Débat Hamon – Valls : du fond, rien que du fond

Le dernier débat de la primaire de la Belle Alliance Populaire s’est tenu mercredi soir. Benoît Hamon et Manuel Valls ont affiché leurs différences et leurs désaccords, dans un débat qui est toujours resté courtois.
Nicolas Raffin

La guerre des gauches n'a pas eu lieu. Installés quasiment côte à côte sur le plateau de télévision, Benoît Hamon et Manuel Valls ont débattu sereinement, chacun évitant soigneusement de tomber dans les polémiques ou d'apparaître comme celui qui ne penserait qu'à faire des petites phrases. Les échanges, toujours polis et rarement tendus, ont permis de distinguer clairement les projets des deux candidats. « Nous partageons des valeurs et des combats communs...ce n'est pas un débat personnel mais c'est un vrai choix » a résumé Manuel Valls.

Les sujets économiques ont occupé les deux finalistes pendant presque une heure. Benoît Hamon a de nouveau défendu sa proposition d'un revenu universel pour tous, arguant du fait que la révolution numérique conduira à la raréfaction du travail. Réponse de Manuel Valls : « Le travail ne va pas disparaitre...il ne va pas diminuer, il va prendre d'autres formes. On le voit avec la montée de l'entrepreneuriat individuel ». Pas de quoi déstabiliser son ancien ministre : « Tu n'as à opposer que ta foi, ta croyance [au fait] qu'il ne va pas y avoir de raréfaction du travail ».

De fait, l'ancien Premier ministre, qui porte l'idée d'un revenu décent - 800 euros mensuels versés sous conditions de ressources aux bénéficiaires des minimas sociaux - affirme que « la gauche s'est toujours définie par rapport au travail, par rapport à la production». Hors de question donc de s'éloigner de ce marqueur.

Crédibilité et vérité

Interrogé sur le coût, à terme, de sa mesure (estimée entre 380 et 450 milliards d'euros), Benoît Hamon a comparé le revenu universel à un « nouveau pilier de la Sécurité sociale », reportant le débat sur le financement à des négociations futures. Comme recettes, il évoque par exemple des « prélèvements nouveaux » (même s'il promet de ne pas augmenter les impôts), ou encore la lutte contre l'évasion fiscale.

Manuel Valls s'est aussitôt engouffré dans la brèche pour vendre son image d'homme de gauche bon gestionnaire et responsable : « il y a un problème de crédibilité. Je veux que nous gardions cette crédibilité (...) tout ce que propose Benoît Hamon sans augmentation des impôts n'est tout simplement pas possible ».

Voile et laïcité

Une autre divergence entre les deux socialistes a surgi au moment d'évoquer la laïcité. Manuel Valls n'a pas manqué l'occasion de rappeler qu'il avait voté la loi de 2010 interdisant le port de la burka dans l'espace public, tout en tenant un discours de fermeté sur le voile : « Il ne peut y avoir aucun accommodement. Nous devons protéger nos compatriotes qui sont sous la pression de l'islam politique. »

Sur ce point, Benoît Hamon a tenu un discours plus nuancé, en se référant à la loi de 1905, qui est « une loi de liberté...elle permet de croire et de ne pas croire (...) Sur le voile, là où il est imposé à une femme, nous devons tout mobiliser pour qu'elle ne soit pas soustraite au regard des autres. Mais si une femme décide librement de porter le voile, elle est libre de le faire ». Pour lutter contre les discriminations, il propose la création d'un « corps d'inspecteurs » spécialement dédiés, qui pourraient prendre des mesures administratives, comme par exemple fermer un café qui refuserait de servir les femmes.

Etat d'urgence : stop ou encore ?

