Sans surprise, la chimie a souffert du choc de la guerre en Ukraine, et de l'explosion consécutive des prix du gaz et de l'électricité dont elle est grande consommatrice. L'industrie chimique française a ainsi vu sa production dégringoler de 3,3% l'an dernier en France, après avoir connu un rebond de 5,8% en 2021 sur fond de reprise post-Covid.
Ce recul est toutefois moins important que la moyenne européenne, grâce à la solidité de l'activité dans le secteur des savons et des parfums qui ont affiché de fortes croissances. Chez nos voisins, l'emblématique chimie allemande a subi une dégringolade de 11,9% du prix de sa production l'an dernier, quand elle était de -6,2% sur l'ensemble de l'UE.
Faible confiance chez les industriels
Au-delà des prix de l'énergie, les groupes tricolores ont dû faire face à une l'inflation généralisée et à des incertitudes quant à la demande mondiale. Autant de difficultés qui demeurent cette année. « L'année 2023 devrait être à nouveau difficile pour la chimie (...) la dynamique qu'on avait connue jusqu'à maintenant pourrait s'essouffler », a expliqué mardi le président de l'association France Chimie, Luc Benoit-Cattin, lors d'une conférence en ligne.
« On a plutôt un niveau bas de confiance de nos adhérents », avec un tiers d'entre eux qui « anticipent une réduction des investissements ou un gel des recrutements », a ensuite poursuivi le responsable de l'organisation interprofessionnelle qui regroupe 1.200 entreprises du secteur en France et 225.000 salariés. En conséquence, France Chimie s'attend à un nouveau repli de la production en 2023
Le syndicat du secteur s'inquiète du déficit de compétitivité de l'Europe qui « s'amplifie » en raison du plan massif de soutien aux industries vertes made in USA de 400 milliards de dollars, l'inflation reduction act (IRA), lancé par Joe Biden, au moment où les Etats-Unis profitent d'un coût de l'énergie défiant toute concurrence européenne.
Prix de l'énergie au plus bas aux Etats-Unis
Le prix d'un kilo d'hydrogène décarboné produit aux Etats-Unis et vendu en Europe s'élève ainsi à « 2 euros du kilo » alors qu'il faut « 7 euros en Europe » pour produire un kilo d'hydrogène décarboné, en raison notamment des prix de l'énergie, selon France Chimie.
« Même avec un prix de l'électricité normalisé autour de 50 euros du mégawattheure, nous serions toujours à 4 euros du kilo en Europe, nous aurions toujours un écart de compétitivité », a déploré son président.
Luc Benoit-Cattin exhorte les responsables européens à mener la « réforme cardinale du marché de l'électricité en Europe ». L'industrie chimique française a, à elle seule, chiffré ses besoins à 7 Twh supplémentaires d'énergie pour faire tourner son activité en 2030, soit +30% de consommation par rapport à aujourd'hui.
Ce mardi, l'Assemblée générale de France Chimie a désigné son nouveau président avec un mandat de trois ans : Frédéric Gauchet, qui était jusqu'à présent vice-président de l'association. Passé par TotalEnergies et Vinci, Frédéric Gauchet a lancé en 2004 sa société Minafin qu'il dirige encore. L'entreprise spécialisée dans la chimie fine produit des intermédiaires et des principes actifs pharmaceutiques, ainsi que de la chimie verte. Avec six sites industriels, elle emploie plus de 900 personnes.Frédéric Gauchet, nouveau président de France Chimie