L'Inde rejoint la Chine dans la fronde anti taxe carbone

Par latribune.fr (Source Reuters)  |   |  442  mots
Copyright Reuters
Le gouvernement indien devrait appeler ses compagnies aériennes à refuser de participer au programme européen visant à taxer les émissions de carbone. New Delhi ne prévoit pas, pour le moment, d'annuler des commandes d'Airbus mais n'exclut pas d'y recourir pour faire pression sur Bruxelles.

L'Inde devrait demander à son tour à ses compagnies aériennes de refuser de participer au programme de l'Union européenne visant à taxer les émissions de carbone dans le transport aérien, selon les déclarations d'un haut responsable gouvernemental indien à l'agence Reuters lundi en fin de journée. La Chine a la première interdit à son secteur du transport aérien de participer à ce programme.

Taxe de 100 euros par tonne de carbone émise hors quotas autorisés

Depuis le 1er janvier, toutes les compagnies aériennes desservant des aéroports de l'Union européenne sont soumises à un système d'échange des quotas d'émission de gaz à effet de serre (ETS). Une compagnie n'observant pas ces règles s'expose à une taxe de 100 euros par tonne de carbone émise hors quotas autorisés. L'Union européenne (UE) peut aller jusqu'à l'interdire de desservir des aéroports européens.

"Nous avons le pouvoir de l'économie"

Mais si l'UE venait à proclamer de telles interdictions, elle risquerait de subir des mesures de rétorsion semblables de la part de New Delhi. "Il y a beaucoup de mesures que nous pourrions prendre si l'Union européenne ne revenait pas sur ses demandes. Nous avons le pouvoir de l'économie. Nous ne saignons pas autant qu'eux", a déclaré le responsable, ajoutant que la position de l'Union affecterait son économie et ses compagnies aériennes. Le gouvernement indien attend de recevoir l'accord formel de plusieurs ministères avant de donner l'ordre à ses compagnies aériennes de ne pas participer au programme de l'Union. "La question est la suivante: êtes-vous (l'Union) en train de provoquer une guerre commerciale mondiale ?", a dit le responsable.

Airbus encore menacé par l'annulation de commandes

L'opposition de Pékin au système européen de quotas d'émission a connu une escalade la semaine dernière avec l'annulation de commandes d'Airbus. L'Inde ne prévoit pas pour l'instant d'en arriver à une telle extrémité, mais elle ne l'exclut pas non plus, a dit le responsable. Amber Dubey, responsable du secteur aérien au cabinet de conseil KPMG, a souligné que l'industrie indienne était en plein essor avec une augmentation sensible de la taille des flottes civiles et militaires. "La question des ETS de l'UE fait monter les craintes de guerre commerciale entre l'Union européenne et le reste du monde. Il y a une chance que le gouvernement utilise ces grosses commandes d'appareils comme instrument dans ses négociations", a-t-dit à Reuters.

L'avionneur européen Airbus, filiale d'EADS, détient 73% du marché indien de l'aviation commerciale. Il a dans son carnet plus de 250 appareils commandés par des compagnies indiennes, IndiGo, Go Air et Kingfisher.