Limite des locations à Paris : à quoi joue Airbnb ?

Par Hugo Baudino  |   |  623  mots
Le géant américain de location entre particuliers va appliquer la limitation des nuitées sur les quatre arrondissements de l'hypercentre parisien.
Toutes les plateformes de location saisonnière entre particuliers sont censées respecter la limitation de 120 nuitées par logement et par an sur tout le territoire... mais Airbnb a annoncé qu'elle appliquerait cette limitation uniquement sur les quatre premiers arrondissements parisiens.

Faut-il y voir le début d'un nouveau bras de fer ? Alors que la loi impose la limitation des locations de meublés touristiques à 120 jours par an pour tout Paris, la plateforme Airbnb a annoncé mardi qu'elle ne l'appliquerait que sur les quatre arrondissements du centre de la capitale. Cette décision sera mise en œuvre à partir de janvier 2018 dans les quatre premiers arrondissements, qui "ont fait face à une pression touristique et commerciale" et une "pénurie de logement particulièrement fortes depuis plusieurs décennies", argumente Airbnb dans un communiqué. Cela passera par "un outil automatique et ciblé limitant la durée annuelle maximale de location sur le site".

La mairie de Paris n'a pas tardé à réagir : "C'est hallucinant", selon Ian Brossat, adjoint PCF au Logement de la maire PS de Paris Anne Hidalgo. "Cela veut dire en creux que Airbnb n'appliquera pas la loi" sur les 16 autres arrondissements, a-t-il dit à l'AFP. Airbnb "présente comme un geste de bonne volonté une annonce qui en réalité enfreint la loi", a ajouté Ian Brossat, qui demande aux plates-formes d'appliquer la réglementation sur "l'ensemble du territoire parisien". Il souhaite donc qu'un décret prévoyant des sanctions en cas de non-application de la loi soit publié.

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Pour rappel, la Loi pour une république numérique adoptée en octobre 2016 impose aux platesformes de veiller à ce que le logement proposé ne soit pas loué plus de 120 jours par an, a rappelé l'élu. La loi avait en réalité seulement étendue à Airbnb une limite déjà appliquée à n'importe quelle personne louant sa résidence principale de façon occasionnelle. Pour s'assurer du bon respect des règles, Paris a mis en place un numéro d'enregistrement obligatoire à partir du 1er décembre pour toute personne désireuse de mettre à louer son appartement sur une plateforme numérique.

Le secteur hôtelier en colère

Du côté des représentants du secteur hôtelier, le son de cloche est de même que celui de la Ville.  "Airbnb fait croire qu'elle anticipe alors qu'elle ne fait qu'appliquer la loi, c'est une belle opération de communication mais à l'arrivée, c'est de l'enfumage, c'est insupportable", lance Roland Héguy, son président.

"Ce n'est qu'une concession faite à la loi qui prévoit déjà l'obligation pour les plateformes de veiller au respect de la limite maximum de 120 jours de location", et ce "partout en France, dans chaque ville mettant en place cette disposition, et pas seulement dans quatre arrondissements de l'hypercentre parisien", regrettent pour leur part le Groupement national des indépendants (GNI) et l'association représentative des acteurs de l'hébergement et du tourisme professionnels (AhTop) dans un communiqué commun.

Airbnb explique de son côté avoir décidé, "en tant qu'acteur responsable" de "mettre en place la limite automatique de la durée annuelle de location des logements dans le centre de Paris pour favoriser un tourisme responsable et durable". L'enjeu est de taille pour la plateforme américaine, car Paris représente un de ses premiers marché au monde, avec 65.000 logements revendiqués.

Rares sont ceux qui se sont félicités de l'annonce d'Airbnb, mais on retrouve tout de même trois députés de La République En Marche (LREM) de Paris : Elise Fajgeles, Sylvain Maillard et Pacôme Rupin. Selon eux, ces annonces "démontrent qu'il est possible d'avancer de manière constructive et sans dogmatisme sur des questions de société qui touchent au quotidien des Parisiens", écrivent-ils dans un communiqué.

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 (avec AFP)