Guillaume Pepy, l'homme qui doit préparer la SNCF à la concurrence

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  579  mots
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Reconduit à la tête de la SNCF jusqu'en 2018, Guillaume Pepy aura donc la responsabilité de préparer la compagnie ferroviaire à l'ouverture à la concurrence du marché français des voyageurs, prévue en 2019. Un plan d'attaque 2014-2018 va être présenté lors de deux conseils d'administration prévus en juin et en juillet.

A 54 ans Guillaume Pepy est reconduit à la tête de la SNCF pour une durée de cinq ans. Jusqu'à 2018 donc, un an avant l'ouverture à la concurrence du marché ferroviaire français, prévue à partir de 2019. C'est donc lui qui aura la responsabilité de préparer la compagnie ferroviaire à cette bataille. Grâce au gouvernement actuel dont il est très proche, Guillaume Pepy a du temps. Beaucoup plus que ne lui en réservait le précédent, lequel n'excluait pas en coulisse de casser le monopole plus rapidement avec une ouverture des marchés des trains d'équilibre du territoire (TET) en 2014 et celle des TER en 2015. A Guillaume Pepy donc d'en profiter. Histoire de ne pas répéter l'exemple désastreux du fret, ouvert à la concurrence en 2006. Par manque de préparation, Fret SNCF a pris l'eau.

700 millions d'euros d'économies d'ici à 2015

La SNCF doit donc tirer profit de ces six ans pour améliorer sa compétitivité et la qualité de ses services. C'est ainsi qu'un business plan pour les années 2014-2018 va être présenté aux conseils d'administration de juin et juillet. Ce sera "un programme structurant de performance industrielle", a expliqué la semaine dernière Guillaume Pepy lors de la présentation des résultats. Ce plan reprendra le programme d'économies en cours qui vise à réaliser environ 150 millions d'économies en 2013 et 700 millions d'ici à 2015 sur quatre postes de dépenses (immobilier, systèmes d'information, achats, frais généraux). "Nous y ajouterons des efforts industriels sur nos principaux métiers". L'augmentation de la productivité sera centrale pour aborder l'ouverture des marchés. La réduction de la dette (7,3 milliards d'euros) aussi.

Réforme ferroviaire

Mais Guillaume Pepy dispose d'une belle carte en main pour préparer l'arrivée à la concurrence. Il sera en effet au coeur de la réforme ferroviaire qu'entend mettre en place le gouvernement. Il a déjà emporté une première bataille avec décision du gouvernement de créer un gestionnaire d'infrastructures unifié rattaché à la SNCF et qui regroupera RFF, la Direction de la circulation ferroviaire et les cheminots de la SNCF chargés de l'entretien des voies. En outre, la SNCF est sur la même longueur d'ondes que le gouvernement quand celui-ci souhaite un cadre harmonisé entre tous les opérateur avec un alignement sur celui de la SNCF. La compagnie ferroviaire demande en effet  une convergence  des organisations du travail des différents opérateurs vers les siennes. Un bon moyen pour réduire l'avantage en termes de coûts sociaux dont pourraient disposer les nouveaux entrants. Lire ici l'interview du directeur général de Thello, le seul acteur privé français à être présent sur des des lignes ferroviaires à l'international : "La SNCF n'a pas besoind 'être surprotégée").

Nouveau calcul des péages

La nouvelle façon de calculer le montant des péages entre 2014 et 2018 contribuera notamment à améliorer la compétitivité de la SNCF en général, des TGV en particulier, qui souffrent de la flambée des péages ces dernières années. Les hausses des péages seront chaque année calquées sur l'inflation ferroviaire, évitant ainsi les fortes marches d'escalier en pratique jusqu'ici. Les sommes en jeu sont importantes. Entre 2007 et 2012, la SNCF a payé 800 millions d'euros de péages supplémentaires. En 2013, la SNCF prévoit une hausse des péages de 200 millions d'euros, principalement sur les TGV.