Couche-Tard laisse la porte ouverte à Carrefour, si l'État français change d'avis

Par AFP  |   |  460  mots
(Crédits : STEPHANE MAHE)
Le géant québécois de la grande distribution s'est dit à l'écoute de « signaux » montrant que « l'environnement pourrait changer ou changerait de la part du gouvernement français ». Le groupe, qui voulait créer un acteur mondial face à l'accélération de l'Américain Amazon, indique aussi respecter la position brandie par Bercy et sa menace de veto.

Le PDG du canadien Couche-Tard a affirmé lundi qu'il serait prêt à tenter un nouveau rapprochement avec Carrefour si la situation évoluait favorablement en France, deux jours après l'annonce de l'interruption des négociations suite à un veto de Paris.

"Nous aimerions faire cette transaction", a affirmé le président et chef de la direction du distributeur canadien, Brian Hannasch, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

"Donc, si nous recevions des signaux que l'environnement pourrait changer ou changerait de la part du gouvernement français ou d'autres acteurs clés, nous aimerions avoir l'occasion de nous engager à nouveau dans de bonnes conditions", a-t-il déclaré.

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Et cela "en supposant que nous n'avons pas trouvé d'autre moyen de créer plus de valeur pour nos actionnaires", a-t-il dit.

"Nous resterons à l'écoute et nous verrons ce qui se passera, mais pour l'instant, c'est définitivement clos", a-t-il toutefois rappelé après le non "courtois, mais clair et définitif" à un rapprochement exprimé par le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire. Une nouvelle loi permet en effet à la France d'empêcher les fusions ou acquisitions si ils mettent en danger la sécurité nationale et la souveraineté.

Après le veto français, les deux groupes sont convenus samedi de poursuivre leurs discussions sur d'éventuels "partenariats opérationnels", comme dans la distribution de carburants ou l'achat en commun.

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"Je pense que nous nous sommes lancés dans cette aventure les yeux grands ouverts en sachant que c'était un risque", a reconnu M. Hannasch.

Le gouvernement français s'est opposé à l'opération au motif que "la sécurité alimentaire" de la France "n'a pas de prix", comme l'a dit M. Le Maire.

"La pandémie a mis en lumière la question de la sécurité alimentaire, particulièrement en France", a concédé le PDG de Couche-Tard.

"Il est donc difficile de dire si cela changera avec le temps. Nous continuerons à surveiller la situation, mais pour l'instant, tout en respectant la position du gouvernement français, nous agissons en conséquence", a-t-il précisé.

Et à court terme, Couche-Tard pourrait se lancer dans un programme de rachat de ses actions pour accroître le rendement de ses actionnaires, a-t-il ajouté.

A la Bourse de Toronto, l'action Couche-Tard reprenait un peu de tonus lundi, s'appréciant de 1,9% dans les premières transactions, à 38,71 dollars canadiens (25,11 euros). Mais elle restait à un prix inférieur à celui précédant l'annonce d'une opération sur Carrefour la semaine dernière.

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