Livraison de repas : Take Eat Easy raccroche ses vélos

Par Nicolas Raffin  |   |  404  mots
Les fondateurs de Take Eat Easy (de g.à d. :Adrien Roose, directeur, Chloé Roose, responsable commerciale, Jean-Christophe Libbrecht, ingénieur, Karim Slaoui, analyste).
L'entreprise belge implantée partout en Europe n'a pas réussi à boucler une nouvelle levée de fonds nécessaire à son développement. Dans le même temps, ses concurrents se sont développés à vitesse grand V.

Lancée à l'été 2013 à Bruxelles, l'application de livraison de repas Take Eat Easy a cessé de fonctionner ce mardi. Dans une note publiée sur le site Medium, Adrien Roose, cofondateur et patron de la société, explique que l'entreprise qui emploie directement 160 personnes et fait travailler des centaines de coursiers à vélo est en redressement judiciaire.

Comment Take Eat Easy en est-elle arrivée là, alors que selon ses propres mots, l'application  "[avait] dépassé le million de commandes il y a quelques jours" ? Une autre cofondatrice de la société, Chloé Roose, apporte la réponse : "1) nos revenus ne couvrent pas encore nos coûts, et 2) nous ne sommes pas parvenus à clôturer une troisième levée de fonds."

Exercice de transparence

Dans une volonté de transparence plutôt rare, Adrien Roose livre une longue explication sur l'échec de son modèle, schémas à l'appui. Après avoir rappelé que Take Eat Easy était présente dans 20 villes réparties en France, en Belgique, au Royaume-Uni et en Espagne, il explique que même si la marge sur coût variable est positive, "ce n'est pas assez pour couvrir les coûts fixes".

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D'où la nécessité de procéder à de nouvelles levées de fonds : mais là encore, Take Eat Easy s'est heurté à un obstacle, la concurrence féroce dans le secteur de la livraison. L'année dernière, Deliveroo avait levé 200 millions d'euros, pour 16 millions d'euros pour la startup bruxelloise. Autre coup dur, "un de nos propres investisseurs avait investi dans un de nos concurrents direct", raconte Adrien Roose.

Les investisseurs tournent le dos

Au total, "114 fonds d'investissements" n'ont pas souhaité s'engager dans Take Eat Easy, signe que les perspectives de développement de la société n'étaient plus assez convaincantes. L'ultime espoir prend fin en juin 2016, lorsqu'un groupe de logistique "possédé par l'Etat français" retire son offre de 30 millions d'euros. Selon le quotidien Le Soir, il s'agirait du groupe La Poste, possédé par sa filiale GeoPost.

Take Eat Easy était présente dans douze grandes villes françaises (Paris, Lille, Lyon, Bordeaux, Toulouse notamment). Son arrêt marque peut-être le début d'une concentration dans le secteur, avec des startups qui cherchent à tout prix à obtenir le leadership sur leur marché pour ne pas disparaître.