TGV : la Cour des comptes critique un "réseau coûteux et peu cohérent"

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  530  mots
La Cour des comptes souligne la fréquentation stagnante du TGV, associée à une rentabilité des lignes en baisse "au fil de nouveaux projets de plus en plus coûteux".
En finir avec le "tout-TGV"? Un rapport estime que les projets ont été surestimés, les projections de fréquentations, mal évaluées. En outre, les opérateurs n'ont plus les moyens financiers de poursuivre le développement des lignes à grande vitesse.

Dans un rapport publié jeudi 23 octobre, la Cour des comptes a vertement critiqué le modèle qui a prévalu au développement des lignes à grande vitesse en France.

Elle juge que le développement irraisonné des lignes à grande vitesse a abouti à un réseau couteux et peu cohérent. "Les rames de TGV desservent 230 destinations et passent 40% de leur temps en moyenne sur les lignes classiques, ce qui nécessite en outre un parc important de rames", écrivent les sages. Autrement dit, pour de nombreuses destinations, le TGV n'est pas nécessaire puisqu'elles ne sont pas desservies par des lignes à grande vitesse.

La Cour recommande en outre de privilégier d'autres moyens de transports comme les autocars en allégeant la réglementation à laquelle ceux-ci sont soumis. Il s'agit d'en finir avec le "tout-TGV".

Des fréquentations surestimées

Les projets de LGV en cours doivent également mieux prendre en compte une "évaluation socio-économique". Elle suggère que les moyens financiers soient concentrés sur l'entretien du réseau, et ne pas financer des projets non rentables. La Cour des comptes affirme que trop souvent, les projets de LGV ont surestimé les projections de fréquentation.

Résultat aujourd'hui: "Sur certaines liaisons, les principales conditions de pertinence d'une ligne à grande vitesse (LGV) ne sont pas remplies" et le modèle est "à bout de souffle", son "coût devenu non soutenable".

La Cour des comptes tire la sonnette d'alarme sur le financement des projets déjà actés. D'après elle, le financement n'est pas assuré en raison du "haut niveau d'endettement de Réseau Ferré de France (RFF)". Désormais, il faudra également compter sans l'écotaxe qui était censé financer le développement ferroviaire via l'Agence de financement des infrastructures de transport de France. Or, le rapport souligne que cette dernière "n'a déjà pas été en mesure d'honorer ses engagements budgétaires en 2013".

30 millions d'euros le kilomètre

Le travail de la Cour des comptes "porte sur les décisions de construction de lignes à grande vitesse. Ca ne concerne pas la SNCF, ça concerne d'abord le gouvernement et les élus", avait souligné le président de la SNCF Guillaume Pepy sur SNCF La radio, faisant état d'un coût de construction de "30 millions d'euros au kilomètre".

"Les TGV aujourd'hui dégagent du bénéfice", avait-il ajouté, déclarant toutefois que la SNCF devra, "dans les 3 à 5 ans qui viennent, [...] baisser les coûts de production du TGV pour pouvoir toujours baisser les prix".

La marge opérationnelle divisée par plus de deux

Car la Cour des comptes le souligne, la fréquentation stagnante du TGV, associée à une rentabilité des lignes en baisse "au fil de nouveaux projets de plus en plus coûteux", ont fait passer sa marge opérationnelle "de 29% du chiffre d'affaires en 2008 à 12% en 2013".

La SNCF avait dû procéder en février à une importante dépréciation de la valeur comptable de son parc de TGV, et même le cahier des charges du très attendu TGV du futur d'Alstom, prévu pour 2018, est passé d'un modèle haut de gamme à un train moins coûteux par passager.