Hôtellerie : l'Assemblée nationale augmente la taxe de séjour de plus de 500%

Par latribune.fr  |   |  583  mots
La nouvelle taxe limitée à l'Ile de France devrait rapporter 140 millions d'euros, destinés à financer les transports en commun. (Photo: Reuters) (Crédits : Reuters)
Deux amendements au projet de budget rectificatif 2014 ont été votés mercredi et jeudi, visant à modifier la taxe de séjour. Le premier multiplie par cinq la taxe appliquée par tous les hôtels français. Le deuxième crée une taxe supplémentaire, de deux euros, limitée à l'Ile-de-France.

"Deux nouvelles taxes en moins de 24h": Voici le nouveau sujet d'inquiétude de l'Union des métiers et des Industries de l'Hôtellerie (UMIH). A l'heure où le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius veut faire du tourisme une cause nationale, l'Assemblée nationale vient en effet d'adopter deux amendements au projet de loi de finances rectificatives 2014, modifiant le système de taxes de séjour. Il en résulte deux augmentations distinctes.

Une augmentation de plus de 500%

D'une part, un amendement socialiste adopté mercredi soir quintuple la taxe de séjour pour les hôtels 3, 4 et 5 étoiles. Pour les 3 étoiles, elle passe de 1 à 5 euros, et de 1,50 à 8 euros pour les 4 et 5 étoiles. La députée socialiste parisienne Sandrine Mazetier, qui avait initialement proposé de porter la taxe à 10 euros, a expliqué:

"Depuis plus de dix ans, celle-ci est plafonnée à 1,50 euro", "montant ridiculement bas".

Une taxe supplémentaire pour l'Ile-de-France

D'autre part, jeudi, l'Assemblée nationale a adopté une nouvelle taxe de séjour spécifique à l'Ile-de-France, cumulative par rapport à celle appliquée à la France entière. De deux euros par nuitée, elle devrait rapporter 140 millions d'euros. Ce montant est destiné à financer les transports en commun: il correspond quasiment à celui de ressources nouvelles (150 millions d'euros) que le gouvernement s'était engagé à trouver en signant en juillet 2013 un protocole de financement des transports en Ile-de-France.

La mesure, qui devrait être appliquée à partir du 1er septembre, a été largement adoptée sur les bancs de la gauche mais aussi par des élus de droite.

 "Une mesure cohérente" selon le président de l'Ile-de-France

Le président PS du Conseil régional, Jean-Paul Huchon, s'est "réjoui" de ce vote.

"C'est une mesure cohérente, car les 40 millions de touristes annuels en Ile-de-France sont nombreux à utiliser les transports: l'activité touristique francilienne contribuera ainsi à l'amélioration de sa propre compétitivité", a assuré Jean-Paul Huchon.

La commission des Finances avait pourtant repoussé cet amendement pour attendre les conclusions d'une mission parlementaire travaillant sur le sujet de la fiscalité touristique d'ici deux à trois semaines. Mais "une adoption maintenant est préférable pour avoir une base solide" car "les efforts à fournir les prochaines années sont gigantesques" pour les transports et sont "importants pour le tourisme", a notamment plaidé le premier des douze socialistes franciliens signataires de cet amendement, Olivier Faure.

Les professionnels de l'hôtellerie inquiets

Les professionnels du secteur, qui avaient d'ailleurs reçu le soutien de Fleur Pellerin, ministre du Tourisme, sont en revanche montés au créneau. Roland Héguy, président de l'Umih, principale organisation patronale de l'hôtellerie, a notamment regretté:

"Deux taxes en moins de 24 heures, sans concertation, pour un secteur créateur de richesses, c'est une première et c'est totalement irresponsable".

Alliance 46.2, structure qui regroupe 19 entreprises intervenant dans le tourisme, a pour sa part mis en garde:

"La seule annonce de cette surtaxe a déjà fait réagir plusieurs de nos partenaires voyagistes étrangers et écorne l'attractivité de notre pays. (...) C'est un signal extrêmement négatif que la France envoie à ses clients étrangers et nous savons d'expérience que ses effets seront durables".

Laurent Fabius opposé

Si le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert a indiqué mercredi que le gouvernement s'en remettrait à la sagesse de l'Assemblé sur tous les amendements concernant la taxe de séjour, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international, a exprimé sa "très forte opposition" à cette mesure, a par ailleurs indiqué son entourage.