Emirates condamnée à limiter sa croissance en France

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  637  mots
Emirates assure moins de 5 vols par jour en France contre 7 en Italie, 9 en Allemagne et 12 au Royaume-Uni
Après une très forte augmentation de ses capacités depuis 2011, l'offre en sièges de la compagnie de Dubai en France ne progressera que de 5% en 2014 faute d'autorisations supplémentaires de Paris.

En 2014, ce sera la première fois depuis une dizaine d'années que la croissance des capacités d'Emirates en France sera aussi faible. Seuls 5% de sièges supplémentaires seront en effet commercialisés entre la France et Dubai. Une paille par rapport aux 18% de 2013, et aux 75% cumulés en 2011 et 2012. Ayant atteint dès décembre 2012 son quota de vols autorisés par l'accord bilatéral entre la France et les Émirats arabes unis signé début 2011, la compagnie du Golfe ne peut grossir en dans l'Hexagone qu'en ajoutant des avions de plus grande capacité.

Trois vols par jour au départ de Paris en A380

Le dernier des trois vols quotidiens entre Paris et Dubai sera, comme les deux autres, assuré en Airbus A380 et non plus en B777. Ceci à partir de juin 2014. Sur la liaison au départ de Lyon, ouverte il y a un an, l'A340 assurant les 5 vols hebdomadaires sera remplacé en février prochain par un B777 de plus grande capacité. A Nice, c'est un B777 de plus grande capacité que l'actuel qui exploitera le vol quotidien. Mais Emirates ne veut pas se contenter d'une croissance aussi modérée. Les ambitions que traduit son carnet de commandes d'avions colossal, ne l'y autorise pas.

"Nous demandons la possibilité de passer en vol quotidien sur Lyon et de desservir en quotidien une autre ville française", explique Thierry de Bailleul, le nouveau directeur général France d'Emirates, un transfuge d'Air France, citant "Marseille, Toulouse et Bordeaux"."Il n'y a pas de réponse favorable. Le dossier est un peu refermé, mais il est toujours sur la table », précise-t-il.

Les autorités françaises sont en effet réticentes, pour l'heure, à accorder, de nouveaux droits de trafic aux compagnies du Golfe (Qatar Airways en demande également) en raison des difficultés d'Air France, en pertes depuis six ans, laquelle demande depuis des années aux différents gouvernements d'arrêter de donner des vols supplémentaires aux transporteurs du Golfe.

Un argument repris ce lundi par le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), qui accuse "les compagnies du Golfe de détruire lentement mais sûrement, le tissu industriel européen du transport aérien qui représente en France plusieurs centaines de milliers d'emplois directs". Emirates répond qu'elle a embauché 700 Français (100 en France) dont 74 pilotes.

Afin de donner du poids à ses demandes de droits de trafic, Emirates assure qu'elle contribue à hauteur de 200 millions d'euros par an à l'économie française. Un chiffre qui n'inclut pas les achats d'Airbus, dont Emirates est l'un des principaux clients avec sa commande de140 A380 et de 70 A350. En 2013, la compagnie a transporté 1 million de passagers entre Dubaï et la France, en hausse de 15 à 20%.

Un dossier très complexe

Le dossier des droits de trafic est extrêmement compliqué. Il faut d'une part convaincre l'Etat français du bien fondé d'un accroissement des vols et d'autre part englober l'ensemble des Emirats arabes unis dont deux autres ont des compagnies aériennes (Abu Dhabi, Sharjah). Ensuite, ce dossier va bien au-delà des services aériens entre la France et Dubai.

Si Air France rappelle que le trafic sur cette route ne justifie pas de vols supplémentaires dans la mesure où les avions sont essentiellement remplis de passagers prenant une correspondance à Dubai pour aller ailleurs en Asie, les Emirats portent les discussions à un niveau supérieur. Pour eux, la négociation de droits de trafic supplémentaires est un sujet commercial plus global. C'est pour cela, que toute négociation avec les Emirats sont tendues et que le Quai d'Orsay est impliqué dans les discussions.

Lors des dernières discussions début 2011, Paris avait eu des assurances des Emirats sur une commande de Rafale, qui n'a toujours pas été signée depuis.