4,7 milliards d'euros : la valeur des marchandises volées ou "perdues" en France en 2013

Par Giulietta Gamberini  |   |  630  mots
Au niveau mondial comme en Europe, la déperdition est toutefois en baisse, souligne l'étude.
L'équivalent de 1,09% du chiffre d'affaires des distributeurs français a ainsi disparu des stocks, révèle une étude publiée ce jeudi 6 novembre. 58,5 % des pertes étaient dues au vol à l'étalage.

Les vols et autres pertes de marchandises coûtent des milliards aux détaillants français. Plus précisément, la démarque inconnue, c'est-à dire l'écart entre ce qu'un commerçant ou grand distributeur pense avoir en stock et ce qu'il a en réalité, était évaluée en France à 4,685 milliards d'euros en 2013, selon la dernière édition du "Baromètre mondial du vol dans le commerce et la distribution" publié jeudi. Soit 1,09% du chiffre d'affaires des grands distributeurs français.

103 milliards d'euros au niveau mondial

"A l'apparence anodin, ce pourcentage est très significatif s'il est rapporté à la rentabilité des grands distributeurs, qui en France est en moyenne comprise entre 1,5 et 3%", souligne  Patrice Bahuaud, directeur général de la société qui a commandité l'étude, Checkpoint Systems. "Il prend encore davantage de poids si l'on considère que dans certains réseaux la croissance est désormais atone: dans celui de la distribution alimentaire, par exemple, elle est inférieure à 1%. Les commerçants et distributeurs se refocalisent donc sur les coûts", insiste-t-il.

Au niveau mondial, la valeur des pertes atteint d'ailleurs 103 milliards d'euros, c'est à dire 1,29% des ventes au détail, précise l'étude, réalisée auprès de 222 détaillants situés dans 24 pays et ayant généré en 2013 presque 596 milliards d'euros de ventes l'année dernière. Par ménage, cela représente un coût variant entre 59 et 433 euros selon le pays et évalué à 215 euros en France.

65% des pertes mondiales sont dues au vol à l'étalage ou d'employés

Dans l'Hexagone, 58,5 % des disparitions de marchandises sont dues au vol à l'étalage, "dont le caractère est souvent professionnel, c'est-à-dire organisé (parfois en bandes), prémédité, destiné à la revente, effectué en magasin ou dans la chaîne d'approvisionnement", explique Patrice Bahuaud. Il est suivi de loin par le vol des employés malhonnêtes (16,7 %) ainsi que par les pertes administratives (16,8 %), alors que la fraude des fournisseurs est responsable du phénomène à 8 %.

Au niveau mondial, 65% de la démarque inconnue est due au vol à l'étalage ou d'employés. Le premier en est la cause majeure dans 16 des 24 pays analysés. Les objets petits et chers, tels que les bijoux, les smartphones et les batteries, sont les plus susceptibles d'être volés.

Un phénomène en baisse

Au niveau mondial comme en Europe, la déperdition est toutefois en baisse, souligne l'étude. Et l'amélioration est particulièrement sensible en France, où la démarque inconnue a diminué de plus de 22%. Un résultat qui découle directement des "efforts entrepris pendant les dernières années par les distributeurs pour mieux identifier les causes du phénomène, en fonction du stade du processus où on constate l'écart lors de contrôles internes", note Patrice Bahuaud, pour qui "cela permet de recourir à une prévention adaptée".

Au total, en France, cette dernière a coûté 2,1 milliards d'euros en 2013, soit 0,49 % des ventes.

La "protection à la source" en croissance

Ainsi, "la formation et la sensibilisation de l'ensemble du personnel des grands distributeurs se développe", remarque l'expert, qui souligne aussi une autre tendance: celle "au développement de la protection à la source".

"L'insertion de puces dans certains objets -notamment les biens technologiques et les textiles- au moment de leur production garantit une meilleure traçabilité et permet des contrôles automatiques plus rapides et fiables", explique-t-il. "Celles-ci présentent aussi l'avantage de laisser au grand distributeur la possibilité d'exercer son métier, et de préserver le libre toucher", observe d'ailleurs Patrice Bahuaud.

Les étiquettes, les macarons et les antennes de sécurité électronique restent toutefois les solutions de prévention des pertes les plus utilisées au niveau mondial comme en Europe.