locaux" et à un "démantèlement" au moment où les 90.000 salariés de Suez expriment de grandes "craintes légitimes sur la préservation de leur emploi".

Le conseil d'administration de Suez, dont Veolia souhaite racheter la participation détenue par Engie, dénonce un projet "hostile" et apporte un soutien entier aux dirigeants du spécialiste de la gestion de l'eau et des déchets, indique-t-il jeudi dans un communiqué.

Réuni mercredi, le conseil d'administration de Suez a considéré à l'unanimité des présents (les représentants d'Engie n'y ont pas pris part) "que le projet d'opération hostile annoncé par son concurrent Veolia, le 30 août 2020, est incompatible avec l'intérêt de Suez", est-il précisé.

"Le Conseil apporte son plein soutien à l'équipe de direction."

Un prix jugé bien trop bas

Il conclut également que "le prix proposé par Veolia à Engie se situe à un niveau très significativement inférieur à la valorisation intrinsèque de Suez", alors que Veolia a transmis au géant de l'énergie une offre à 2,9 milliards d'euros pour sa participation de 29,9% dans le capital de Suez.

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Le "champion de l'environnement" vanté par Veolia, un "mirage industriel"

Cette approche de Veolia, également jugée "opportuniste", porte de "grandes incertitudes" et "soulève de nombreuses critiques fondamentales", poursuit Suez.

"La structure d'ensemble proposée par Veolia est contestable et expose Suez à un risque de prise de contrôle dans des conditions inacceptables. Le projet pose d'importants problèmes de concurrence et réglementaires, en France et à l'étranger. Le +grand champion+ constitue un mirage industriel dans les services à l'environnement", regrette notamment Suez.

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Menaces de "di-synergies" et de "démantèlement"

Selon l'industriel, le groupe concurrent, qui met en avant des synergies liées à la prise de contrôle, omet des "di-synergies" et des coûts additionnels majeurs qui mèneraient à de "multiples cessions d'actifs locaux" et à un "démantèlement" alors que les 90.000 salariés de Suez ont exprimé de grandes "craintes légitimes sur la préservation de leur emploi".

Veolia souhaite racheter son concurrent historique et a annoncé le 30 août une offre valable jusqu'au 30 septembre portant sur l'essentiel des parts détenues par Engie. Si ce rachat se concrétisait, Veolia prévoit de lancer ensuite une OPA sur le reste des actions.

"Tentative de déstabilisation majeure d'une entreprise phare"

Le 6 septembre, le patron de Suez Bertrand Camus avait estimé dans Le Figaro que cette offre était "aberrante pour Suez et funeste pour la France, dénonçant même "une tentative de déstabilisation majeure d'une entreprise phare de notre pays".

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