L'ouverture du capital de Corsair ? Une mauvaise nouvelle pour Air France

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  490  mots
Corsair a affiché une perte opérationnelle de 1,5 million d'euros en 2012/2013
Revenue quasiment à l'équilibre, Corsair et son actionnaire, TUI, sont prêts à ouvrir tout ou partie du capital de la compagnie aérienne. Corsair dispose d'un portefeuille de droits de trafic en France et des créneaux horaires à Orly très importants.

Corsair, personne ne s'en soucie depuis belle lurette chez Air France, à part le responsable des Antilles, de la Réunion et depuis peu l'Afrique l'Ouest.. Pour autant, la compagnie fondée dans les années 80 par Jacques Maillot, en difficulté chronique depuis des années devient une menace potentielle pour Air France. Car, avec son actionnaire, le groupe TUI, leader mondial du tourisme, elle cherche un actionnaire pour tout ou partie de son capital.

"TUI n'a pas vocation à rester ad vitam aeternam l'actionnaire unique de Corsair. Il n'y a pas d'urgence, mais la question de l'actionnariat est ouverte", explique à La Tribune, Pascal de Izaguirre, le PDG de Corsair et du groupe TUI en France. 

Droits de trafic

Deux interprétations sont possibles. Il y a ceux qui affirmeront que Corsair n'intéressera jamais personne. Et ceux qui, au contraire, estiment que,  maintenant qu'elle est restructurée, transformée avec un produit monté en gamme, et à l'équilibre sur le plan financier cette année (voire bénéficiaire) Corsair peut intéresser des investisseurs. Notamment grâce à son portefeuille de droits de trafic (autorisations de desservir des pays étrangers) au départ de France et son volume de créneaux horaires à l'aéroport de Paris Orly, distribués au compte-gouttes, lesquels enjolivent le CV. Il y a déjà un précédent en France avec la prise de 48% du capital d'Aigle Azur par la compagnie aérienne chinoise Hainan Airlines. Si cette opération reste pour l'heure indolore pour Air France, elle commencera à avoir des conséquences quand Aigle Azur ouvrira ses vols vers la Chine.

Un tel scénario pour Corsair avec, par exemple, une compagnie du Moyen-Orient, serait beaucoup plus préjudiciable à Air France, en raison de la spécialisation de Corsair sur le long-courrier avec beaucoup de droits de trafic. Mais Air France peut-il être un candidat ? Ce scénario, que certains observateurs évoquent depuis l'arrivée il y a deux ans de Pascal de Izaguirre à Corsair en provenance d'Air France, ne semble pas être la piste privilégiée. "Seul comptait l'intérêt de Corsair, de ses salariés et de son actionnaire", explique Pascal de Izaguirre.

 Renouvellement de la flotte

Cette question actionnariale constitue l'un des volets d'un nouveau plan d'entreprise, Ambitions 2017, présenté aux salariés. Il vise tout d'abord à "parachever" les mesures prises ces dernières années, qui ont permis à Corsair d'atteindre quasiment l'équilibre l'an dernier (exercice clos le 30 septembre) avec une perte opérationnelle de 1,5 million d'euros, contre 18 millions l'année précédente. Il vise aussi à définir les besoins de la flotte à partir de 2017, année de la sortie des 3 B747. Enfin, Corsair va chercher à nouer des partenariats ou des alliances commerciales. Une réflexion qui va jusqu'à intégrer, à terme, une alliance mondiale. "La question des alliances est prioritaire en 2014", explique Pascal de Izaguirre, précisant que ce point peut être lié à la question capitalistique.