Un iceberg de la taille du Jura va se détacher de la banquise en Antarctique

Par Jérôme Cristiani  |   |  463  mots
Le bloc de glace géant ne s'est pas encore complètement détaché de Larsen C, mais pourrait offrir un spectacle aussi désolant que celui de cet immense iceberg (64 km de long sur 17 km de large) qui s'était détaché en octobre 1999 de la banquise antarctique, ici aperçu dérivant au sud du Cap Horn. (Crédits : Reuters)
Jusqu'à récemment, la glace antarctique (pôle Sud) était bien moins touchée que la banquise arctique (pôle Nord) par le réchauffement climatique : mais celui-ci s'accélère plus vite que prévu et les scientifiques sont de plus en plus déboussolés par l'ampleur du phénomène.

Ce devrait être l'un des plus gros icebergs jamais vus dérivant à la surface des océans : le morceau de banquise qui est sur le point de se détacher de la barrière de Larsen, dans l'Antarctique est presque aussi grand que le département du Jura.

Larsen C, une étendue de glace côtière de la péninsule Antarctique, se fissure lentement depuis plusieurs années, mais le processus s'est brutalement accéléré le mois dernier, rapportent des scientifiques de l'université de Swansea, au Pays de Galles. La fracture s'étend désormais sur 80 kilomètres et il n'en reste que 20 pour retenir l'étendue de glace en train de se détacher.

"Larsen C est sur le point de perdre une surface de plus 5.000 km² après une nouvelle progression de la fracture", avertissent les chercheurs du Projet Midas, dans un communiqué.

La crainte d'une réaction en chaîne

L'événement, ajoutent-ils, "va changer fondamentalement l'aspect de la péninsule antarctique" et pourrait provoquer d'autres fracturations.

Les scientifiques craignent que le recul de la banquise dû au réchauffement climatique ne provoque une accélération du glissement des glaciers vers la mer, ce qui pourrait se traduire par une élévation du niveau de l'eau à l'échelle mondiale.

Plusieurs étendues de banquise se sont déjà fracturées récemment sur la côte nord de l'Antarctique, dont celles de Larsen A et B, qui se sont respectivement désintégrées en janvier 1995 et en février 2002 (voir ci-dessous).

Le 26 décembre 2016, dans une série en 5 volets publiée dans La Tribune, Didier Schmitt, ancien membre du Bureau des conseillers de politique européenne, rappelait :

"Bien que protégé par un courant marin circumpolaire, les eaux côtières antarctiques se réchauffent et les langues glaciaires ont commencé à fondre plus vite à leur embouchure. C'est un cercle vicieux qui a démarré ces dernières années avec l'accélération du glissement et donc du déversement des calottes vers la mer."

Une combinaison de photographies aériennes prises en février et mars 2002 de parties de la plate-forme Larsen B dans l'Antarctique montre différents aspects des étapes finales de l'effondrement. Les images montrent (dans le sens des aiguilles d'une montre depuis le haut à g.) l'étagement se brisant près de Foca Nunatak, une fissure dans la calotte près du cap Desengano, une cascade d'eau provenant de la fonte de la glace de près de 30 mètres s'écoulant depuis la surface de l'entablement glaciaire, l'éclatement de la banquise près du cap Foyn. ©Reuters/Stringer

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> VOIR AUSSI : Comment la Nasa observe la fonte des glaces de l'Antarctique et la faille de Larsen C

(Avec Reuters)