Pour Ryanair, les bénéfices ne montent plus au ciel

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  470  mots
Ryanair revoit ses prévisions de résultats à la baisse. Les marchés sanctionnent. (c) Reuters
Contrairement à son habitude de réviser à la hausse ses résultats annuels, la compagnie à bas coûts table sur un bénéfice net en fin d'année dans le bas de la fourchette, voire légèrement en dessous. Ce serait la première baisse de bénéfices depuis 2009. En cause, une baisse du revenu par passager sous l'effet d'une concurrence accrue. En Bourse, l'action dégringole.

Changement de ton chez Ryanair. Quasiment chaque année depuis plus de dix ans, la direction de la compagnie irlandaise à bas coûts avait coutume de commencer son exercice fiscal (1er avril) en faisant une prévision de bénéfices annuels ultra prudente pour ensuite mieux la réviser à la hausse au cours de l'année, parfois plusieurs fois. Une technique qui suscitait des commentaires élogieux sur le succès de cette compagnie.

Cette année, la donne change. Son directeur général Michael O'Leary n'est plus sûr aujourd'hui de tenir son objectif de résultat net à quelques euros près. Ce mercredi, il a en effet indiqué que les bénéfices se situeraient « dans le bas de la fourchette prévue de 570 à 600 millions d'euros", mais il a aussi prévenu que "si les prix et le revenu par passager continuent de s'amoindrir cet hiver, il n'y a aucune garantie que le résultat annuel ne finisse pas au niveau ou légèrement en-dessous du bas de cette fourchette".

Néanmoins, le groupe a assuré que même avec un résultat net de 570 millions d'euros (qui constituerait l'une des meilleures performances du secteur en Europe), son flux de liquidités et son bilan "resteront en très bonne santé", et qu'il n'entendait pas modifier son plan de rachat d'actions d'au moins 400 millions d'euros annoncé récemment (177 millions ont déjà été réalisés)". De fait, le bénéfice stagnerait ou pourrait baisser par rapport aux 569 millions dégagés l'an dernier. Il s'agirait ainsi de la première baisse depuis 2009. L'annonce a refroidi les investisseurs. L'action chutait de 13%, à mi-journée, à 5,90 euros. Soit un recul de plus d'un euros, sa plus forte baisse depuis le 16 octobre 2009.

500 000 passagers en moins

En tout cas, Ryanair transportera moins de passagers que prévu. La compagnie ne table plus en effet, sur un trafic de 81,5 millions de passagers comme annoncé initialement, mais sur 81 millions. Cette baisse de trafic se conjugue par une baisse du revenu moyen par passager qui a poussé Ryanair à baisser ses capacités cet hiver.

Le niveau de réduction de voilure n'a pas été précisé. "Ces dernières semaines, nous avons remarqué une certaine baisse des prix et du revenu par passager pour les mois de septembre, d'octobre et de novembre", a expliqué Michael O'Leary, montrant du doigt une concurrence accrue sur les prix à laquelle s'ajoute une augmentation des capacités sur les marchés britanniques, scandinaves, espagnols et irlandais. Sur ces marchés notamment, le groupe compte lancer une série de ventes "agressives" de sièges à prix promotionnels. Un peu le monde à l'envers.

En outre la direction a également déploré, "l'effet des politiques d'austérité et les conditions économiques difficiles en Europe" et le taux de change livre/euro.