Tourisme : la France cherche à convaincre les touristes chinois de revenir

Par latribune.fr  |   |  688  mots
En 2019, avant la pandémie, la France avait accueilli plus de 2 millions de touristes chinois, soit 3% des flux touristiques, mais 7% des dépenses avec 3,5 milliards d'euros de recettes. (Crédits : GONZALO FUENTES)
En 2019, avant la pandémie, la France avait accueilli plus de 2 millions de touristes chinois, soit 3% des flux touristiques. Ils représentaient toutefois 7% des dépenses avec 3,5 milliards d'euros de recettes. Ils boudent désormais la destination hexagonale. Olivia Grégoire, ministre déléguée au Tourisme, semble déterminée à séduire à nouveau cette clientèle, à travers un déplacement en Chine.

Avec 8,9 millions de visiteurs en 2023, le musée du Louvre a retrouvé une fréquentation proche de son niveau de 2019. En revanche, l'établissement reste encore privé de ses touristes asiatiques (Japon, Corée, Chine). Ces derniers n'ont en effet représenté que 2,5% du public.

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A eux seuls, les visiteurs chinois représentaient 8% de la fréquentation du musée en 2018. Au total, en 2019, la France avait accueilli plus de 2 millions de touristes de la deuxième économie mondiale, soit 3% des flux touristiques, seulement. Un chiffre à comparer aux 7% des dépenses, avec 3,5 milliards d'euros de recettes.

Les chiffres d'arrivées pour cette année, alors que la Chine a rouvert ses frontières en janvier 2023, ne sont pas encore connus. Le « seuil d'un milliard d'euros de recettes a été largement dépassé », avance toutefois le ministère du Tourisme. Loin, toutefois des 3,5 milliards d'euros enregistrés en 2019.

Opération séduction

Pour les convaincre de revenir au Louvre et partout ailleurs en France, la ministre déléguée au Tourisme Olivia Grégoire est actuellement en Chine, jeudi et vendredi. Elle inaugurera l'année franco-chinoise du tourisme culturel dans le cadre du soixantième anniversaire des relations bilatérales entre la Chine et la France. En outre, elle tentera de rassurer les visiteurs aussi échaudés par les images des émeutes de l'été dernier qui ont embrasé de nombreuses villes en France.

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Une défection qui pèse sur les comptes des acteurs du tourisme. Fin mars, en marge d'une visite d'Emmanuel Macron en Chine, quatre grands noms du secteur touristique - Groupe ADP (Aéroports de Paris), Club Med, Galeries Lafayette et Accor - avaient écrit au chef de l'Etat, suggérant des mesures pour « renforcer l'image d'hospitalité » de la France.

Améliorer le traitement des demandes des visas

Sur le « sujet très délicat » des visas, « il y a un travail qui est fait pour améliorer le traitement des demandes », complète le cabinet d'Olivia Grégoire. Pour ce faire, l'exécutif parie notamment sur « la réouverture de plusieurs centres de demandes de visas à travers la Chine et une baisse des coûts du service ». Et, pour faire venir des visiteurs d'aussi loin, il faut aussi des avions.

Un accord bilatéral franco-chinois, suspendu depuis la pandémie, prévoit jusqu'à 128 rotations hebdomadaires. Air France s'oppose néanmoins à sa remise en vigueur tant que l'espace aérien russe lui est interdit. En effet, la situation conduit à rallonger le temps de vol de plus de deux heures et lui fait donc craindre une distorsion de concurrence avec les compagnies chinoises. L'entreprise française assure depuis l'été dernier 14 rotations hebdomadaires vers la Chine continentale, contre 32 avant la pandémie.

Par ailleurs, comme le souligne à l'AFP, Didier Arino, dirigeant du cabinet spécialisé Protourisme, « il ne faut pas oublier aussi qu'il y a une crise économique en Chine ». La clientèle qui est « un peu revenue » en France est donc d'abord une « clientèle individuelle », « celle qui a les moyens, qui arrive à obtenir les visas ».

La clientèle internationale, « la locomotive de l'été 2023 »

Malgré cette défection, la France, devenue première destination touristique mondiale avec un record de 90 millions de touristes étrangers accueillis en 2019, avant la pandémie, reste un poids lourd du tourisme. De janvier à septembre 2023, les recettes ont atteint 50,4 milliards d'euros, en hausse de 11,6% par rapport à l'année dernière, selon Atout France, l'agence chargée de promouvoir la France auprès des clientèles étrangères.

« La clientèle internationale a été la locomotive de l'été 2023 » et, en juillet, « le nombre d'arrivées en provenance des Amériques a retrouvé son niveau de 2019 », relevait Caroline Leboucher, directrice générale de l'organisme.

Quant aux touristes d'Asie-Pacifique, par rapport au « niveau pré-pandémique », le retrait n'était plus que de « 41% en juillet et 44% en août » pour les arrivées aériennes.

(Avec AFP)