Boeing : pourquoi Emirates met en avant son apport à l’emploi américain

La compagnie de Dubai précise que sa commande de Boeing 777X soutient plus de 436.000 emplois aux Etats-Unis. Une indication pour contrer l'hostilité de certaines compagnies américaines qui dénoncent une concurrence déloyale de la part des compagnies du Golfe.
Fabrice Gliszczynski
Emirates a commandé 50 B777-X et 50 A380 pour 99 milliards de dollars

Annoncée ce dimanche, la commande de 150 Boeing 777X et de 300 moteurs General Electric passée par Emirates "protège et soutient plus de 436 000 emplois américains dans l'industrie aéronautique, non seulement chez Boeing ou General Electric mais aussi chez des centaines d'autres fournisseurs". Cette phrase, c'est le président d'Emirates, Sheikh Ahmed Bin Saeed Al-Maktoum qui l'a dite. Elle est écrite noir sur blanc dans le communiqué d'Emirates annonçant cette commande d'une valeur de 76 milliards de dollars au prix catalogue. Elle n'est pas anodine. Il ne s'agit pas d'un élément de langage habituel qui figure dans tous les communiqués annonçant de tels contrats. En 2011, lors de la précédente édition du salon aéronautique de Dubai, Emirates n'avait pris soin de le préciser alors qu'elle avait commandé 70 B777-300 ER (dont 20 options) d'une valeur de 26 milliards de dollars (ce qui constituait à l'époque le plus gros contrat jamais enregistré par Boeing).

 Hostilité de certaines compagnies américaines

Si Emirates a, cette fois, jugé bon de parler de sa contribution à l'emploi américain, c'est parce que l'environnement a changé outre-Atlantique. Agacées par le développement des compagnies du Golfe aux Etats-Unis ces dernières années, certaines grosses compagnies aériennes américaines, comme United ou Delta, dénoncent aujourd'hui la concurrence de ces compagnies, jugée déloyale en raison des soutiens directs ou indirects dont elles bénéficient de leur Etat-actionnaire. Delta et United tentent de faire pression au Congrès sur ce thème, en pointant par ailleurs les effets pervers de l'accord de ciel ouvert entre les Etats-Unis d'Amérique et les Emirats arabes unis (EAU). Ce dernier est forcément déséquilibré en raison de la différence de taille entre les deux marchés. Les compagnies des Emirats ont, en effet, un accès illimité à un marché de 320 millions de consommateurs quand les transporteurs américains n'ont accès qu'à un marché minuscule de quelques millions d'habitants. Pour autant, les compagnies américaines ne constituent pas un front uni. American Airlines a des accords avec Etihad et va développer des partenariats avec Qatar Airways qui vient de rejoindre l'alliance dans laquelle elle appartient, Oneworld.

 Air France s'insurge depuis 10 ans

Ce n'est pas la première fois que la compagnie du Golfe est confrontée à cette problématique.  Air France, par la voix de son ancien PDG, Jean-Cyril Spinetta, a été le premier, dès 2003, à avoir tiré la sonnette d'alarme sur les dangers des compagnies du Golfe. Mais les demandes de la compagnie tricolore auprès des autorités françaises de cesser d'accorder de nouveaux droits de trafic (autorisations de vols) à Emirates, Qatar Airways et d'autres, n'ont reçu jusqu'ici qu'un faible écho. La crainte de voir les compagnies du Golfe annuler une partie de leurs commandes gigantesques à Airbus et d'une manière générale de se froisser avec les émirats ont toujours permis aux compagnies du Golfe d'obtenir gain de cause. Les pays disposant d'un constructeur d'avions fournisseurs des compagnies du Golfe, doivent hélas, trancher entre leurs compagnies aériennes et et les industriels de l'aéronautique et de la défense. Très vivace en France depuis des années, ce débat gagne aujourd'hui les Etats-Unis.

Evoquant sa vision du transport juin dans une interview accordée à La Tribune fin juin la veille de quitter ses fonctions à la tête d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta avait prévenu :

"l' ouverture des marchés ne doit pas se faire n'importe comment. Il ne faut pas être naïf et accepter l'ouverture de nos marchés à nos compétiteurs sans nous assurer, au préalable qu'ils partagent des règles de concurrence équitables. Pas en termes de salaires ou de coûts du travail, qui sont des éléments habituels de la compétition mondiale, mais plutôt pour tout ce qui concerne un ensemble de règles qui doivent être communes, comme par exemple le financement des aéroports ou l'accès au crédit pour le financement d'avions".

 

 

 

 

 

Fabrice Gliszczynski

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 18/11/2013 à 19:17
Signaler
Faiblesse des gouvernements devant les contrats des émirats , encore des effets pervers de la mondialisation .ils dépensent sans compter les ressources de la planète triste monde !!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.