Amazon : comment fonctionne son magasin sans caisse ni file d'attente ?

Par Anaïs Cherif  |   |  629  mots
Le supermarché "connecté" - comprendre : sans caissiers ni caissières - Amazon Go, était en phase de test depuis décembre 2016 à Seattle (États-Unis) et l'institut Yougov avait réalisé à l'époque un sondage pour connaître l'avis des consommateurs sur ce nouveau type de magasin (ci-dessus, l'infographie de notre partenaire Statista*). L'ouverture de ce magasin laboratoire était prévue début 2017, mais de nombreux bugs avaient contraint le géant du e-commerce à la repousser de près d'un an. (Crédits : Statista)
Amazon inaugure ce lundi à Seattle son premier supermarché connecté, sans caisse. L'ouverture a été repoussée près d'un an à cause de bugs informatiques reportés en mars dernier. En cause : la technologie, similaire à celle des voitures autonomes, n'était pas opérationnelle.

Après avoir révolutionné le commerce en ligne à l'aube des années 2000, Amazon veut modifier les usages dans les magasins "en dur". Le géant américain ouvre ce lundi son premier supermarché connecté sans caisse, à Seattle, près de son siège. L'objectif : gagner toujours plus de temps. "Pas de files d'attente, pas de règlement, pas de caisse", promet l'entreprise de Jeff Bezos avec son supermarché intelligent Amazon Go.

Les consommateurs devront télécharger l'application Amazon Go afin de scanner leur smartphone à l'entrée du magasin, en passant par un tourniquet automatique. L'application, associée à une carte de crédit, sert de panier virtuel. Des capteurs détectent et comptabilisent virtuellement les produits pris ou reposés par les clients pendant qu'ils font leurs courses.

Si Amazon reste très évasif sur le dispositif utilisé, il affirme sur son site utiliser une technologie "similaire à celle des voitures autonomes". Elle combine "la vision machine, des capteurs et du 'deep learning' [une technique d'intelligence artificielle, Ndlr]." La société assure cependant ne pas utiliser la reconnaissance faciale. Une fois les courses achevées, le client quitte le supermarché sans sortir son porte-monnaie. Il reçoit dans la foulée la facturation de ses achats sur son compte Amazon.

[Un client en train de scanner son smartphone à l'entrée du magasin Amazon Go de Seattle (États-Unis), avant d'aller faire ses courses. Photo : Jeffrey Dastin/Reuters, le 18 janvier 2018]

Bugs en série

"Nous avons créé la technologie de shopping la plus avancée du monde pour que vous n'ayez jamais à faire la queue", assure le groupe sur son site Internet. Et pourtant... Amazon a connu des déboires en mars dernier, ce qui l'a contraint à repousser de près d'un an l'ouverture de son magasin intelligent. La technologie n'aurait pas été suffisamment au point.

En effet, au-delà de 20 personnes présentes dans le magasin, le système n'était plus capable de gérer les paiements, révélait en mars dernier le Wall Street Journal. Il fonctionnait uniquement avec des gestes lents. Autre bug : les capteurs d'Amazon étaient également incapables de retrouver les produits une fois qu'ils avaient été déplacés sur les étagères. Enfin, la technologie a eu du mal à distinguer les personnes de même corpulence, selon Reuters.

Ouvert aux employés depuis 2016

Développé pendant quatre ans, le supermarché de 170 mètres carrés était en phase de test depuis décembre 2016. Il était alors réservé aux employés d'Amazon. Le supermarché devait ouvrir au public en mars dernier. Lors de son report d'ouverture, la société de Seattle ne s'était pas exprimé sur le sujet. Elle aurait seulement décidé avoir assez de salariés afin de continuer de tester le système en interne, assure ce lundi au Wall Street Journal Dilip Kumar, vice-président en charge de la technologie pour Amazon Go. Cette nouvelle phase de test a permis de mieux identifier les objets et de s'adapter aux différentes vitesses des clients, poursuit Dilip Kumar.

Pas de nouvelles ouvertures pour l'instant

Amazon n'a pas annoncé de nouvelles ouvertures de supermarchés. Le géant de l'e-commerce se voit pourtant obligé de miser sur les supermarchés physiques pour espérer se faire une place dans le marché de l'alimentation, encore marginal sur Internet. En août 2017, Amazon a réalisé sa plus grosse opération avec l'acquisition de Whole Foods, une chaîne de supermarchés "bio", pour la somme de 13,7 milliards de dollars (soit 11,6 milliards d'euros). L'entreprise de Jeff Bezos met ainsi la main sur 460 magasins, répartis entre les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni.

| Lire aussi : Avec Whole Foods, Amazon promet une guerre des prix à la grande distribution

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(*) Un graphique de notre partenaire Statista.