Florange : le bras de fer se poursuit à l'Élysée

Par Romain Renier  |   |  597  mots
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Les métallos de Florange sont attendus à l'Élysée ce mercredi, déterminés à défendre la nationalisation du site mosellan. Cette piste avait pourtant été enterrée par ArcelorMittal et Jean-Marc Ayrault. Mais les syndicats ne lâchent pas et insistent sur le vote d'une loi forçant les industriels à céder un site rentable qu'ils entendent fermer. Une vieille promesse de campagne de François Hollande.

A peine François Hollande sera-t-il de retour de son voyage à Berlin, où il était parti célébrer les cinquante ans d'une amitié franco-allemande étriquée, qu'il aura à se plonger à nouveau dans le vif. Car les métallos de Florange, loin d'avoir baissé les bras dans leur lutte pour la nationalisation complète des filières chaud et froid du site mosellan, ont inscrit leur venue à l'Élysée à l'agenda présidentiel de ce mercredi. En route vers le palais de la rue du Faubourg Saint Honoré, Edouard Martin (CFDT) a affiché sa détermination : "on ne sait pas par qui, peut-être le concierge, mais on sera reçus." Les coups d'éclat ont déjà commencé. Des employés du site mosellan se sont ainsi enchaînés ce mercredi matin aux grilles d'une fenêtre de Matignon.

Une loi pour forcer à céder les sites rentables voués à la fermeture

Objectif pour les métallos: relancer le président de la République sur la promesse qu'il avait faite le 24 février 2012, en pleine campagne présidentielle, de proposer une loi obligeant un industriel à céder une usine rentable promise à la fermeture. Loi pour laquelle le gouvernement aurait déjà donné son feu vert selon le ministre en charge des Relations au Parlement Alain Vidalies.

"Après 18 mois de lutte, nous attendons que Monsieur le Président tienne sa promesse et qu'il nationalise le site afin de permettre à un repreneur d'investir", dit la pétition lancée par les métallos de Florange qui a recueilli plus de 30.000 signatures.

Les métallos de Florange ne lâchent pas

Les actions sur le site mosellan n'ont jamais cessé depuis le 5 décembre dernier, jour où des employés du site avaient été reçus à Matignon pour recevoir une nouvelle au goût amer. Ni reprise, ni nationalisation n'étaient au programme.

Les bisbilles entre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avaient alors provoqué d'importants remous au sein du gouvernement. De fait, Jean-Marc Ayrault, opposé à une nationalisation temporaire, avait coupé l'herbe sous le pied d'Arnaud Montebourg en négociant directement un accord avec ArcelorMittal, visant la sauvegarde des emplois, mais pas le sauvetage des hauts-fourneaux . Allant jusqu'à signer sa lettre de démission, Arnaud Montebourg avait finalement été rattrapé de justesse par Edouard Martin, la figure emblématique de la lutte à Florange, et par le président de la République en personne. De quoi accorder au ministre du Redressement productif un peu plus de poids dans les discussions au sein du gouvernement.

ArcelorMittal ne s'inquiète pas

Mais la pression exercée sur l'exécutif par les métallos de Florange n'inquiète guère ArcelorMittal. "Pour nous il y a l'accord passé avec le gouvernement, on ne voit pas comment il pourrait être remis en cause," explique une source proche de la direction générale d'ArcelorMittal France. Il est vrai qu'on voit mal comment le président de la République pourrait vouloir l'application au site de Florange d'une telle loi, si elle venait à être votée, sans désavouer Jean-Marc Ayrault. En assumant "parfaitement ce qui a été décidé", le Premier ministre s'était de fait exposé personnellement.

Pourtant, du côté des syndicats, on veut y croire. Après tout, le projet de loi doit être baptisé "loi Florange". "On ose espérer que si la loi s'appelle Florange, elle sera appliquée au site de Florange" a d'ailleurs relevé Lionel Buriello, réprésentant CGT à ArcelorMittal. Le bras de fer continue.