Alitalia sauvée sur le fil du rasoir, Air France-KLM va t-il franchir le Rubicon ?

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  504  mots
Les actionnaires se prononceront lundi sur le plan de sauvetage
Les administrateurs de la compagnie italienne, y compris ceux d'Air France-KLM, ont approuvé le plan d'urgence décidé par Rome pour éviter d'arrêter les vols. Ce qui n'augure pas d'une contribution du groupe français à l'augmentation de capital si ses conditions ne sont pas respectées.

 Alitalia aurait pu cesser ses vols ce samedi. Agacé de ne plus être payé par la compagnie, le groupe pétrolier italien, ENI menaçait de couper les vannes ce samedi. Il n'en sera rien. Le gouvernement italien a sorti de son chapeau une solution transitoire pour permettre à la compagnie de italienne de passer sa crise de liquidité. 

Apport de 500 millions d'euros

Approuvé à l'unanimité par les administrateurs ce vendredi, parmi lesquels figurent les 4 d'Air Frande-KLM, actionnaire à hauteur de 25%, le plan prévoit une augmentation de capital de 300 millions d'euros accompagnée de 200 millions d'euros de nouvelles lignes de crédits bancaires. Les lignes de crédit existantes sont pour leur part confirmées. La Poste italienne devrait participer à la recapitalisation d'Alitalia à hauteur de 75 millions d'euros. L'Etat italien devrait garantir la même somme tandis que les actionnaires actuels sont appelés à apporter le solde (150 millions). Les banques Intesa Sanpaolo et Unicredit pourront prendre en charge les options éventuellement non utilisées à hauteur 100 millions d'euros.

Assemblée générale le 14 octobre

Les actionnaires de la compagnie se prononceront lundi sur le plan. Air France-KLM a "approuvé ce plan d'urgence pour permettre à Alitalia de continuer à opérer", mais, selon un proche du dossier, cette approbation "ne préjuge pas de (sa) participation effective à l'augmentation du capital. L'engagement reste conditionné à la viabilité du plan de restructuration d'Alitalia." Air France-KLM veut s'assurer de la pertinence du plan industriel de la compagnie. Ce qui devrait être le cas. Rome a conditionné son aide à un changement de stratégie de la compagnie. La nécessité pour Alitalia de s'adosser à une autre compagnie commence enfin à faire son chemin en Italie. Or, à par le groupe français, il n'y a pas d'autres candidats pour s'aventurer dans un dossier aussi compliqué. Même si le plan de sauvetage est validé, la compagnie, chroniquement déficitaire, aura toujours besoin de s'adosser à un "partenaire étranger", a admis le ministre des transports Maurizio Lupi. Pour l'heure, Air France-KLM est considéré comme "partenaire principal", a-t-il dit.

 Quelle valorisation pour Alitalia?

Pour autant, un point crucial pour la suite n'a pas été évoqué au conseil d'administration. Celui de la valeur d'Alitalia. Il est déterminant pour connaître les parités futures après l'augmentation de capital. Pour beaucoup d'experts, Alitalia ne vaut plus grand chose. Encore faut-il que le camp italien en ait conscience.

L'intervention de Rome fait débat de l'autre côté des Alpes. Le patron des patrons Giorgio Squinzi a ainsi déclaré "être toujours très perplexe face à une intervention publique dans une société privée". "Si c'est un sparadrap pour soigner une situation d'urgence, d'accord. Mais il faudra réfléchir sérieusement une bonne fois pour toutes à un plan de moyen-long terme".

La solution a au contraire été saluée par le président l'Autorité italienne de l'aviation civile (Enac) Vito Riggio, qui avait lui-même évoqué jeudi une possible révocation de la licence d'Alitalia si une solution n'était pas trouvée dans les prochaines heures.