TotalEnergies, EDF et Engie lancent un cri d'alarme : économisez l'énergie pour éviter les pénuries cet hiver !

Par latribune.fr  |   |  703  mots
(Crédits : Reuters)
Les trois énergéticiens français lancent un appel solennel aux citoyens pour qu'ils réduisent dès aujourd'hui leur consommation d'énergie, afin de pouvoir accélérer la reconstitution des stocks de gaz avant l'hiver, indiquent-ils dans une tribune publiée par le JDD. C'est aussi une mise en garde à l'égard du gouvernement, qui n'a pas pris la mesure de l'enjeu, alors que l'Agence internationale de l'énergie avait dès le mois de mars appelé à l'adoption de mesures de sobriété énergétique.

Alors que débute la période estivale, les dirigeants des trois énergéticiens français TotalEnergies, EDF et Engie demandent aux Français de réduire "immédiatement" leur consommation de carburant, pétrole, électricité et gaz face au risque de pénurie et de flambée des prix qui menacent "la cohésion sociale" l'hiver prochain.

"L'effort doit être immédiat, collectif et massif. Chaque geste compte", alertent dans une tribune commune publiée par le Journal du Dimanche, Patrick Pouyanné (TotalEnergies), Jean-Bernard Levy (EDF) et Catherine MacGregor (Engie). Pour la France, comme pour le reste de l'Europe, l'enjeu est de reconstituer les réserves de gaz pour faire face aux besoins l'hiver prochain. L'Allemagne a déjà activé son plan d'alerte

De son côté, l'Allemagne se prépare d'ores et déjà à des pénuries pour la fin de l'année. Elle n'a eu d'autre choix que d'activer jeudi le niveau 2, dit d' « alerte », de son plan d'urgence sur l'approvisionnement en gaz, devenu une « ressource rare », a prévenu le ministre de l'Economie et du Climat, Robert Habeck. Soit le dernier palier avant l'organisation d'un rationnement par l'Etat, prévue dans la phase 3, afin de répartir les volumes entre particuliers, administration et industrie.

En France, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé jeudi la construction d'un nouveau terminal flottant au Havre pour doper les capacités d'importation de la France de gaz liquéfié. Un mécanisme de garantie publique doit également permettre de pousser les niveaux de stockage de gaz à 100% d'ici la fin de l'été, contre 58% actuellement. Trois groupes de travail doivent voir le jour pour généraliser les économies d'énergie dans tous les pans de l'économie. Objectif : réduire la consommation d'énergie de 10 % en deux ans.

Mais ces mesures tardives seront-elles suffisantes? Car aux difficultés d'approvisionnement en gaz lié aux conséquences de la guerre en Ukraine, s'ajoutent des "tensions" sur les capacité de production électrique pilotable en Europe, et une production hydraulique "amputée" en raison de la sécheresse, expliquent les trois patrons français.

"La meilleure énergie reste celle que nous ne consommons pas", soulignent-ils appellant à "une prise de conscience et à une action collective et individuelle pour que chacun d'entre nous - chaque consommateur, chaque entreprise - change ses comportements et limite immédiatement ses consommations énergétiques, électriques, gazières et de produits pétroliers".

Chasse au gaspillage

Si l'appel solennel des patrons énergéticiens s'adresse aux consommateurs, ils visent aussi les pouvoirs publics pour qu'ils accélèrent la mise en place d'une telle politique d'économie. Ils souhaitent le lancement d'un "grand programme d'efficacité énergétique" et une "chasse au gaspillage nationale". "Acteurs industriels responsables, nos trois groupes s'engagent à collaborer activement", affirment les patrons, d'ordinaire plutôt en concurrence sur les sujets de transition énergétique, qui voient fleurir des investissements massifs mais pas toujours coordonnés dans les énergies renouvelables, le nucléaire et l'hydrogène notamment.

En mars dernier, à peine quelques semaines après le début du conflit, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) avait publié deux plans qui énonçaient chacun 10 mesures pour économiser le gaz et le pétrole.

"Plus personne ne se fait d'illusions. L'utilisation par la Russie de ses ressources en gaz naturel comme arme économique et politique montre que l'Europe doit rapidement se préparer à faire face à de considérables incertitudes sur l'approvisionnement en gaz russe l'hiver prochain", mettait en garde à l'époque Fatih Birol, le directeur exécutif de l'AIE.

Plusieurs mois déjà perdus

Pour ne pas avoir pris la mesure des conséquences du conflit, plusieurs mois ont d'ores et déjà étaient perdus, notamment en France. Ainsi quand le chef de l'État a présenté fin février son vaste plan censé transformer le mix électrique de la France pour assurer la transition énergétique, le sujet de la sobriété, qui implique d'accompagner les citoyens pour qu'ils limitent leur consommation d'énergie, en leur permettant d'adopter des comportements plus vertueux, brillait par son absence. Le terme reste en partie tabou, jusqu'à être assimilé par Emmanuel Macron à une forme d'austérité, néfaste pour le pouvoir d'achat des Français.