En France, le prix de l'électricité atteint 1.000 euros le Mégawattheure contre 85 euros l'an passé

Par latribune.fr  |   |  960  mots
Ce vendredi, les prix de l'électricité ont battu de nouveau records atteignant 1.000 euros/MWH euros et 850 en Allemagne. (Crédits : Reuters)
En Allemagne et en France, les prix de l'électricité ont battu de nouveaux records atteignant respectivement 1.000 euros et 850 euros/MWH. Cette situation s'explique tant par les baisses de livraisons de gaz russe, que par la baisse de la production des centrales nucléaires françaises. Pour répondre à cette crise de l'énergie, le Premier ministre Tchèque, Petr Fiala, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne, a annoncé une réunion d'urgence des ministres de l'Energie.

Les records s'enchaînent pour les prix de l'énergie, au grand dam de l'Europe. Pour rappel, l'an passé, les prix de gros de l'électricité en France et en Allemagne étaient d'environ 85 euros le Mégawattheure. Ce vendredi, ils ont battu de nouveaux records atteignant respectivement 1.000 euros/MWH et 850 euros/MWH.

Des sommets ont également été atteints par le gaz. Le 22 août dernier, le mégawattheure culminait à 295 euros, soit un niveau plus de six fois supérieur aux prix observés il y a un an, avant d'atteindre 300,165 euros le MWh deux jours plus tard. Pour décembre prochain, spécifiquement, le mégawattheure d'électricité s'échange déjà à plus de 1.600 euros, un niveau extraordinaire.

Comme depuis six mois, c'est la guerre en Ukraine qui fait principalement grimper les tarifs de l'énergie, à commencer par le tarissement des flux de gaz russe vers l'Europe. Et pour cause, un grand nombre de centrales thermiques utilisent du gaz pour générer de l'électricité. Le géant gazier russe, Gazprom, a, en effet, annoncé récemment une suspension complète de l'approvisionnement en gaz russe via Nord Stream 1 pour une période de trois jours. Or, les Européens craignent que le gazoduc reste inopérant à l'issue de travaux de maintenance. Le gaz se faisant plus rare, son prix est également à des niveaux record de prix.

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Une production nucléaire française en berne

Même phénomène du côté de la production des centrales nucléaires qui ne cesse de se tarir. Seuls 24 des 56 réacteurs nucléaires d'EDF fonctionnent en ce moment, notamment en raison d'un problème de corrosion, ce qui réduit la production électrique française à un niveau historiquement bas, et fait mécaniquement augmenter les prix. « La nuit de mardi illustre bien la gravité de la situation électrique française. Même durant une nuit d'été, la France importe 25% de son électricité (12GW) », a indiqué Thomas Pellerin-Carlin, directeur du Centre Energie de l'Institut Jacques Delors. Selon lui, la « principale cause » est la « faible production nucléaire. A la même heure en 2021, le nucléaire produisait 18GW de plus », précise-t-il.

EDF a déjà largement abaissé ses prévisions de production nucléaire pour cet hiver, avec 280 à 300 térawattheures (TWh) seulement générés cette année (contre environ 400 en temps « normal »). Jeudi dernier, le fournisseur historique a, en outre, annoncé que cinq réacteurs verront leur arrêt prolongé de plusieurs semaines.

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Des mesures d'économie d'énergie

Pour tenter d'éviter les pénuries cet hiver, l'Union européenne et les Etats membres sont en train de mettre en place des plans d'économies d'énergie et de sobriété. L'Allemagne a, ainsi, promulgué une série de mesures allant en ce sens et imposant de plafonner le chauffage dans les administrations et bâtiments publics à 19 degrés à partir du 1er septembre. Il sera même limité à 12 degrés là où les employés exercent un travail physique intensif. Il sera éteint dans les parties communes comme les couloirs et il n'y aura plus d'eau chaude pour se laver les mains. Dans les entreprises, les températures minimales à respecter seront abaissées ; une manière d'inciter, sans contraindre, le secteur privé à participer à l'effort.

De son côté, le gouvernement espagnol a fait valider par les députés des mesures portant principalement sur la limitation de la climatisation à 27°C dans les espaces commerciaux, les établissements culturels (cinémas, théâtres) et les infrastructures de transports, comme les aéroports ou les gares. De même, ces lieux devront limiter le chauffage à un maximum de 19°C cet hiver. Le texte stipule également que les lumières des vitrines des magasins, et l'éclairage des bâtiments publics, doivent être éteints à partir de 22h00. En outre, les locaux climatisés ou chauffés auront l'obligation d'installer d'ici au 30 septembre un mécanisme assurant la fermeture automatique de leurs portes afin d'éviter le gaspillage énergétique.

« Un problème paneuropéen »

Au-delà des initiatives des Etats, l'Union européenne veut réfléchir collectivement. Le Premier ministre Tchèque, Petr Fiala tchèque, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne, a déclaré, ce vendredi que son pays « convoquera une réunion d'urgence des ministres de l'Energie afin de discuter de mesures d'urgence spécifiques pour faire face à la situation énergétique ». Le ministre tchèque de l'Industrie et du Commerce, Jozef Sikela, a également déclaré que le conseil européen de l'énergie devait se réunir « le plus tôt possible ». « Nous sommes dans une guerre énergétique avec la Russie et cela nuit à l'ensemble de l'UE », a-t-il déclaré dans un tweet.

En effet, il attribue à la guerre en Ukraine la responsabilité des bouleversements que connaît actuellement le marché de l'énergie. « Dans une certaine mesure, le marché est devenu incontrôlable, la volatilité du marché ne répond plus aux bonnes nouvelles, alors que les mauvaises nouvelles s'accumulent et font grimper les prix », a-t-il déclaré mercredi à la presse.

Mais pour le ministre Tchèque, « c'est un problème de toute l'Europe et bien sûr, si vous avez le marché européen et un problème paneuropéen, la façon la plus simple de chercher une solution est au niveau paneuropéen ».  Parmi les solutions possibles, il a mentionné les plafonds de prix et la diversification des prix en fonction du type de production d'énergie.

(Avec AFP)