"Alitalia, si Etihad fait quelque chose, Air France-KLM regardera" (PDG)

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  463  mots
Alexandre de Juniac, PDG d'Air France-KLM
Partenaire d'Air France-KLM, la compagnie du Golfe étudie une entrée dans le capital d'Alitalia. En cas de passage à l'acte, le groupe français étudiera quel rôle jouer.

 Après avoir refusé de participer à la recapitalisation d'Alitalia, une compagnie dans laquelle le groupe français était encore à l'automne le plus gros actionnaire avec 25% du capital (7% aujourd'hui), Air France-KLM n'a pas entièrement fermé définitivement la porte à une participation au sauvetage de la compagnie italienne si Etihad, le transporteur d'Abu Dhabi, qui étudie le dossier, devait passer à l'acte. Malgré une recapitalisation de 300 millions d'euros en fin d'année dernière, Alitalia risque d'avoir besoin rapidement d'argent frais. La compagnie cherche à obtenir des lignes de crédit complémentaires.

Etihad, un partenaire loyal

"Si Etihad fait quelque chose, on regardera", a déclaré mercredi soir le PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac, lors de la présentation des vœux à la presse. Etihad est un partenaire commercial du groupe français. Les deux collaborent sur les routes reliant Paris et Amsterdam à Abu Dhabi mais aussi sur d'autres destinations au-delà de chacun de ces hubs. "Etihad est un partenaire extrêmement loyal", a déclaré Alexandre de Juniac.

Visiblement, en étudiant le dossier italien, Etihad se soucie beaucoup de la coopération avec Air France-KLM. "Si Etihad fait quelque chose avec Alitalia, ce ne sera pas agressif vis-à-vis de nous pour ne pas couper les synergies très fortes qui existent entre Alitalia et Air France-KLM. C'est un point qu'Etihad a bien vu", a indique ce jeudi Alexandre de Juniac lors d'une intervention l'European American Press Club. Pour autant la compagnie du Golfe ne dépensera pas son argent sans poser de conditions, comme l'avait fait Air France-KLM.

"J'ai lu dans la presse que les conditions demandées par Etihad sont similaires aux nôtres (…). Notre position n'a pas changé. Un investissement potentiel ne peut être réalisé qu'à ces conditions. Elles sont toujours sur la table". Pour rappel, Air France-KLM ne bougera pas sans restructuration de la dette d'Alitalia, et sans restructuration industrielle. 

Quelques dizaines de millions d'euros pour Air France-KLM

Si Etihad arrive à réunir les conditions qu'Air France-KLM n'avait pu obtenir, les cartes sont rabattues pour le groupe français. Car selon nos informations, les dirigeants du Golfe, si jamais ils se lançaient, ne verraient pas d'un mauvais oeil que le groupe français les épaule dans ce dossier extrêmement compliqué. Dans tous les cas, selon nos informations, Air France-KLM ne mettra que "quelques dizaines de millions d'euros" dans cette affaire si celle-ci voit le jour. Si Etihad bouge, ce sera avant fin mars. Février prédisent des observateurs. La compagnie du Golfe a tous les éléments en mains depuis longtemps pour trancher. Leur attente traduit leur hésitation.

En attendant, Air France-KLM et Etihad planchent pour approfondir leur partenariat. Cela pourrait passer notamment par un partage des recettes sur les lignes en coopération.