Les deux candidats se sont également opposés sur l'état d'urgence. Pour Benoît Hamon, « quand on est candidat, on respecte l'avis des plus hautes juridictions, qui disent que l'état d'urgence ne peut être prolongé indéfiniment (...) On peut mener une lutte implacable contre le terrorisme en étant attentif à l'état de droit. ». Une façon de justifier son refus de prolonger la mesure, au contraire de Manuel Valls qui rappelle qu'une « large majorité » a voté la prolongation de cet état d'urgence.

Notre-Dame-des Landes, l'aéroport de la discorde

Sur le sujet de l'aménagement de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, Manuel Valls n'a pas manqué d'envoyer une petite pique à Benoît Hamon, qui veut enterrer le projet. « C'est difficile de vouloir expliquer qu'on veut davantage consulter les citoyens [Hamon veut notamment un « 49-3 citoyen », ndlr], et quand ils votent en toute connaissance de cause pour [l'aéroport], on remet en cause leur décision. ». Benoît Hamon reste droit dans ses bottes : « Gouverner, c'est être clairvoyant, et savoir trancher ».

Au final, malgré quelques tentatives de déstabilisation - entre eux, et parfois même de la part des journalistes -, les deux candidats sont restés dans leur couloir et n'ont pas dévié de leur ligne politique. Les électeurs qui se rendront aux urnes dimanche savent clairement à quoi s'en tenir.

Nicolas Raffin
Commentaires 26
à écrit le 27/01/2017 à 17:41
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Quelle campagne... longue... laborieuse... dépourvue de surprises et d'heureux avènements... dépourvue aussi de hauteur, de grandeur et des vrais sujets qui auraient dû faire autant de débats de fonds fuis par tous les candidats. Une campagne médiat...

le 30/01/2017 à 14:58
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beau commentaire que le votre.... Que n'êtes vous candidat !

à écrit le 27/01/2017 à 13:09
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Avec Hamon, c'est la ruine de la France. Il propose de faire payer une taxe d'un montant important àux propriétaires qui ont fini de rembourser leur emprunt. Payer pour habiter chez soi. On paie déjà les impots fonciers et la taxe d'habitation. Etre ...

à écrit le 27/01/2017 à 13:08
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Avec Hamon, c'est la ruine de la France. Il propose de faire payer une taxe d'un montant important àux propriétaires qui ont fini de rembourser leur emprunt. Payer pour habiter chez soi. On paie déjà les impots fonciers et la taxe d'habitation. Etre ...

à écrit le 27/01/2017 à 9:41
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Débat qui n'était pas inintéressant, mais un débat d'entre-soi qui portait sur les problèmes d'identité du PS, mais ne concernait quasiment pas les électeurs appelés dans peu de mois à élire un président pour les cinq prochaines années. Que le PS se ...

à écrit le 26/01/2017 à 20:10
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Un débat sur Rien, sur un vide abyssal cherchant à masquer l'absence d'idées pratiques et utiles. Ces gens essayent de faire rêver, par incompétence, manque de formation, absence de capacité à manipuler des concepts qui leur échappent. Un débat d'inc...

à écrit le 26/01/2017 à 18:15
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Débat surréaliste dans le fond mais très propre dans la forme. Entre le discours ubuesque de Hamon et celui incantatoire de Valls les téléspectateurs ont quelque peu intéressés par la politique devraient être inquiets car ces 2 personnages ont été au...

à écrit le 26/01/2017 à 14:51
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Débat surréaliste, entre un Hamon illusionniste et un Valls incantatoire ce débat n'a té qu'une opération de com. De la poudre aux yeux sans aucun fond de réalisme. c'est d'ailleurs très inquiétant de savoir que ces 2 personnages ont été au pouvoir. ...

à écrit le 26/01/2017 à 13:00
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la tribune journal de droite on ne parle pas de l affaire Fillon on oublie macron vendu ou acheter

à écrit le 26/01/2017 à 12:59
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Ces deux candidats n'ont rien développé de bien intéressant. Rien qui pourrait permettre de retrouver de la croissance et faire baisser le chômage. Rien sur rien , l'UE absente l'immigration on ne sait pas , la fiscalité on verra etc... Valls à ess...

