Paris assigne Airbnb en justice

Par Avec AFP  |   |  716  mots
Les derniers chiffres de l'Hôtel de Ville indiquent que "26.000 logements", mis en ligne sur Airbnb il y a quelques mois, ont disparu de la location classique dans le centre de Paris.
La mairie de Paris reproche à la plateforme de location d'avoir mis en ligne 1.000 logements non enregistrés.

Nouveau bras de fer entre la mairie de Paris et Airbnb. La ville a assigné en justice la plateforme de location, passible d'une amende de 12,5 millions d'euros pour avoir mis en ligne 1.000 logements non enregistrés, en violation de la loi Elan.

"La règlementation n'est pas respectée", tonne la mairie de Paris, rappelant la règle qui limite la location d'un logement à 120 jours par an et exige un numéro d'enregistrement. La loi Elan prévoit que l'entreprise paye une amende de 12.500 euros pour chaque offre non conforme.

"Pas de l'économie de partage, mais de la prédation"

C'est en vertu de ces dispositions que la mairie de Paris a saisi vendredi la justice, selon des documents dont l'AFP a eu connaissance, confirmant une information du JDD. "Les 31 agents assermentés" ont ainsi épluché les annonces "dans les arrondissements les plus touchés par la location" (du Ier au VIIe arrondissement, et dans le populaire XVIIIe arrondissement), dont les logements sont loués à plus de 100 euros la nuit, et qui avaient plus de dix commentaires (preuve d'une mise en location régulière), précise l'entourage de la maire de Paris. Au total, "1.000 annonces" qui n'avaient pas de numéro d'enregistrement ont été répertoriées.

"C'est une question très sensible", concède auprès de l'AFP la maire de Paris Anne Hidalgo, qui "ne souhaite pas que Paris se retrouve dans la situation de Venise ou Barcelone où la population s'élève contre les visiteurs".

Or, actuellement pour la maire de Paris, "ce n'est pas de l'économie de partage mais de la prédation, pas de l'artisanat mais de l'industrie lourde".

La population de la capitale diminue depuis plusieurs mois

Les derniers chiffres de l'Hôtel de Ville indiquent que "26.000 logements", mis en ligne sur Airbnb il y a quelques mois, ont disparu de la location classique dans le centre de Paris.

"Que des Parisiens puissent louer leur appartement, ou une chambre, de temps en temps, pour arrondir leurs fins de mois ne me choque absolument pas", confesse la maire Paris. En revanche, "ce qui est choquant c'est quand des gens en font vraiment leur commerce principal (...) et que ça vienne concurrencer les hôteliers, mais surtout priver des Parisiens de logements".

La population de la capitale diminue depuis plusieurs mois, particulièrement dans l'hypercentre, selon des études de la mairie de Paris rendues publiques récemment. En septembre, Ian Brossat, l'adjoint communiste au logement de la Ville de Paris et proche de la maire Anne Hidalgo, avait demandé "l'interdiction de location d'appartements entiers via Airbnb dans les quatre premiers arrondissements", situés à proximité des sites touristiques de Notre-Dame-de-Paris, du Louvre ou de l'Opéra.

Une réglementation inefficace et disproportionnée selon Airbnb

Dans une réaction transmise à la presse, Airbnb affirme avoir "largement informé" les hôtes de la réglementation française. La plateforme ajoute toutefois:

"Pour autant, nous maintenons que la réglementation mise en place à Paris,  dont un Parisien sur cinq subit les conséquences, est inefficace, disproportionnée, et contraire à la réglementation européenne.".

Selon la plateforme, qui fait référence à des contentieux en cours devant la Cour de justice de l'Union européenne et le Conseil constitutionnel français, "le système mis en place par la ville de Paris pour faire respecter la réglementation entourant les plateformes de location touristique de courte durée n'est pas fondé sur une base juridique solide".

Un Parisien sur cinq utilise le site

"Les règles européennes établissent clairement le fait que les plateformes ne sont pas tenues de surveiller de manière proactive l'activité de leurs utilisateurs, ni d'appliquer les règles relatives aux locations à court terme pour le compte des régulateurs", fait encore valoir Airbnb, tout en soulignant travailler déjà avec le gouvernement français et d'autres plateformes "pour s'assurer que le partage de logements se développe de manière durable dans les grandes villes françaises".

Airbnb avait déjà indiqué qu'"un Parisien sur cinq utilise aujourd'hui le site pour améliorer ses revenus et faire face au coût de la vie". Selon des chiffres de 2018, Airbnb propose 500.000 logements en France, mis en location par 400.000 "hôtes", dont 65.000 à Paris.

Article mis à jour à 15h20