Gaspillage alimentaire : convoqués chez Royal, les distributeurs grognent

Par Marina Torre  |   |  519  mots
Les associations, les Banques alimentaires notamment, déplorent ne pas avoir été conviées à la table des négociations.
La ministre de l'Ecologie somme les distributeurs d'appliquer les mesures contre le gaspillage alimentaire, et ce, malgré leur censure par le Conseil constitutionnel. Devant les médias, le ton monte avant la réunion prévue ce jeudi.

Les escarmouches médiatiques se succèdent. Avant la réunion avec les grandes enseignes de distribution ce jeudi 27 août, prévue depuis une dizaine de jours par Ségolène Royal sur le gaspillage alimentaire, chacun y est allé de son commentaire.

La ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie reproche aux distributeurs de contribuer au gaspillage en jouant sur les dates de péremption et en détruisant des denrées afin de préserver leur valeur. Une pratique que les amendements à la loi sur la Transition énergétique - censurés par le Conseil constitutionnel pour vice de procédure - devait interdire. Lors de la "convocation" -qui vise à mettre en place ces mesures même sans loi- lancée le 17 août, la ministre a notamment critiqué la "javellisation" des denrées.

"Maîtresse d'école"

Ce jeudi matin, Michel Edouard Leclerc, président du réseau d'enseignes portant son nom, a qualifié Ségolène Royal de "maîtresse d'école qui convoque la rentrée et, à 63 ans, je n'ai plus l'âge", sur Europe 1. Il a en outre publié un nouvel article critique sur son blog "l'abus de gesticulation médiatique" et présente la grande distribution comme le "meilleur allié dans la lutte contre le gaspillage".

Le président-directeur général de Système U, Serge Papin lance ce jeudi au micro de RTL:

"On a été surpris un petit peu du ton employé par la ministre, nous désignant comme seuls coupables..."

Il s'était déjà exprimé une semaine plus tôt pour rappeler que les distributeurs font partie des premiers fournisseurs de l'aide alimentaire aux plus démunis.

Par ailleurs, sur Twitter, Carrefour s'est fendu d'un tweet visant à rappeler son implication:

"Même si elles renâclent"

Réponse de la ministre sur France Inter:

"Chacun défend ses intérêts. Même si elles renâclent, même si elles me critiquent, ce n'est pas grave, l'important c'est qu'elles signent un engagement par lequel elles ne détruiront plus de denrées consommables" (...) "elles les donneront aux associations caritatives".

Les associations en question déplorent pour certaines ne pas avoir été conviées à la table des négociations. Le président des Banques alimentaires, Jacques Bailet, en a fait état la semaine précédente dans une interview à La Tribune. Pour les associations, l'afflux massif de nouvelles denrées alimentaires, prévisible d'après les mesures préconisées par le gouvernement, nécessitera une logistique complexe mais réalisable.

| Lire: Redistribuer les invendus alimentaire: plus compliqué que ne le dit Mme Royal

En France, entre 7,7% et 13,6% du gaspillage sont imputables à la grande distribution, contre 37% à 40,3% aux ménages, et 11% à 20% à la restauration, d'après les estimations de la mission Garot.

Des sénateurs ont déposé une proposition de loi visant à réintroduire les mesures censurées dans les textes.