à écrit le 26/01/2017 à 12:53
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les hauts fonctionnaires il partirais à 80 ans pour payer les connerie qu il font ne serais que justice

à écrit le 26/01/2017 à 11:56
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pas de pronostique le résultat est déja connu... l alternatif a bel et bien battu le conservateur..! les Francais plébiscitent le renouveau apres 5 ans

à écrit le 26/01/2017 à 11:10
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À coup sûr les militants du FN vont se rendre aux urnes pour éliminer HAMON qui a des visions utopiques de la future société française.

à écrit le 26/01/2017 à 10:25
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Valls a tort de ne pas s'intéresser à la notion d'allocation universelle.

à écrit le 26/01/2017 à 9:52
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Valls veut faire croire qu'il va faire ce qu'il n'a pas fait es qualité de 1er Ministre ; La réalité est incontestable, les faits sont têtus, depuis que Valls a été 1er Ministre, la fiche de paie a baissé, les auto-entrepreneurs inventés par ...

le 26/01/2017 à 12:15
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la fiche de payer n'a pas fini de baisser si les travailleurs doivent financer les non travailleurs. et si hamon compte sur l'augmentation sans fin du déficit, qui acceptera de prêter de l'argent au pays et à quel taux pour le financer ? donc augmen...

à écrit le 26/01/2017 à 9:52
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On a plutôt l'impression que l'on va assisté a l’élection d'un "maire" avec un "président" déjà installé à Bruxelles!

à écrit le 26/01/2017 à 9:47
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J'ai écouté attentivement les deux candidats. Hamon, après avoir évité, tergiversé, fait des contorsions, a fini par admettre que son revenu universel n'est pas financé. Pour commencer, 45 milliards/an pour les 18-25 ans, ce qu'il considère comme un ...

le 26/01/2017 à 9:58
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Parce que vous trouvez que Fillon a mieux financé ses dépenses: on augmente le deficit en 2017 et 2018 au dessus de 3%, on réduit le nombre de fonctionnaires mais on augmente les nombre d'heure donc, pas d'économies. On enlève l'impôt sur la fortune ...

à écrit le 26/01/2017 à 9:31
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Du fond, rien que du fond, avant de toucher le fond sur beaucoup de sujets !

à écrit le 26/01/2017 à 8:43
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"Sur le voile, là où il est imposé à une femme, nous devons tout mobiliser pour qu'elle ne soit pas soustraite au regard des autres." Et comment on fait pour savoir si elle est contrainte ou pas ? Entre la manipulation religieuse, la manipulation...

à écrit le 26/01/2017 à 0:22
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benoit hamon a bien explique ses ides et a tenue un discour tres calme et tres coerrant sur notament le revenu universel aux jeunes en creant un droit aux jeunes de demarrez avec une aide social leurs permetant de mieurx choisir leurs orientations de...

le 26/01/2017 à 9:22
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Et les cours de rattrapage pour l'orthographe?

le 26/01/2017 à 10:01
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Et vous avez avalé cette démagogie sans broncher ? Quelle naïveté. Vous croyez sincèrement que si vous empruntez, votre banque vous donnera à fonds perdus encore et toujours ? Vous rigolez. Un jour, votre banquier vous coupe les fonds car lui-même ne...

le 26/01/2017 à 12:19
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c'est mon petit voisin qui est content , il ne travaille pas (il est serveur mais refuse toutes les offres d'emploi) et passe sa journée à jouer sur internet. ce n'est pas avec le revenu universel qu'il va se mettre au travail.

le 26/01/2017 à 12:23
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A votre avis, pourquoi les banques (et les états ) prêtent encore de l'argent à la France qui a 2000 milliards d'euros de dettes ? Tout simplement parce que l'épargne des français sur l 'assurance vie est estimée à 3000 milliards d'euros. En cas de d...

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